: Gustave Aimard
: Le Guaranis
: Books on Demand
: 9782322163618
: 1
: CHF 2.40
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 328
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Un conte d'aventure classique d'un homme fait prisonnier par les Guaranis de la Patagonie.

Gustave Aimard est le pseudonyme de Olivier Gloux, romancier français né le 13 septembre 1818 à Paris où il est mort le 20 juin 1883. Abandonné par ses parents, il s'enfuit à 9 ans du domicile de sa famille adoptive, les Gloux, et s'engage comme mousse sur un bateau. Il débarque en Patagonie, puis se rend en Amérique du Nord où il mène une vie aventureuse, notamment comme chercheur d'or et trappeur. Il s'enrôle dans la marine en 1835 avant de déserter quatre ans plus tard lors d'une escale au Chili. Il épouse une Cheyenne, puis entame des voyages en Europe et dans le Caucase.

II


Le gaucho


Cependant, les Indiens s’étaient arrêtés à portée de fusil de l’endroit où le gaucho et moi nous étions cachés ; ils semblaient se consulter entre eux avant de commencer l’attaque.

Ces Indiens, ainsi groupés, formaient au milieu de ce désert aride dont ils étaient les véritables rois, le plus singulier et en même temps le plus pittoresque tableau avec leurs gestes nobles et animés, leur taille haute, élégante, leurs membres bien proportionnés et leur apparence féroce.

À demi vêtus de ponchos en lambeaux et de morceaux de frazadas retenus par des courroies autour de leur corps, ils brandissaient fièrement leurs longues lances garnies d’un fer tranchant et ornées, près de la pointe, d’une touffe de plumes d’autruche.

Leur chef, fort jeune encore, avait de grands yeux noirs voilés par de longs cils ; ses joues, aux pommettes saillantes, encadrées dans une masse de cheveux noirs lisses et flottants, retenus sur le front par un étroit ruban de laine rouge ; sa bouche, grande, meublée de dents d’une éclatante blancheur, qui contrastait avec la couleur rouge de sa peau, imprimaient à sa physionomie un cachet de vigueur et d’intelligence remarquables. Bien qu’il connût à peu près l’endroit où le gaucho était embusqué et que, par conséquent, il se sût exposé au danger d’être frappé par une balle, cependant, s’exposant à découvert aux coups de son ennemi, il affectait une insouciance et un mépris du péril dont il était menacé, qui ne manquaient pas d’une certaine grandeur, que malgré moi je ne pouvais m’empêcher d’admirer.

Après une discussion assez longue, le chef fouetta son cheval, tandis que ses compagnons demeuraient immobiles, et il s’avança sans hésiter vers le rocher derrière lequel se tenait le gaucho.

Arrivé à dix pas de lui tout au plus, il s’arrêta, et, s’appuyant nonchalamment sur sa longue lance qu’il avait conservée à la main :

« Pourquoi le chasseur blanc se terre-t-il comme une viscacha timide ? dit-il en élevant la voix et en s’adressant au gaucho ; les guerriers Aucas sont devant lui, qu’il sorte de son embuscade, et qu’il montre qu’il n’est pas une vieille femme peureuse et bavarde, mais un homme brave. »

Le gaucho ne répondit pas.

Le chef attendit un instant, puis il reprit d’une voix railleuse :

« Allons, mes guerriers se trompaient ; ils croyaient avoir débusqué un hardi jaguar, et ce n’est qu’un lâche chien revenant de la pampa qu’ils vont être contraints de forcer. »

L’œil du gaucho étincela à cette insulte, il appuya le doigt sur la détente et le coup partit.

Mais, si brusque et si inattendu qu’avait été son mouvement, le rusé Indien l’avait pressenti, ou pour mieux dire deviné ; il s’était brusquement jeté de côté, puis bondissant en avant avec l’élasticité et la justesse d’une bête fauve, il retomba en face du gaucho avec lequel il se prit corps à corps.

Les deux hommes roulèrent sur le sol en se débattant avec fureur.

Cependant, au bruit du coup de feu, les Indiens avaient poussé leur cri de guerre et s’étaient élancés en avan