: Isaure de Villers
: Les Enfants d'Astra Sagan
: Beta Publisher
: 9782490163687
: 1
: CHF 3.20
:
: Jugendbücher ab 12 Jahre
: French
: 304
: kein Kopierschutz
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Chacun cherche toujours à retrouver ses origines. Alors que les Eriquiens tentent de s'unir pour sauver leur empire, Rodolphe et Sibylle préparent, plus que jamais, le retour de leur peuple à Astra. Un voyage pour lequel ils sont prêts à faire tous les sacrifices. Mais ce pourrait bien être la princesse oubliée, Cyndie, déterminée à retrouver, elle aussi, la terre de ses ancêtres qui tienne leur sort à tous entre ses mains. Entre sa famille et Sagan, il n'y a qu'un pas : la trahison.

Kaldion avait vingt-deux ans lorsquil remplit un formulaire pour demander un statut dimmigrant dans la capitale martienne. Il fut reçu aux examens, mais comme beaucoup d’autres, ses rêves se heurtèrent aux inégalités en place : à son arrivée, il reçut le poste dagent dentretien à la Tour principale, côtoyant la noblesse et les nouveaux riches des temps troublés de Mars comme un paria.

La révolution martienne, 3299, Agnès P.

Chapitre 2


- Éléonore -

— Ton... Ton frère ? Liam, je... c’est une méprise, j’ignorais totalement...

Éléonore n’avait jamais autant perdu ses moyens qu’à cet instant. Mais le père de son fils lui adressa un sourire rassurant.

— Éléonore, il n’y a pas de problème. J’avoue que ça m’amuse plus qu’autre chose... On se ressemble donc toujours tant que cela ?

La jeune femme retrouva un peu de son assurance sans pour autant oser se retourner vers l’homme qu’elle venait d’embrasser.

— Comme de vrais jumeaux, finit-elle par répondre.

Elle hésita, puis se décida à se retourner vers Edward qui la regardait maintenant lui aussi avec un petit sourire, revenu visiblement de sa surprise.

— Excusez-moi de mon... mon impolitesse, souffla-telle avec retenue.

— Oh pas la peine de passer d’un extrême à l’autre ! D’abord, tu m’embrasses, puis tu me vouvoies. Reprenons depuis le début... Je suis le parrain de ton fils et je m’appelle Edward. Enchanté de te revoir, Éléonore.

Et, sans qu’elle s’y attende, il la prit dans ses bras avant de reculer. Elle se retourna aussitôt vers Liam, déjà de nouveau inquiète, mais il lui adressa un sourire.

— Ne t’inquiète pas, lâcha-t-il. Je ne vais pas me fâcher pour cet incident... Je comprends la méprise et de toute façon je pardonnerais n’importe quoi à mon cher frère.

Il donna une tape amicale dans le dos d’Edward qui lui répondit de la même façon.

— On peut envahir ton salon ? demanda-t-il à la jeune femme sans cesser de sourire.

— Je... Oui, oui j’arrive, allez-y. Le temps de commander des rafraîchissements.

Les deux garçons acquiescèrent et quittèrent la pièce tandis qu’Éléonore se déplaçait pour trouver appui contre le mur. Liam était... différent.

Avec son frère, il s’adoucissait, devenant incroyablement gentil et prévenant. Jamais elle n’aurait pu imaginer de changement plus radical. Elle se prit à espérer qu’Edward reste longtemps sur Mars, sans vouloir se l’avouer, et regarda alors son fils, Ivan, qui la fixait avec une petite moue interrogative.

— Tu n’as pas vu que ce n’était pas Papa ?

La jeune femme se reprit, retrouva son courage habituel, et vint le prendre dans ses bras.

— Oh, Ivan, non, mais j’aurais dû m’en apercevoir. Désolée, chéri, de ne pas être à la hauteur...

Elle plaisantait sur la dernière phrase et elle remit doucement l’une des mèches de l’enfant derrière son oreille d’un geste tendre. Ivan murmura comme s’il avait peur que derrière les murs son père l’entende.

— Il est arrivé et il m’a dit « bonjour, filleul » puis m’a expliqué qu’il était très content d’être mon parrain et que ça lui faisait plaisir de me parler. Je sais, Maman, que dans vos histoires les héros ne doivent jamais avoir peur. Mais j’avais peur, je croyais que c’était... que c’était Papa déguisé, je me suis trompé comme vous. Il... Il m’a rassuré en racontant des choses, encore mieux que vous Maman. Il... Il était gentil. Alors j’ai compris que c’était bien le jumeau de Papa.

