: Stendhal
: L'Abbesse de Castro
: Books on Demand
: 9782322151516
: 1
: CHF 2.00
:
: Erzählende Literatur
: French
: 144
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Vers le milieu du XVIe siècle, après huit années au couvent de la Visitation, Hélène Campireali, jeune fille de noble famille, regagne Albano pour y vivre près de son père. Un voisin, Jules Branciforte, s'éprend d'elle au scandale du seigneur de Campireali qui voit d'un mauvais oeil la cour que ce jeune homme pauvre fait à sa fille. Un soir d'été, grâce à une longue canne, Jules élève jusqu'à la fenêtre d'Hélène un bouquet - et elle décide de s'en saisir.

Stendhal, whose real name is Marie-Henri Beyle, born on 23 January 1783 in Grenoble and died on 23 March 1842 in Paris, is a French writer of the first half of the 19th century. He joined the army in 1800 and held mainly military administrative positions, as he did during the Russian campaign in 1812. An art lover and passionate about Italy, where he spent many years, he first wrote aesthetic essays under his real name as L'Histoire de la peinture (early 1817), but it was under the pseudonym"M. de Stendhal, officier de cavalerie" that he published Rome, Naples, Florence in September 1817. This pen name is inspired by a German town called"Stendal", the birthplace of the renowned art historian and archaeologist Johann Joachim Winckelmann at the time, but above all close to where Stendhal lived in 1807-1808 a moment of great passion with Wilhelmine de Grisheim. Having added an H to further Germanize the name, he wanted to pronounce it"Standhal". His training novels Le Rouge et le Noir (1830), La Chartreuse de Parme (1839) and Lucien Leuwen (unfinished) made him, alongside Balzac, Hugo, Flaubert or Zola, one of the great representatives of 19th century French fiction. In his novels, characterized by a thrifty and tightened style, Stendhal searches for"Truth, the harsh truth" in the psychological field, and mainly portrays young people with romantic aspirations for vitality, strength of feeling and dreams of glory.

II


« Après avoir écrit tant d’histoires tragiques, dit l’auteur du manuscrit florentin, je finirai par celle de toutes qui me fait le plus de peine à raconter. Je vais parler de cette fameuse abbesse du couvent de la Visitation à Castro, Hélène de Campireali, dont le procès et la mort donnèrent tant à parler à la haute société de Rome et de l’Italie. Déjà, vers 1555, les brigands régnaient dans les environs de Rome, les magistrats étaient vendus aux familles puissantes. En l’année 1572, qui fut celle du procès, Grégoire XIII, Buoncompagni, monta sur le trône de saint Pierre. Ce saint pontife réunissait toutes les vertus apostoliques ; mais on a pu reprocher quelque faiblesse à son gouvernement civil ; il ne sut ni choisir des juges honnêtes, ni réprimer les brigands ; il s’affligeait des crimes et ne savait pas les punir. Il lui semblait qu’en infligeant la peine de mort il prenait sur lui une responsabilité terrible. Le résultat de cette manière de voir fut de peupler d’un nombre presque infini de brigands les routes qui conduisent à la ville éternelle. Pour voyager avec quelque sûreté, il fallait être ami des brigands. La forêt de la Faggiola, à cheval sur la route de Naples par Albano, était depuis longtemps le quartier général d’un gouvernement ennemi de celui de Sa Sainteté, et plusieurs fois Rome fut obligée de traiter, comme de puissance à puissance, avec Marco Sciarra, l’un des rois de la forêt. Ce qui faisait la force de ces brigands, c’est qu’ils étaient aimés des paysans leurs voisins.

« Cette jolie ville d’Albano, si voisine du quartier général des brigands, vit naître, en 1542, Hélène de Campireali. Son père passait pour le patricien le plus riche du pays, et, en cette qualité, il avait épousé Victoire Carafa, qui possédait de grandes terres dans le royaume de Naples. Je pourrais citer quelques vieillards qui vivent encore, et ont fort bien connu Victoire Carafa et sa fille. Victoire fut un modèle de prudence et d’esprit ; mais, malgré tout son génie, elle ne put prévenir la ruine de sa famille. Chose singulière ! Les malheurs affreux qui vont former le triste sujet de mon récit ne peuvent, ce me semble, être attribués, en particulier, à aucun des acteurs que je vais présenter au lecteur : je vois des malheureux, mais, en vérité, je ne puis trouver des coupables. L’extrême beauté et l’âme si tendre de la jeune Hélène étaient deux grands périls pour elle, et font l’excuse de Jules Branciforte, son amant, tout comme le manque absolu d’esprit de monsignor Cittadini, évêque de Castro, peut aussi l’excuser jusqu’à un certain point. Il avait dû son avancement rapide dans la carrière des honneurs ecclésiastiques à l’honnêteté de sa conduite, et surtout à la mine la plus noble et à la figure la plus régulièrement belle que l’on pût rencontrer. Je trouve écrit de lui qu’on ne pouvait le voir sans l’aimer.

« Comme je ne veux flatter personne, je ne dissimulerai point qu’un saint moine du couvent de Monte Cavi, qui souvent avait été surpris, dans sa cellule, élevé à plusieurs pieds au-dessus du sol, comme saint Paul, sans que rien autre que la grâce divine pût le soutenir dans cette position extraordinaire1, avait prédit au seigneur de Campireali que sa famille s’éteindrait avec lui, et qu’il n’aurait que deux enfants, qui tous deux périraient de mort violente. Ce fut à cause de cette prédiction qu’il ne put trouver à se marier dans le pays et qu’il alla chercher fortune à Naples, où il eut le bonheur de trouver de grands biens et une femme capable, par son génie, de changer sa mauvaise destinée, si toutefois une telle chose eût été possible. Ce seigneur de Campireali passait pour fort honnête homme et faisait de grandes charités ; mais il n’avait nul esprit, ce qui fit que peu à peu il se retira du séjour de Rome, et finit par passer presque toute l’année dans son palais d’Albano. Il s’adonnait à la culture de ses terres, situées dans cette plaine si riche qui s’étend entre la ville et la mer. Par les conseils de sa femme, il fit donner l’éducation la plus magnifique à son fils Fabio, jeune homme très fier de sa naissance, et à sa fille Hélène, qui fut un miracle de beauté, ainsi qu’on peut le voir encore par son portrait, qui existe d