: Robjak
: Lieutenant GRANGE - Règlements de compte
: Books on Demand
: 9782322249862
: 1
: CHF 8.70
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 342
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Une vague de décès terrasse les grands seniors, à Trivia... Accidents ménagers, canicule, Covid-19 ? Grange vient à la rescousse de son amie Brulant et le duo constate des morts pas si naturelles ou accidentelles que cela. Qui se cache derrière toutes ces exécutions sournoises, pourquoi, quand cela s'arrêtera-t-il ? La cruauté et la démence sont au rendez-vous, l'Horreur finit par apparaître...

Cette cinquième enquête du lieutenant Grange clôt la première saison. Dans"Règlements de compte", Robjak éclaire des zones restées volontairement obscures dans les tomes précédents. Le fil rouge qui relie les cinq enquêtes est dévoilé et le héros devra faire un choix très difficile, irréversible ! Maquette couverture : ROBJAK

Chapitre 2


La nouvelle de l'interaction Police-Gendarmerie avait circulé très rapidement au sein de la caserne. Corbin et Néville, complices de l'ex-capitaine Albert, demandèrent une entrevue avec leur hiérarchique :

– Mon Commandant, vous avez fait rentrer le loup dans la bergerie. Savez-vous à qui vous avez confié le soin d'accompagner la maréchale des logis-cheffe ? questionna Néville.

Ces derniers mots avaient été prononcés avec une irritation dans la voix, trahissant la colère de l'ex-bras droit du capitaine Albert, dégradé comme son compagnon à la suite de l'affaire du Père Claude. Corbin confirma les propos de son partenaire.

– Messieurs, je ne sais en effet pas grand-chose du lieutenant Grange, cela ne vous a certainement pas échappé que je ne suis pas originaire de cette région. Mais je connais par contre vos états de service, la sanction qui vous a été octroyée…

– Ce gars a envoyé notre commandant en taule, et vous allez lui manger dans la main ? s'indigna Corbin.

– C'est de la trahison, renchérit Néville.

– Si le lieutenant Grange a fait le ménage chez nous, c'est que votre supérieur n'était pas clean, répondit Plouarnec sans se départir de son calme habituel, lui ou un autre devait le faire !

Devant l'air médusé de ses subalternes, il précisa :

– Les mentalités ont changé. Les forces de l'Ordre sont devenues une seule et même entité pour les civils, qui font l'amalgame entre gendarmes, policiers nationaux et municipaux. Plutôt que de s'en choquer, nous devrions tous nous imprégner de cette mouvance. Ne sommesnous pas tous garants de la sécurité de nos concitoyens, du respect de l'Ordre et de la Loi ?

L'affaire était entendue, Néville et Corbin n'avaient aucune chance de racheter leurs erreurs passées auprès du nouveau commandant de la caserne de Trivia. Éconduits par leur tout jeune capitaine, ils décidèrent de ne pas en rester là et ils informèrent un mystérieux contact des événements locaux.

Brulant, quant à elle, voguait sur un nuage. Jamais elle n'aurait cru possible de côtoyer Grange de manière aussi proche avec l'approbation de sa hiérarchie. La raison de cette coopération était pourtant simple, Plouarnec était d'une autre génération, beaucoup moins respectueux que ses prédécesseurs du clivage entre Gendarmerie et Police.

Grange était embarqué dans cette affaire, le dossier Laville n'avait pourtant, selon lui, que peu de chance de le conduire à un criminel. Il en fit part à sa coéquipière du moment :

– Ton capitaine est courageux, je respecte sa décision. Mais je doute que nous trouvions grand-chose pour enrichir notre dossier…

– Pourtant, tu étais persuadé que Laville n'a pas pu sortir de route suite à un malaise…

– Et je te le confirme. As-tu jeté un œil sur sa voiture ?

– Rapide !

– As-tu remarqué des traces de chocs, des preuves que sa voiture a été poussée, déportée ?

– Non !

– Et ses pneus ?

– Celui de l'avant gauche était crevé !

– Bravo… Le labo nous donnera l'origine de cette crevaison, qui peut être la cause de la sortie de route de Laville. C'est la seule piste qui pourra prouver que nous avions raison de demander l'ouverture du dossier. En cas contraire, nous n'avons rien !

– Les gars trouveront quelque chose, genre entaille, trou de balle… que sais-je ! s'enflamma Brulant.

– Nous ne devons pas perdre de temps et agir comme si nous étions sûrs d'une tentative de meurtre. Tu devrais chercher ce qui pourrait relier Laville à Granjean…

– Et toi ?

