: Maurice Leblanc
: Les Huit Coups de l'Horloge Arsène Lupin, Gentleman-cambrioleur #11
: Books on Demand
: 9782322419203
: 1
: CHF 3.20
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 246
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Les huit nouvelles de ce recueil ont un fil directeur. Pour distraire et séduire une jeune femme, Hortense Daniel, Arsène Lupin, sous l'identité du prince Serge Rénine, va s'attacher à résoudre huit énigmes en sa compagnie.

Maurice Leblanc (né le 11 novembre 1864 à Rouen, mort le 6 novembre 1941 à Perpignan) est un écrivain français surtout connu pour ses romans policiers et d'aventures, créateur du célèbre personnage d'Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur. Le père de Maurice Leblanc était armateur.

Chapitre 2 - La carafe d’eau


Quatre jours après son installation à Paris, Hortense Daniel accepta de rencontrer, au Bois, le prince Rénine. Par une matinée radieuse, ils s’assirent à la terrasse du restaurant Impérial, un peu à l’écart.

La jeune femme était heureuse de vivre, enjouée, pleine de grâce et de séduction. Par peur de l’effaroucher, Rénine se garda bien de faire allusion au pacte qu’il avait proposé. Elle raconta son départ de La Marèze et affirma qu’elle n’avait pas entendu parler de Rossigny.

– Moi, dit Rénine, j’ai entendu parler de lui.

– Ah !

– Oui, il m’a envoyé ses témoins. Duel ce matin. Piqûre à l’épaule de Rossigny. Affaire liquidée.

– Causons d’autre chose.

Il ne fut plus question de Rossigny. Tout de suite, Rénine exposa à Hortense le plan de deux expéditions qu’il avait en vue et auxquelles il lui offrait, sans enthousiasme, de participer.

– La meilleure aventure, dit-il, c’est celle qu’on ne prévoit pas. Elle surgit à l’improviste, sans que rien l’ait annoncée et sans que personne même, sauf les initiés, remarque cette occasion d’agir et de se dépenser qui passe à la portée de la main. Il faut la saisir tout de suite. Une seconde d’hésitation et il est trop tard. Un sens spécial nous avertit, un flair de chien de chasse qui démêle la bonne odeur parmi toutes celles qui s’entrecroisent.

Autour d’eux, la terrasse commençait à se remplir. À la table voisine, un jeune homme dont ils apercevaient le profil insignifiant et la longue moustache brune, lisait un journal. En arrière, par une des fenêtres du restaurant, il arrivait une rumeur lointaine d’orchestre ; dans un des salons, quelques personnes dansaient.

Toutes ces personnes, Hortense les observait une à une, comme si elle eût espéré découvrir en l’une d’elles le petit signe qui révèle le drame intime, la destinée malheureuse ou la vocation criminelle.

Or, comme Rénine réglait les consommations, le jeune homme à la longue moustache étouffa un cri, et appela un des garçons d’une voix étranglée.

– Combien vous dois-je ?… Vous n’avez pas de monnaie ? Ah ! bon Dieu, hâtez-vous ! …

Sans hésiter, Rénine avait saisi le journal. Après un coup d’œil rapide il lut à demi-voix :

– M. Dourdens, le défenseur de Jacques Aubrieux, a été reçu à l’Élysée. Nous croyons savoir que le président de la République a refusé la grâce du condamné et que l’exécution aura lieu demain matin.

Lorsque le jeune homme eut traversé la terrasse, il se trouva sous l