: Maurice Leblanc
: L'Aiguille Creuse
: Books on Demand
: 9782322179558
: 1
: CHF 4.00
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 245
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Arsène Lupin serait-il mort ? Isidore Beautrelet, jeune étudiant en rhétorique et détective amateur génial, n'en croit pas un traître mot. Il se lance à la recherche du célèbre gentleman cambrioleur.

Maurice Leblanc (né le 11 novembre 1864 à Rouen, mort le 6 novembre 1941 à Perpignan) est un écrivain français surtout connu pour ses romans policiers et d'aventures, créateur du célèbre personnage d'Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur. Le père de Maurice Leblanc était armateur. Orphelin de mère, il a été mis au monde par le chirurgien Achille Flaubert, frère de Gustave. Sa soeur cadette était la cantatrice Georgette Leblanc. Il refuse la carrière que son père lui destine dans une fabrique de cardes et « monte à Paris » pour écrire. Il est d'abord journaliste, puis romancier et conteur (Des couples, Une femme, Voici des ailes). Il éveille l'intérêt de Jules Renard et Alphonse Daudet, sans succès public. En 1901, il publie L'Enthousiasme, roman autobiographique. Il fréquente les grands noms de la littérature à Paris : Stéphane Mallarmé ou Alphonse Allais. En 1905, Pierre Lafitte, directeur du mensuel Je sais tout, lui commande une nouvelle sur le modèle du Raffles d'Ernest William Hornung : L'Arrestation d'Arsène Lupin - nom emprunté au conseiller municipal de Paris Arsène Lopin. Deux ans plus tard, Arsène Lupin est publié en livre. La sortie d'Arsène Lupin contre Herlock Sholmes mécontente Conan Doyle, furieux de voir son détective Sherlock Holmes ridiculisé. Maurice Leblanc s'est inspiré de l'anarchiste Marius Jacob, qui commit 150 cambriolages qui lui valurent 23 ans de prison. Radical-socialiste et libre-penseur, Leblanc s'embourgeoisa avec l'âge et la Première Guerre mondiale. Il aurait déclaré : « Lupin, ce n'est pas moi ! » Dès 1910, il tente de tuer son héros dans 813, mais il le ressuscite dans Le Bouchon de cristal, Les Huit Coups de l'horloge, La Comtesse de Cagliostro, ... Son oeuvre inspira Gaston Leroux (Rouletabille), ainsi que Souvestre et Allain (Fantômas). Une Association des amis d'Arsène Lupin a été fondée ; elle est présidée en 2004 par Lydie Dabirand. Les exploits d'Arsène Lupin se déroulaient dans la capitale et dans le pays de Caux, qu'il connaissait bien : collectionneur de cartes postales, il avait recensé quatre cents manoirs entre Le Havre, Rouen et Dieppe. Les lupinophiles arpentent les lieux cités dans les intrigues de Leblanc en Normandie : Étretat et le trésor des rois de France, Tancarville, le passage souterrain de Jumièges devant mener au trésor médiéval des abbayes... La piste des sept abbayes du pays de Caux reliées entre elles dessinerait la Grande Ourse et permet de retrouver l'étoile d'Alcor.

Chapitre 2 - Isidore Beautrelet, élève de rhétorique


Extrait du Grand Journal :

NOUVELLES DE LA NUIT

Enlèvement du docteur Delattre.

Un coup d’une audace folle.

« Au moment de mettre sous presse, on nous apporte une nouvelle dont nous n’osons pas garantir l’authenticité, tellement elle nous paraît invraisemblable. Nous la donnons donc sous toutes réserves.

« Hier soir, le docteur Delattre, le célèbre chirurgien, assistait avec sa femme et sa fille à la représentation d’Hernani, à la Comédie-Française. Au début du troisième acte, c’est-à-dire vers dix heures, la porte de sa loge s’ouvrit ; un monsieur, que deux autres accompagnaient, se pencha vers le docteur, et lui dit assez haut pour que Mme Delattre entendît :

« – Docteur, j’ai une mission des plus pénibles à remplir, et je vous serais très reconnaissant de me faciliter ma tâche.

