: Maurice Leblanc
: L'île aux Trente Cercueils Arsène Lupin Volume 9
: Books on Demand
: 9782322217335
: 1
: CHF 3.30
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 345
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Trente écueils menaçants cernent l'île de Sarek en Bretagne. Les habitants superstitieux l'appellent l'île aux trente cercueils. Une légende les hante : trente victimes doivent mourir dont quatre femmes en croix. Véronique d'Hergemont, venue chercher son fils après quatorze ans d'absence, a la désagréable surprise de voir ses initiales sur les bornes, sur les portes des chapelles et son visage sur un dessin de femme crucifiée ! L'étrange atmosphère des légendes celtes, cette"Pierre-Dieu qui donne mort ou vie", la prédiction sanglante, le monstrueux comte Vorski, voilà de quoi frissonner d'angoisse et de terreur. Arsène Lupin, heureusement, et un petit chien nommé Tout Va Bien, sont là pour affronter la malédiction! Un roman fantastique de Maurice Leblanc dont le sens du suspense et de la mise en scène, dans cette île déchiquetée et sauvage, font ressortir l'humour du dénouement.

Maurice Leblanc est un écrivain français. Auteur de nombreux romans policiers et d'aventures, il est le créateur du célèbre personnage d'Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur.

Chapitre 1 - La cabane abandonnée


Le pittoresque village du Faouët, situé au cœur même de la Bretagne, vit arriver en voiture, un matin du mois de mai, une dame dont l’ample vêtement gris et le voile épais qui lui enveloppait le visage, n’empêchaient pas de discerner la grande beauté et la grâce parfaite.

Cette dame déjeuna rapidement à l’auberge principale. Puis, vers midi, elle pria le patron de lui garder sa valise, demanda quelques renseignements sur le pays, et, traversant le village, s’engagea dans la campagne.

Presque aussitôt deux routes s’offrirent à elle, l’une qui conduisait à Quimperlé, l’autre à Quimper. Elle choisit celle-ci, descendit au creux d’un vallon, remonta et aperçut, vers sa droite, à l’entrée d’un chemin vicinal, un poteau indicateur portant la mention : Locriff, 3 kilomètres.

« Voici l’endroit », se dit-elle.

Pourtant, ayant jeté un regard circulaire, elle fut surprise de ne pas trouver ce qu’elle cherchait. Avait-elle mal compris les instructions qu’on lui avait données ?

Autour d’elle personne, et personne aussi loin qu’on pouvait voir à l’horizon de la campagne bretonne, par-dessus les prés bordés d’arbres et les ondulations des collines. Un petit château, surgi de la verdure naissante du printemps, érigeait non loin du village une façade grise où toutes les fenêtres étaient closes de leurs volets. À midi les cloches de l’angélus se balancèrent dans l’espace. Puis ce fut le grand silence et la grande paix.

Alors elle s’assit sur l’herbe rase d’un talus, et tira de sa poche une lettre dont elle déplia les nombreux feuillets.

La première page portait, en haut, cette raison sociale :

 

Agence Dutreillis.

Cabinet de consultation.

Renseignements confidentiels.

Discrétion.

 

Puis, au-dessous, cette adresse :

« À madame Véronique, Modes, Besançon. »

Elle lut :

« Madame,

« Vous ne sauriez croire avec quel plaisir je me suis acquitté de la double mission dont vous avez bien voulu me charger par votre honorée de ce mois de mai 1917. Je n’ai jamais oublié les conditions dans lesquelles il me fut possible, il y a quatorze ans, de vous prêter mon concours efficace, lors des pénibles événements qui assombrirent votre existence. C’est moi, en effet, qui ai pu obtenir toutes les certitudes relatives à la mort de votre cher et respectable père, M. Antoine d’Hergemont, et de votre bien-aimé fils François – première victime d’une carrière qui devait en fournir tant d’autres éclatantes.

« C’est moi aussi, ne l’oubliez pas, qui, sur votre demande, et voyant combien il était utile de vous soustraire à la haine, et, disons le mot, à l’amour de votre mari, ai fait les démarches nécessaires à votre entrée au couvent des Carmélites. C’est moi enfin qui, votre retraite dans ce couvent vous ayant montré que la vie religieuse était contraire à votre nature, vous ai procuré cette humble place de modiste à Besançon, loin des villes où s’étaient écoulées les années de votre enfance et les semaines de votre mariage. Vous aviez du goût, le besoin de travailler pour vivre et pour ne