: Herbert George Wells
: Une histoire des temps à venir
: Books on Demand
: 9782322248834
: 1
: CHF 3.20
:
: Science Fiction
: French
: 144
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Dans l'Angleterre du XXIIe siècle, la population vit concentrée dans d'immenses villes-tours, laissant les campagnes désertées aux machines de la société d'Alimentation. Dans les villes, le fossé s'est creusé entre le mode de vie des classes laborieuses - parquées dans les étages inférieurs sans accès à la lumière du jour - et les classes aisées, préfigurant la rupture ultime entre Eloïs et Morlock que Wells imagina dans «The Time Machine». Elisabeth refuse le beau parti proposé par son père et s'enfuit avec Denton, simple employé de la plate forme des machines volantes. Ce couple romantique, épris d'idées passéistes, est mal armé pour survivre. Ils sombreront tous deux et, marqués des uniformes bleus des serfs de la société du Travail, feront la connaissance du monde inférieur. Comment s'en sortiront-ils?

Herbert George Wells (1866-1946), journaliste et romancier britannique mondialement connu pour La Guerre des mondes, La Machine à explorer le temps, L'Homme invisible et L'Île du docteur Moreau, est souvent qualifié de"père de la science-fiction".

1. La cure d’amour


L’excellent Mr. Morris était un Anglais qui vivait au temps de la bonne reine Victoria. C’était un homme prospère et fort sensé ; il lisait leTimes et allait à l’église. Vers l’âge mûr, une expression de dédain tranquille et satisfait pour tout ce qui n’était pas comme lui se fixa sur son visage. Il était de ces gens qui font avec une inévitable régularité tout ce qui est bien, correct et raisonnable. Toujours il portait des habits corrects et convenables, juste milieu entre l’élégant et le mesquin. Il contribuait régulièrement aux œuvres charitables de bon ton, compromis judicieux entre l’ostentation et la lésinerie, et ne manquait jamais de se faire couper les cheveux à la longueur exactement convenable.

Tout ce qu’il était correct et convenable de posséder pour un homme dans sa position, il le possédait. Et tout ce qu’il n’était ni correct ni convenable de posséder pour un homme dans sa position il ne le possédait pas.

Parmi ces possessions correctes et convenables, ce Mr. Morris avait une femme et des enfants. Naturellement, il avait une femme du genre convenable et il avait des enfants de genre et en nombre convenables ; rien de fantaisiste et d’étourdi chez aucun d’eux, autant que Mr. Morris pouvait le voir. Ils portaient des vêtements parfaitement corrects, ni élégants, ni hygiéniques, ni élimés mais juste selon les convenances. Ils vivaient dans une jolie et décente maison d’architecture victorienne, faux style reine Anne, avec, dans les pignons, de faux chevrons en plâtre peint couleur chocolat, de faux panneaux de chêne sculpté en Lincrusta Walton, une terrasse en terre cuite qui imitait la pierre et de faux vitraux à la porte d’entrée. Ses garçons allèrent à de bonnes et solides écoles et embrassèrent de respectables professions ; ses filles, en dépit d’une ou deux velléités fantaisistes, furent mariées à des partis sortables, rangés, vieillots et « ayant des espérances ». Et quand ce fut pour lui une chose convenable et opportune Mr. Morris mourut. Son tombeau fut de marbre, sans inscriptions laudatives ni fadaises artistiques, tranquillement imposant, telle étant la mode en ce temps-là.

Il subit divers changements, suivant la coutume en pareil cas, et, longtemps avant que cette histoire commence, ses os mêmes étaient réduits en poussière et éparpillés aux quatre coins du ciel. Ses fils, ses petits-fils, ses arrière-petits-fils et les fils de ces derniers n’étaient plus, eux aussi, que poussière et cendre et avaient été pareillement éparpillés. C’était une chose qu’il n’aurait pu s’imaginer qu’un jour viendrait où même les fils de ses arrière-petits-fils seraient éparpillés aux quatre vents du ciel. Si quelqu’un avait émis cette idée devant lui, il en aurait été gravement offusqué. Il était de ces dignes personnes qui ne prennent aucun intérêt dans l’avenir de l’humanité. À vrai dire, il avait de sérieux doutes quant à un avenir quelconque pour l’humanité, après qu’il serait mort.

Il lui paraissait tout à fait impossible et absolument dénué d’intérêt d’imaginer qu’il y aurait quelque chose après qu’il serait mort. Cependant, il en était ainsi et quand les fils même des fils de ses arrière-petits-fils furent morts, pourris et oubliés, quand la maison aux fausses poutres eut subi le sort de toutes les ch