Éléonore le prit de nouveau dans ses bras, extrêmement troublée sans parvenir à en trouver la raison. Ce ne fut que quelques minutes après qu’elle se releva, fixa des yeux son petit garçon et murmura simplement quelques paroles à son intention en posant un doigt sur ses lèvres.

— Reste sagement ici, d’accord ? En silence, je ne voudrais pas que ton père s’énerve même s’il semble calme pour l’instant.

Ivan retrouva son air craintif et hocha la tête. Éléonore s’éloigna, pianota sur quelques touches de son écran pour demander aux étages inférieurs de leur monter des rafraîchissements, puis s’obligea à totalement se calmer avant de quitter la chambre et de les rejoindre au salon.

Qu’est-ce qui la dérangeait ainsi ? Le baiser ? Le souvenir de l’étreinte fugitive d’Edward ? Il avait été si doux, si incroyablement rassurant comparé à son frère. S’était-il rendu compte de l’impression qu’il lui avait faite ? Elle repensa à leur troublante ressemblance, à cette similarité jusque dans leur coupe de cheveux et comprit mieux les réticences de Liam à changer.

Il y tenait. Tout comme il tenait plus à lui qu’à son propre enfant, ou bien encore qu’à la mère de celui-ci. Cette pensée la rendit amère, mais elle se contint.

— Éléonore ! Qu’est-ce que tu fabriques ?

Plus le temps de réfléchir, visiblement ils la réclamaient. Elle sourit, mit un peu d’ordre dans sa tenue et gagna la pièce suivante. Un instant après, elle s’assit dans un fauteuil à suspenseurs près des deux frères et Liam lui adressa la parole calmement.

— Encore à t’occuper de ton gosse, pas vrai ?

Il n’attendait aucune réponse et Éléonore le savait. Edward, en revanche, se redressa en fronçant les sourcils et en dévisageant son frère.

— Dis donc, Liam, il me semble que ce gamin c’est le tien aussi. Tu t’en occupes de temps en temps ? Il a eu l’air terrorisé en me voyant et je te préviens, je trouve ça lamentable que ton fils ait peur de toi.

Il était resté très calme en disant cela, mais Éléonore ne put s’empêcher de frémir. Il existait très peu de personnes à oser affronter ainsi le prince de Mars. Mais, la surprenant de nouveau, Liam se contenta de sourire avant de répondre.

— J’étais certain que ma conduite ne te plairait pas et que tu me ferais un sermon, Edward.

— Que, comme d’habitude, tu n’écouteras pas.

Ils échangèrent un regard complice, laissant Éléonore toujours sous le choc.

À cet instant, les deux princes semblaient avoir oublié et leur pouvoir et leurs écrasantes responsabilités, découvrant deux jeunes hommes, dont le véritable Liam peut-être, qu’elle n’était pas certaine de connaître.

— Altesse, s’éleva alors une voix au pas de la porte. On m’a dit de vous transmettre une nouvelle urgente : une attaque sur le dôme cinquante-deux. Apparemment, vos soldats ont repris le contrôle de la situation.

Liam abandonna son sourire en se relevant d’un bond pour rejoindre le jeune homme qui venait d’arriver.

— Quoi ? s’exclama-t-il. Une attaque ! Bougres d’imbéciles, ils vont le payer d’une sacrée répression... Mais qui es-tu ? s’énerva-t-il alors. Tu es entré ici sans permission ?

— Laisse-le tranquille, lança Edward sans bouger de son siège ni relever la tête. C’est mon compagnon de voyage. Je l’ai gradé lieutenant, mais je n’ai toujours pas réussi à lui apprendre à toquer à une porte. Il s’appelle Carlys Hespre.

Liam se calma légèrement, avant de tourner la tête vers son frère tout en s’avançant vers la porte du salon.

— Je vais voir ce qui s’est passé exactement. Edward, je t’ai montré où se trouvent tes appartements, à côté tu as ceux pour les six… personnes que tu as amenées.

Visiblement, il n’appréciait pas du tout l’échantillon présent dans la personne de Carlys, mais n’ajouta aucun mot avant de quitter la suite d’Éléonore. Celle-ci, après s’être relevée, se retourna avec hésitation vers ses deux visiteurs.

— Vous resteriez prendre un verre ?

Le dénommé Carlys secoua la tête avant de se diriger vers la porte par laquelle il venait...