« – Qui êtes-vous, Monsieur ?

« – M. Thézard, commissaire de police, et j’ai ordre de vous conduire auprès de M. Dudouis, à la Préfecture.

« – Mais, enfin…

« – Pas un mot, Docteur, je vous en supplie, pas un geste… Il y a là une erreur lamentable, et c’est pourquoi nous devons agir en silence et n’attirer l’attention de personne. Avant la fin de la représentation vous serez de retour, je n’en doute pas.

« Le docteur se leva et suivit le commissaire. À la fin de la représentation, il n’était pas revenu.

« Très inquiète, Mme Delattre se rendit au commissariat de police. Elle y trouva le véritable M. Thézard, et reconnut, à son grand effroi, que l’individu qui avait emmené son mari n’était qu’un imposteur.

« Les premières recherches ont révélé que le docteur était monté dans une automobile et que cette automobile s’était éloignée dans la direction de la Concorde.

« Notre seconde édition tiendra nos lecteurs au courant de cette incroyable aventure. »

Si incroyable qu’elle fût, l’aventure était véridique. Le dénouement d’ailleurs ne devait pas tarder etLe Grand Journal, en même temps qu’il la confirmait dans son édition de midi, annonçait en quelques mots le coup de théâtre qui la terminait.

LA FIN DE L’HISTOIRE

et le commencement des suppositions.

« Ce matin, à neuf heures, le docteur Delattre a été ramené devant la porte du numéro 78 de la rue Duret, par une automobile qui, aussitôt, s’est éloignée rapidement. Le numéro 78 de la rue Duret n’est autre que la clinique même du docteur Delattre, clinique où chaque matin il arrive à cette même heure.

« Quand nous nous sommes présentés, le docteur, qui était en conférence avec le chef de la Sûreté, a bien voulu cependant nous recevoir.

« – Tout ce que je puis vous dire, a-t-il répondu, c’est que l’on m’a traité avec les plus grands égards. Mes trois compagnons sont les gens les plus charmants que je connaisse, d’une politesse exquise, spirituels et bons causeurs, ce qui n’était pas à dédaigner, étant donné la longueur du voyage.

« – Combien de temps dura-t-il ?

« – Environ quatre heures.

« – Et le but de ce voyage ?

« – J’ai été conduit auprès d’un malade dont l’état nécessitait une intervention chirurgicale immédiate.

« – Et cette opération a réussi ?

« – Oui, mais les suites sont à craindre. Ici, je répondrais du malade. Là-bas… dans les conditions où il se trouve…

« – De mauvaises conditions ?

« – Exécrables… Une chambre d’auberge… et l’impossibilité, pour ainsi dire absolue, de recevoir des soins.

« – Alors, qui peut le sauver ?

« – Un miracle… et puis sa constitution d’une force exceptionnelle.

« – Et vous ne pouvez en dire davantage sur cet étrange client ?

« – Je ne le puis. D’abord, j’ai juré, et ensuite j’ai reçu la somme de dix mille francs

« – Allons donc ! Vous croyez ?

« – Ma foi, oui, je le crois. Tous ces gens-là m’ont l’air extrêmement sérieux.

« Telles sont les déclarations que nous a faites le docteur.

« Et nous savons d’autre part que le chef de la Sûreté n’est pas encore parvenu à tirer de lui des renseignements plus précis sur l’opération qu’il a pratiquée, sur le malade qu’il a soigné, et sur les régions que l’automobile a parcourues. Il semble donc difficile de connaître la vérité. »

Cette vérité que le rédacteur de l’interview s’avouait impuissant à découvrir, les esprits un peu clairvoyants la devinèrent par un simple rapprochement des faits qui s’étaient passés la veille au château d’Ambrumésy, et que tous les journaux rapportaient ce même jour dans leurs moindres