: Hayate Haïfi
: Noor et Naïm Et le coffre aux secrets
: Books on Demand
: 9782322433933
: 1
: CHF 2.60
:
: Jugendbücher ab 12 Jahre
: French
: 372
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Po r ce dernier volet, Noor et Naïm se retrouvent une fois de plus au Royaume d'Omrane. Malheureusement, la situation est désastreuse. Rajeb s'est hissé au pouvoir et fait régner la terreur. Pour en finir avec l'injustice, Noor et Naïm décident de remonter à la source du problème et d'anéantir le mal à la racine. Ils partiront à travers terres et mers à la recherche de la vérité. Ils rencontreront des personnages atypiques et surprenants. Il devront braver tous les dangers afin de révéler de lourds secrets. Réussiront-il à sauver le Royaume? Pourront-ils mettre fin aux agissements de Rajeb et de la mystérieuse Reine mère? Ressortiront-ils vivants de cet ultime voyage...

Hayate HAÏFI est autrice de roman jeunesse et young adult. Elle aime raconter des histoires et embarquer ses lecteurs dans ses univers.

2


Seuls


- Attention, le sable est assez glissant, les prévint Mohamed.

- Surtout avec des valises, ajouta Naïm en lançant un regard noir à sa sœur.

- Je ne pouvais pas savoir que nous partirions en randonnée au beau milieu de la nuit, et sur le bord de mer en plus !

- CHUT ! Taisez-vous ! s’écria le chauffeur qui s’inquiétait de ne pas pouvoir mener sa mission à bien.

Après une descente plus que laborieuse, ils arrivèrent sur la plage. Une silhouette noire les attendait en silence, près d’un gros rocher.

- J’espère que nous ne sommes pas en retard ? demanda Mohamed.

- Deux heures de plus ou de moins…, dit l’inconnu en se levant énergiquement, dévoilant une carrure imposante.

- Nous sommes désolés, les barrages, contrôles…vous savez ce que c’est ? expliqua Naïm.

- Ce que je sais, c’est qu’il va falloir se dépêcher car il va faire jour dans quelques heures, et nous devons profiter de la nuit.

- Pourquoi ? demanda Noor arrivant comme un cheveu sur la soupe.

- Maher vous expliquera tout en chemin ! coupa le chauffeur. Je dois m’en aller à présent. Suivez bien ses conseils !

- Merci mon cher Mohamed, j’espère que nous pourrons vous rejoindre très bientôt.

- Saluez notre oncle et toute notre famille, ajouta Noor. Et dites-lui que nous allons bien !

- Je n’y manquerai pas, faites attention à vous, que Dieu vous préserve mes enfants.

Et sur ces mots, leur voisin remonta la dune qui menait jusqu’à sa voiture. Noor et Naïm le regardèrent s’en aller, sans savoir dans combien de temps ils pourraient le revoir.

Maher avait saisi la grosse valise de Noor, qu’il jeta sur son dos sans trop de délicatesse.

- Suivez-moi, et soyez discrets, on ne sait jamais, quelqu’un pourrait nous voir ! chuchota-t-il.

Sans dire un mot, Noor et Naïm se mirent en route, essayant tant bien que mal d’éviter les récifs et autres trous sur la plage faiblement éclairés par les rayons d’une demi-lune plus que timide. Après avoir parcouru plus de trois cents mètres, Maher les invita à se rapprocher d’un rocher qui semblait être une grotte.

- Ecoutez ! Je vous ai trouvé un endroit qui j’espère garantira votre sécurité. Vous allez passer quelques jours ici, mais ne vous inquiétez pas, une personne passera tous les soirs pour vous apporter de quoi vous nourrir.

- Vous voulez dire que l’on va devoir rester ici sans sortir? demanda Noor perplexe.

- Oui ! C’est le seul moyen que nous ayons trouvé pour vous garder cachés. Mais ce n’est que pour 4 ou 5 jours tout au plus !

- Et ensuite… ajouta Naïm.

- Ensuite, il sera question de changer votre apparence afin que vous deveniez méconnaissables ! Il faudra vous teindre les cheveux, voire même les couper, dit-il en lançant un regard à Noor. Mais nous n’y sommes pas encore. Pour l’instant, il s’agirait de vous installer. Vous trouverez une barque avec des couvertures, de quoi vous éclairer et vous rassasier pour la journée de demain.

- Pourquoi rester dans le bateau, il n’y a pas de marée sur les côtes Gazaouites ? s’inquiéta Naïm.

- L’eau ne monte que de quelques centimètres, mais suffisante pour vous mouiller si vous tombez dedans ! C’est pour cela que vous ne devez pas quitter votre embarcation, du moins lorsqu’il fera jour.

