: Maurice Leblanc
: Les Milliards d'Arsène Lupin
: Books on Demand
: 9782322269747
: 1
: CHF 3.20
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 179
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Patricia, jeune Américaine, assistante de James Mac Allermy est très appréciée de son patron. Ce dernier a fondé, aux États-Unis,"Allô-Police& uot;, un journal à sensation qui relate les faits criminels, et il envisage pour sa précieuse secrétaire un bel avenir professionnel. Il n'ignore pas que la jolie femme a été séduite et abandonnée, à son grand regret, par son propre fils, lequel a finalement fait un mariage plus en accord avec sa fortune. Par suite de cette liaison, Patricia s'est retrouvée fille-mère, mais la présence de Rodolphe, son jeune enfant, lui donne le courage d'affronter la vie. Un évènement va cependant donner une autre tournure à son existence. Elle subit un soir, dans les locaux de l'entreprise même, une agression par un individu appelé « Le Sauvage » (The Rough). Elle est sauvée in extremis par un homme d'une force et d'une tranquillité rassurantes qu'elle ne connaît pas davantage mais auquel le bandit, étonné de sa supériorité, pose la question, étrange pour elle : « Serais-tu Arsène Lupin, par hasard ? » Pourquoi le célèbre gentleman-cambrioleur était-il en Amérique ? Pourquoi, après une réunion nocturne et mystérieuse de onze hommes, Mac Allermy et son avocat d'affaires sont-ils assassinés, un couteau en plein coeur ? Que contient la serviette de cuir fauve volée à Mac Allermy, le soir de sa mort, et détenue maintenant par Le Sauvage, qui par Le Sauvage, qui parle d'une immense fortune ?

Maurice Leblanc (né le 11 novembre 1864 à Rouen, mort le 6 novembre 1941 à Perpignan) est un écrivain français surtout connu pour ses romans policiers et d'aventures, créateur du célèbre personnage d'Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur. Le père de Maurice Leblanc était armateur. Orphelin de mère, il a été mis au monde par le chirurgien Achille Flaubert, frère de Gustave. Sa soeur cadette était la cantatrice Georgette Leblanc. Il refuse la carrière que son père lui destine dans une fabrique de cardes et « monte à Paris » pour écrire. Il est d'abord journaliste, puis romancier et conteur (Des couples, Une femme, Voici des ailes). Il éveille l'intérêt de Jules Renard et Alphonse Daudet, sans succès public. En 1901, il publie L'Enthousiasme, roman autobiographique. Il fréquente les grands noms de la littérature à Paris : Stéphane Mallarmé ou Alphonse Allais. En 1905, Pierre Lafitte, directeur du mensuel Je sais tout, lui commande une nouvelle sur le modèle du Raffles d'Ernest William Hornung : L'Arrestation d'Arsène Lupin - nom emprunté au conseiller municipal de Paris Arsène Lopin. Deux ans plus tard, Arsène Lupin est publié en livre. La sortie d'Arsène Lupin contre Herlock Sholmes mécontente Conan Doyle, furieux de voir son détective Sherlock Holmes ridiculisé. Maurice Leblanc s'est inspiré de l'anarchiste Marius Jacob, qui commit 150 cambriolages qui lui valurent 23 ans de prison. Radical-socialiste et libre-penseur, Leblanc s'embourgeoisa avec l'âge et la Première Guerre mondiale. Il aurait déclaré : « Lupin, ce n'est pas moi ! » Dès 1910, il tente de tuer son héros dans 813, mais il le ressuscite dans Le Bouchon de cristal, Les Huit Coups de l'horloge, La Comtesse de Cagliostro, ... Son ouvre inspira Gaston Leroux (Rouletabille), ainsi que Souvestre et Allain (Fantômas). Une Association des amis d'Arsène Lupin a été fondée ; elle est présidée en 2004 par Lydie Dabirand. Les exploits d'Arsène Lupin se déroulaient dans la capitale et dans le pays de Caux, qu'il connaissait bien : collectionneur de cartes postales, il avait recensé quatre cents manoirs entre Le Havre, Rouen et Dieppe. Les lupinophiles arpentent les lieux cités dans les intrigues de Leblanc en Normandie : Étretat et le trésor des rois de France, Tancarville, le passage souterrain de Jumièges devant mener au trésor médiéval des abbayes... La piste des sept abbayes du pays de Caux reliées entre elles dessinerait la Grande Ourse et permet de retrouver l'étoile d'Alcor.

Chapitre 1 - Paule Sinner


James Mac Allermy, fondateur et directeur deAllô-Police, le plus grand journal de criminologie des États-Unis, venait d’entrer, en fin d’après-midi, dans la salle de rédaction. Entouré par quelques-uns de ses collaborateurs, il leur disait son opinion – encore bien incertaine d’ailleurs – relative à l’abominable crime commis, la veille, sur trois jeunes enfants, et que l’opinion publique, révoltée par ses circonstances particulières, avait aussitôt baptisé le « massacre des trois jumeaux ».

Après quelques minutes de considérations sur la criminalité vis-à-vis de l’enfance en général, et sur le forfait de la veille en particulier, James Mac Allermy se tourna vers Patricia Johnston, sa secrétaire, qui, mêlée aux rédacteurs, l’écoutait :

– Patricia, c’est l’heure du courrier. Toutes les lettres sont-elles prêtes pour la signature ? Passons dans mon bureau, voulez-vous ?