– Cinq décès de personnes sensiblement du même âge, j'ai du mal à croire que ce n'est qu'une coïncidence. Je vais voir les infos que je peux glaner sur les trois morts présumées naturelles !

– Tu ne restes donc pas avec moi pour enquêter sur les deux morts accidentelles ? demanda Brulant, visiblement contrariée.

– Non, répondit Grange, conscient de la déception de la maréchale des logis-cheffe. Nous avons chacun notre manière de travailler, notre logistique. Phil et Marco sont de précieuses aides pour moi, surtout pour une recherche de ce genre !

– Tes collègues villeurbannais sont en effet très compétents, mais ne crains-tu pas que les impliquer dans cette affaire risque de montrer à tes supérieurs l'inefficacité de la Gendarmerie de Trivia ?

– Ils agiront discrètement, pour moi… non pour discréditer ta caserne !

– T'as bien de la chance d'avoir de tels amis, aussi dévoués, alors qu'ils ne sont pas du même poste que toi !

– J'ai des amis partout, tu es bien placée pour le savoir. Ne t'es-tu pas exposée à plusieurs reprises pour m'apporter ton aide ? Tu es une amie super, fiable…

Grange mesurait ses mots. L'amourette d'un week-end qu'il avait vécue avec Brulant n'était pas un engagement pour la vie. Il aimait bien cette dernière, mais il devait lui faire comprendre que leur destinée à chacun d'eux était différente, et cela sans la faire souffrir. Objectif manqué, le message était passé, indispensable et douloureux. La maréchale des logis-cheffe détourna son visage du regard du lieutenant, elle ne voulait pas qu'il aperçoive ses yeux embués, ses larmes naissantes. D'une voix étranglée, elle lui demanda de la tenir au courant de ses recherches et elle lui promit d'en faire autant. Qu'aurait dû faire Grange, l'enlacer tendrement, la rassurer et lui promettre une seconde idylle, enfoncer le clou plus profondément en ne laissant aucune chance à une aventure durable entre eux ? Le lieutenant n'était pas expert dans tous les domaines, il était même cruellement en dessous de tout pour les affaires de cœur, aussi prit-il la seule décision possible à ses yeux en laissant Brulant seule avec sa peine.

De retour au poste de Police de Lyon 1, Grange rendit compte de l'affaire Laville au capitaine Deloin. Ce dernier émit un doute sur la légitimité de cette affaire, qui semblait pour l'instant un simple accident de la route. Le lieutenant lui fit part de ses doutes, de la preuve que le décès de Granjean avait été provoqué intentionnellement par quelqu'un qui avait poussé son échelle.

– Pourquoi ne pas avoir plutôt demandé l'ouverture d'une enquête sur cet homme ? s'étonna Deloin.

– S'il n'y avait pas eu ensuite l'accident de Laville, j'étais en mesure de penser, et je crois ne pas être le seul, qu'il se serait agi d'un simple meurtre à élucider. Mais je ne comprends pas pourquoi, ou comment, cet homme quasi centenaire aurait pu faire un excès de vitesse si élevé pour le faire sortir de la route. Il est de Trivia, personne là-bas ne s'amuserait à rouler au double de la vitesse autorisée dans ce virage réputé accidentogène…

– Sauf, sous emprise d'un excès de boissons, sous influence de médicaments ou de drogue…

– Un homme de cet âge !

– Et si nos collègues du labo ne trouvent rien ?

– La peur… Peut-être était-il ou se sentait-il en danger et qu'il voulait fuir ?

– Attendons de voir ce qu'il nous dira à son réveil !

– Capitaine, s'il ne se réveillait jamais ?

– J'ai donné mon accord au capitaine Plouarnec pour que vous fassiez équipe avec la maréchale des logischeffe Brulant, vous lui devez bien ce service. Je doute fort que cela vous amène à quelque chose, mais c'est calme dans notre arrondissement, alors vous avez carte blanche !

Sans que cela ne fût évoqué entre les deux hommes, le recours à Marc Olivier Gallau de Flesselles et à Philippe Durantour était sous-entendu, avec l'aval de leur supérieur villeurbannais, le capitaine Paul Neyret.

– Le Bleu-bite… quel bon vent t'amène ? demanda Durantour.

– Une enquête qui n'est pas encore ouverte ? répondit Grange.

– Ça existe, une enquête pas encore ouverte ? Et t'as besoin plutôt de mes performances ou de celles de Marco ?

– En un premier temps, de celles de Marco et de son bébé, mais je vais mettre les pieds dans je ne sais pas quoi, et ton aide me sera peut-être aussi très...