: Maurice Leblanc
: La Demeure Mystérieuse Arsène Lupin Volume 16
: Books on Demand
: 9782322269822
: 1
: CHF 3.20
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: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 220
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
À Paris, en 1907, un enlèvement est commis à l'Opéra durant un défilé de haute couture: la belle chanteuse Régine Aubry est conduite par deux individus dans une maison non-identifiée où on la dépouille de son corselet de diamants. Puis elle est relâchée, sans sa parure évidemment au grand dam du diamantaire véreux Van Houben qui avait conçu la robe. Quelque temps après, s'opère une étrange répétition des évènements. Un petit mannequin d'origine modeste, Arlette se voit kidnappée par les mêmes indvidus et amenée au même endroit. Elle s'échappe d'elle-même. Jugeant cette coïncidence troublante, un prétendant de Régine le baron Jean d'Enneris (alias Arsène Lupin) décide d'enquêter sur l'affaire. Accompagné d'un méfiant brigadier Béchoux qui croit reconnaître en lui son ennemi légendaire, du peu scrupuleux Van Houben et des deux ravissantes jeunes femmes, d'Enneris voit rapidement ses pistes le conduire en la respectable demeure du comte de Valamare. Régine et Arlette ayant reconnu les lieux, le comte est arrêté. Sa soeur s'échappe avec l'aide de Lupin et l'affaire semble enterrée. Mais un nommé Antoine Faguerault, prétendant évincé de la comtesse, fait son apparition. Il tente de convaincre Régine et Arlette de faire innocenter le comte par leurs témoignages. D'après lui, celui-ci est victime d'une conspiration dont ses ancêtres étaient déjà manifestement victimes. Jaloux de l'ascendant que prend Antoine sur Arlette (dont il est tombé amoureux), d'Enneris décide de régler l'affaire par ses propres moyens. Il aura à faire face à un sinistre trio de vieillards vindicatifs et à un"demi-bandit" trop sûr de lui. Sans négliger le brigadier Béchoux, avide de revanche.

Maurice Leblanc (né le 11 novembre 1864 à Rouen, mort le 6 novembre 1941 à Perpignan) est un écrivain français surtout connu pour ses romans policiers et d'aventures, créateur du célèbre personnage d'Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur.

Chapitre 1 - Régine, actrice


L’idée, charmante, avait reçu le meilleur accueil dans ce Paris généreux qui associe volontiers ses plaisirs à des manifestations charitables. Il s’agissait de présenter sur la scène de l’Opéra, entre deux ballets, vingt jolies femmes, artistes ou mondaines, habillées par les plus grands couturiers. Le vote des spectateurs désignerait les trois plus jolies robes, et la recette de cette soirée serait distribuée aux trois ateliers qui les auraient confectionnées. Résultat : un voyage de quinze jours sur la Riviera pour un certain nombre de midinettes.

D’emblée un mouvement se déclencha. En quarante-huit heures, la salle fut louée jusqu’aux plus petites places. Et, le soir de la représentation, la foule se pressait, élégante, bourdonnante et pleine d’une curiosité qui croissait de minute en minute.

Au fond, les circonstances avaient fait que cette curiosité se trouvait pour ainsi dire ramassée sur un seul point, et que toutes les paroles échangées avaient pour objet une même chose qui fournissait aux conversations un aliment inépuisable. On savait que l’admirable Régine Aubry, vague chanteuse de petit théâtre, mais très grande beauté, devait paraître avec une robe de chez Valmenet, que recouvrait une merveilleuse tunique ornée des plus purs diamants.

Et l’intérêt se doublait d’un problème palpitant d’intérêt : l’admirable Régine Aubry, qui depuis des mois était poursuivie par le richissime lapidaire Van Houben, avait-elle cédé à la passion de celui qu’on appelait l’Empereur du diamant ? Tout semblait l’indiquer. La veille, dans une interview, l’admirable Régine avait répondu :

« Demain je serai vêtue de diamants. Quatre ouvriers, choisis par Van Houben, sont en train, dans ma chambre, de les attacher autour d’un corselet et d’une tunique d’argent. Valmenet est là, qui dirige le travail. »

Or, dans sa loge de corbeille, Régine trônait, en attendant son tour d’exhibition, et la foule défilait devant elle comme devant une idole. Régine avait vraiment droit à cette épithète d’admirable que l’on accolait toujours à son nom. Par un phénomène singulier, son visage alliait ce qu’il y avait de noble et de chaste dans la beauté antique à tout ce que nous aimons aujourd’hui de gracieux, de séduisant et d’expressif. Un manteau d’hermine enveloppait ses épaules célèbres et cachait la tunique miraculeuse. Elle souriait, heureuse et sympathique. On savait que devant les portes du couloir trois détectives veillaient, robustes et graves comme des policemen anglais.

À l’intérieur de la loge, deux messieurs se tenaient debout, le gros Van Houben d’abord, le galant lapidaire, qui se faisait par sa coiffure et par le rouge factice de ses pommettes une pittoresque tête de faune. On ignorait l’origine exacte de sa fortune. Jadis marchand de perles fausses, il était revenu d’un long voyage transformé en puissant seigneur du diamant, sans qu’il fût possible de dire comment s’était opérée cette métamorphose.

L’autre compagnon de Régine restait dans la pénombre. On le devinait jeune et de silhouette à la fois fine et vigoureuse. C’était le fameux Jean d’Enneris qui, trois mois auparavant, débarquait du canot automobile sur lequel il avait effectué, seul, le tour du monde. La semaine précédente, Van Houben, qui venait de faire sa connaissance, l’avait présenté à Régine.

Le premier ballet se déroula au milieu de l’inattention générale. Durant l’entracte, Régine, prête à sortir, causait dans le fond de sa loge. Elle se montrait plutôt caustique et agressive envers Van Houben, aimable au contraire avec d’Enneris, comme une femme qui cherche à plaire.

« Eh ! eh ! Régine, lui dit Van Houben, que ce manège semblait agacer, vous allez lui tourner la tête, au navigateur. Songez qu’après une année vécue sur l’eau un homme s’enflamme aisément. »

Van Houben riait toujours très fort de ses plaisanteries les plus vulgaires.

« Mon cher, observa Régine, si vous n’étiez pas le premier à rire je ne