– Tout est prêt, monsieur… Mais…

Patricia s’interrompit. Prêtant l’oreille à un bruit insolite, elle acheva :

–… il y a quelqu’un dans votre bureau, monsieur Mac Allermy !

Le directeur eut un haussement d’épaules.

– Quelqu’un dans mon bureau ? C’est impossible ! La porte sur l’antichambre est fermée au verrou.

– Mais votre entrée particulière, monsieur ?

Allermy sourit en tirant une clef de sa poche.

– La clef ne me quitte pas, la voici. Vous rêvez, Patricia… Voyons, allons travailler… vous m’excusez, Fildes, je vous fais attendre !

Il avait mis la main familièrement sur l’épaule d’un de ses assistants, non pas un de ses rédacteurs mais un de ses amis personnels, Fildes, qui venait presque chaque jour lui rendre visite au journal.

– Prenez votre temps, James Allermy, dit Frédéric Fildes, homme de loi et attorney. Je ne suis pas pressé et je sais ce que c’est que l’heure du courrier.

– Allons-y, dit Mac Allermy. Au revoir, messieurs, à demain, tâchez de vous documenter sur le crime.

D’un signe de tête, il prit congé de ses collaborateurs et, suivi de sa secrétaire et de Frédéric Fildes, il sortit de la salle de rédaction et, traversant un couloir, ouvrit la porte de son bureau directorial.

La vaste pièce, élégamment meublée, était vide.

– Vous voyez, Patricia. Il n’y a personne ici.

– Oui, répondit la secrétaire, mais constatez, monsieur, que cette porte, tout à l’heure fermée, est ouverte à présent.

Elle désignait une porte qui, du bureau, donnait dans une pièce plus petite où se trouvait le coffre-fort.

– Patricia, depuis ce coffre-fort jusqu’à la sortie dérobée qui ouvre sur la rue et par où je passe quelquefois, il y a deux cents mètres de couloirs et d’escaliers, coupés de treize portes et de cinq grilles toutes verrouillées et cadenassées. Personne n’a pu utiliser cette issue.

Patricia réfléchissait, ses fins sourcils légèrement froncés. C’était une grande jeune femme élancée, d’allure harmonieuse et souple, indiquant la pratique des sports. Son visage, un peu irrégulier, un peu court peut-être, n’était pas d’une beauté classique mais, avec un teint sans fard, d’une pureté mate et comme transparente, avec sa bouche grande, bien dessinée, aux lèvres naturellement rouges, entrouvertes sur des dents éclatantes, avec son front large et intelligent sous les ondes de la chevelure où l’or et le bronze se mêlaient, avec ses yeux surtout, longs, gris vert, entre d’épais cils sombres, un incomparable charme en émanait : un charme profond et presque mystérieux quand Patricia était grave, mais qui devenait léger et en quelque sorte enfantin quand elle se laissait aller à un accès de franche gaieté. Et tout en elle respirait la santé, l’équilibre physique et moral, l’énergie, le goût de vivre. Elle était de ces femmes qui ne mentent pas et ne déçoivent pas, qui créent la sympathie et la confiance, qui suscitent l’amitié et l’amour.

Par une habitude qu’elle avait prise peu à peu auprès de Mac Allermy et qui était devenue un réflexe, elle jeta un coup d’œil circulaire autour de la pièce pour s’assurer que rien n’y avait été dérangé depuis qu’elle y avait mis de l’ordre.

Un détail la frappa.

Sur un bloc-notes, posé sur le bureau et qu’elle voyait en sens inverse, elle lisait deux mots écrits au crayon. L’un était un prénom : Paule, l’autre, qu’elle déchiffra moins aisément, un nom : Sinner. Donc, Paule Sinner. Il s’agissait d’une femme.

Pas un instant, Patricia, qui connaissait les mœurs sévères de Mac Allermy, n’admit qu’une femme pût être entrée dans l’existence de celui-ci et moins encore qu’il en inscrivît le nom ouvertement dans son bureau directorial.

Mais alors, que signifiait Paule Sinner ?

Mac Allermy, qui l’observait, sourit :

– À la bonne heure, Patricia, rien ne vous échappe. Mais l’explication est simple : c’est le titre d’un roman français qu’un traducteur m’a apporté aujourd’hui et qui me plaît assez. Paule Sinner est le nom de l’héroïne. En français le titre frappe davantage :Paule la Pécheresse.

Patricia eut l’impression que Mac Allermy ne donnait pas une explication exacte. Mais pouvait-elle en demander une autre ?

À ce moment, coupant ses réflexions, l’électricité s’éteignit soudain, les plongeant dans l’obscurité.

– Ne vous dérangez pas, monsieur, c’est un plomb qui a sauté. Je m’y connais. Je vais réparer ça, dit Patricia.

À tâtons, elle gagna l’antichambre qui précédait le bureau de Mac Allermy et qui s’ouvrait sur un palier au troisième étage de l’escalier privé de la direction. Des ampoules, restées allumées au rez-de-chaussée, mettaient dans l’ombre une lueur diffuse. Dans un étroit réduit servant de débarras, la jeune femme prit une légère échelle double à six marches et, la dépliant, la dressa contre le mur. Elle y monta, crut entendre, provenant de quelque part dans l’ombre un bruit léger et soudain une angoisse lui serra le cœur…

« Il » était là, elle n’en doutait pas, il était là, caché dans la demi-obscurité, prêt à l’attaque comme un fauv