Maher posa la valise de Noor, avant d’ajouter :

- Vous ne devez sortir sous aucun prétexte. Votre vie en dépend ! Vous trouverez une torche dès l’entrée à votre droite. A présent je dois partir. Faites attention à vous, et que Dieu vous garde, dit Maher en s’en allant dans la nuit.

- Au revoir et merci, conclut Naïm en empoignant le bagage de sa sœur.

Noor suivit Naïm en silence jusqu’à l’intérieur de la grotte. L’ouverture était assez large pour passer à deux. Après avoir trouvé de quoi s’éclairer, ils entrèrent jetant un rapide coup d’œil au lieu. Une barque flottait sur quarante centimètres d’eau, recouverte d’une bâche en plastique de moitié.

- Bienvenue chez nous ! lança Naïm en posant la valise de sa sœur.

- Prions que cette situation ne dure pas, ajouta Noor anxieuse.

- Tu penses qu’on en aura pour longtemps ?

- Je ne sais pas Naïm, et à vrai dire, je ne sais pas quoi penser du tout.

- Je…je suis désolé…c’est ma faute si nous sommes dans cette situation catastrophique ! Tu étais si contente de revenir…

- Tu l’étais tout autant que moi ! Je ne vais pas t’en vouloir, car ce n’est pas ta faute… enfin, pas directement !

- J’ai quand même écrit cet article qui a attiré les foudres du gouvernement israélien ! expliqua Naïm la tête baissée.

- C’est vrai ! Mais tu ne vas pas t’en vouloir pour avoir donné ton avis sur la colonisation et ses injustices ! Nous avons toujours défendu nos droits, malgré les risques ! exposa Noor avec des sanglots dans la voix.

Leurs parents, leur grand frère ainsi que leur petite sœur avaient perdu la vie il y a quelques années lors de bombardements. Leur famille s’était battue depuis de nombreuses années, pour la liberté de leurs droits et pour leur terre. Noor et Naïm étaient tout aussi militants.

- Je suis quand même désolé ! Tu n’as pas à payer les pots cassés à ma place !

- Je ne les paie pas pour toi, mais avec toi ! répondit Noor. On a affronté tant d’épreuves ensemble, aurais-tu oublié ?

- Bien sûr que non ! Mais j’avais tellement espéré retrouver les nôtres, revoir nos amis…

- Moi aussi, mais… tout espoir n’est pas perdu, reprit Noor.

- Tu as bien raison, acquiesça Naïm sans grande conviction. Monte sur la barque, on va passer aux choses sérieuses.

Noor s'exécuta, hissant sa lourde valise, prenant place dans leur embarcation de fortune, attendant plus de précision concernant l’annonce que voulait lui faire son frère.

- Alors, chocolat au lait, ou chocolat blanc ? demanda-t-il en tirant de sa poche deux barres de céréales.

- Pfff ! Tu plaisantes ? Et dire que je m’attendais à un discours presque officiel ! tonna Noor.

- Ben quoi ! Le chocolat c’est toujours très sérieux, lança Naïm en pouffant de rire.

Et tous les deux s’esclaffèrent en essayant tant bien que mal d’étouffer leurs éclats de voix qui résonnaient sur les parois de la cavité. Après avoir grignoté, ils s’installèrent aussi confortablement qu’ils le pouvaient sur la barque.

- Je sais qu’il ne faut pas être défaitiste, mais je me pose une question, dit Naïm avec délicatesse. Tu crois que l’on va pouvoir retourner en Europe ?

Bien qu’elle ne l’ait pas exprimé haut et fort, Noor avait déjà une idée sur le sujet. Elle n’avait aucunement envie de faire culpabiliser son frère, et préférait rester optimiste sachant que les heures qu’ils allaient devoir passer dans cette grotte seraient difficiles.

- Je vais être franche avec toi, je ne sais pas. Il me semble difficile de me projeter sur ce que nous pourrions faire dans 30 minutes, alors dans un mois !

- Tu as raison, et puis, ça ne sert à rien de nous faire du souci. Essayons de nous reposer, demain est un autre jour !

- En effet, répondit Noor en souriant fébrilement comme pour cacher son appréhension face à cette situation.

- Je te verrai bien avec les cheveux blonds, ou roses, tiens, une belle crête au milieu du crâne avec d’épais sourcils ? plaisanta Naïm sur leur futur déguisement.

- Quoi ! s’exclama Noor. Tu plaisantes ? Jamais de la vie ! Je préfère mourir plutôt que…

- Te raser la tête ? coupa Naïm.

- Non ! Être blonde ! ria Noor.

- Tu crois qu’ils vont pouvoir trouver le moyen de nous dissimuler ?

- Aucune idée ! Mais nous n’avons pas le choix ! Tu sais tout comme moi qu’il va falloir du temps et un super plan pour...