: James Fenimore Cooper
: Précaution Le choix d'un mari
: Books on Demand
: 9782322202119
: 1
: CHF 4.00
:
: Erzählende Literatur
: French
: 605
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
La vie s'écoule paisiblement pour Sir Edward Moseley et son épouse, retirés dans leur château de la campagne anglaise en compagnie de leurs enfants. L'arrivée d'un nouveau voisin, M. Jarvis, honnête marchand en retraite et de sa famille semble apporter un peu de nouveauté dans la monotonie du quotidien, d'autant que Mrs Wilson, soeur d'Edward à laquelle celui-ci avait entièrement confié l'éducation d'Emilie, la plus jeune de ses filles, semble entrevoir dans ses nouveaux venus l'occasion d'un mariage... Ce roman, peinture des moeurs anglaises du début du XIXe siècle, est passé presque inaperçu lors de sa parution.

James Fenimore Cooper, né le 15 septembre 1789 à Burlington, dans le New Jersey, et mort le 14 septembre 1851 à Cooperstown, dans l'État de New York, est un écrivain américain. Il est notamment l'auteur du roman Le Dernier des Mohicans.

CHAPITRE PREMIER


On s’assemble en famille autour du foyer hospitalier.

 

COWPER.

 

– Je voudrais bien savoir si nous aurons bientôt un voisin au Doyenné[1], dit Clara Moseley en regardant par une croisée d’où l’on découvrait dans le lointain la maison dont elle parlait et en s’adressant à la petite société rassemblée dans le salon de son père.

 

– Cela ne tardera pas, répondit son frère ; sir William vient de la louer pour deux ans à M. Jarvis, qui doit en prendre possession cette semaine.

 

– Et quel est ce M. Jarvis qui va devenir notre voisin ? demanda sir Edward Moseley à son fils.

 

– On dit, mon père, que c’est un honnête marchand qui s’est retiré des affaires avec une grande fortune. Comme vous, il a un seul fils, officier dans l’armée, et de plus deux filles qu’on dit charmantes ; voilà tout ce que j’ai pu savoir sur sa famille. Quant à ses ancêtres, ajouta-t-il en baissant la voix et en regardant la seconde de ses sœurs, j’en suis désolé, ma chère Jane, mais on ne les connaît pas, et jusqu’à présent toutes mes recherches ont été inutiles.

 

– J’espère, Monsieur, que ce n’est pas pour moi que vous avez pris la peine de vous en informer ? répondit Jane un peu piquée.

 

– Pardonnez-moi, ma chère, et, pour vous faire plaisir, je vais prendre de nouveau les informations les plus exactes, répondit son frère en plaisantant ; je sais qu’un soupirant roturier perdrait ses peines auprès de vous, et je sens combien il est cruel pour de jeunes personnes de ne pas entrevoir la moindre apparence de mariage. Pour Clara, elle est bien tranquille à présent, et Francis…

 

Il fut interrompu par Émilie, la plus jeune de ses sœurs, qui lui mit la main sur la bouche en lui disant à l’oreille :

 

– Vous oubliez, John, tous les renseignements qu’a pris un certain jeune homme sur une belle inconnue qu’il avait rencontrée à Bath, et toutes les démarches qu’il a faites pour connaître sa famille, son pays et mille autres détails qui ne l’intéressent pas moins. John rougit à son tour, et baisant avec affection la main qui le forçait au silence, il réussit bientôt, par son enjouement et sa bonne humeur, à faire oublier à Jane le petit mouvement de dépit qu’elle avait éprouvé.

 

– Je suis bien charmée, dit lady Moseley, que sir William ait trouvé un locataire, car tant qu’il ne se décidera pas à venir habiter lui-même le Doyenné, rien ne peut nous être plus agréable que d’avoir pour voisins des personnes de mérite et d’un commerce agréable.

 

– Et M. Jarvis, à ce qu’il paraît, a le mérite d’avoir beaucoup d’argent ? dit en souriant Mrs[2] Wilson, sœur de sir Edward.

 

– Mais, Madame, permettez-moi de vous faire observer, dit le docteur Yves (c’était le ministre de la paroisse), que l’argent est une très bonne chose en soi, et qu’il nous met à même de faire de bonnes œuvres.

 

– Telle que celle de payer la dîme, n’est-ce pas, docteur ? s’écria M. Haughton, riche propriétaire du voisinage, d’un extérieur simple, mais d’un excellent cœur, et que l’amitié la plus cordiale unissait au ministre.

 

– Oui, reprit celui-ci ; il nous sert à payer la dîme et à aider les autres à la payer. Notre cher baronnet en sait quelque chose, lui qui, dernièrement encore, fit remise au vieux Gregson de