Chapitre 2 — Premier constat de l’enquête
Après l’enquête, Mégane et Éric rentrèrent chacun chez eux. La nuit avait été longue, et le silence dans les rues désertées de Paris semblait presque peser sur leurs épaules. Mégane prit le métro jusqu’à son appartement, un petit cocon niché dans un quartier calme du 14ᵉ arrondissement. C’était un lieu qu’elle affectionnait particulièrement, avec ses murs blancs, sa décoration épurée, et cette impression de havre de paix loin des ombres qu’elle traquait. L’entrée, bien que petite, dégageait une chaleur discrète, renforcée par un tapis aux motifs sobres qui donnait du relief à l’ensemble. Dans le salon, le confort et le minimalisme se mariaient avec élégance. Un canapé en velours gris clair trônait au centre de la pièce. Mégane s’y laissa tomber, vidée. Elle ferma les yeux un instant, mais ses pensées restaient embourbées dans l’atmosphère glaciale de l’appartement de Laura. Autour d’elle, tout respirait le calme : quelques livres bien rangés sur des étagères en bois clair, des plantes vertes qui injectaient un peu de vie dans l’espace, et un grand tableau abstrait aux teintes bleutées qui dominait le mur derrière le canapé. La lumière tamisée d’une lampe d’appoint diffusait une douce lueur, projetant des ombres dansantes sur les murs, comme des souvenirs flous. Elle jeta un coup d’œil vers son bureau installé dans un recoin du salon. Une pile de dossiers, de carnets de notes, et de fiches griffonnées l’y attendait. Un soupir lui échappa. Elle se leva, traînant un peu les pieds, et se dirigea vers la cuisine. Le sifflement régulier de la bouilloire qui chauffait l’eau pour son thé lui parut presque mélodieux, un apaisement bienvenu après l’étrangeté de la nuit. De son côté, Éric rentra chez lui, dans le 19ᵉ arrondissement. Son appartement, bien plus spacieux que celui de Mégane, arborait un style plus chaotique, un désordre organisé qui lui ressemblait. C’était un lieu à son image : un peu brouillon, mais indéniablement chaleureux. Les murs étaient couverts d’affiches de films d’horreur et de clichés pris lors de ses précédentes enquêtes, formant une fresque étrange entre fascination et obsession. Sur la table basse s’empilaient des magazines spécialisés dans le paranormal, aux couvertures criardes et aux titres accrocheurs. Le canapé, un vieux modèle usé par le temps, était envahi de coussins dépareillés, certains glissés au sol. Dans un coin, une télévision d’un autre âge grésillait doucement, allumée par habitude plus que par besoin. L’éclairage tamisé n’arrangeait rien à l’ambiance un peu sombre du lieu, mais Éric s’y sentait bien. Il aimait cette solitude, cette bulle hors du monde où il pouvait se retrouver, loin du tumulte des enquêtes et des attentes pesantes de l’extérieur. Éric avait 27 ans. Son apparence dégageait une assurance tranquille, une virilité sans ostentation. Il possédait cette allure athlétique que seules les années de discipline, d’entraînement et de passion pouvaient forger. Il mesurait un peu plus d’un mètre quatre-vingt, avec des épaules larges et un torse sculpté que laissait deviner la coupe ajustée de ses vêtements. Ses bras, aux muscles dessinés sans excès, incarnaient une force maîtrisée, discrète mais bien présente.
Son visage, mélange harmonieux de la douceur de ses origines chinoises et des traits robustes hérités de sa lignée française, captait immédiatement l’attention. Ses yeux, d’un brun profond presque noir, semblaient percer les surfaces, toujours en mouvement, toujours en quête de sens. Il y avait dans son regard une assurance calme, mais aussi cette étincelle caractéristique des esprits en perpétuelle recherche. C’était un regard qui observait les autres autant qu’il s’examinait lui-même, dans une forme de réflexion silencieuse et constante. Ses traits étaient bien dessinés : un menton carré et une mâchoire définie qui accentuaient son côté viril et son assurance. Ses lèvres, légèrement charnues, étaient souvent dessinées par un léger sourire, mais la plupart du temps, une expression sérieuse, presque impassible, témoignait de sa concentration. Ses cheveux noirs, légèrement épars sur le front, étaient coupés courts sur les côtés, un peu plus longs sur le dessus, ce qui lui donnait un air à la fois soigné et sauvage.
Lorsqu’il parlait, sa voix, basse et posée, portait une certaine autorité tranquille, mais sans l’arrogance qu’on pourrait attendre d’un homme aussi bien dans sa peau. Il dégageait une aura de force intérieure, une confiance qui ne nécessitait pas d’être prouvée. Il savait ce qu’il valait, sans jamais en faire étalage. Son style vestimentaire reflétait parfaitement sa personnalité : simple mais élégant, fonctionnel mais jamais négligé. En dehors des heures de travail, il privilégiait des vêtements confortables mais soignés — un jean noir ajusté, une chemise bien coupée, ou encore un bomber en cuir qui soulignait sa silhouette musclée. Chaque détail de son apparence semblait calculé, mais avec une décontraction naturelle, comme si son corps et son esprit étaient en parfaite harmonie. Malgré sa beauté évidente, ce qui faisait d’Éric un homme véritablement fascinant, c’était sa capacité à rester humble et à ne pas chercher à se mettre en avant. Il était plus intéressé par la recherche de la vérité, par les mystères de l'invisible, que par l'admiration des autres. Il ne cherchait pas à être l'homme qui captait tous les regards, mais celui qui attirait, presque imperceptiblement, par son charisme discret et sa manière d’être. Mais ce soir-là, alors qu’il s’était assis dans son canapé, Éric n’avait pas pu s'empêcher de penser à Mégane. La jeune journaliste qui l’accompagnait dans toutes ses explorations occupait ses pensées plus qu’il ne voulait l’admettre. Il était conscient qu’il ressentait quelque chose de plus pour elle, sans pourtant savoir quoi en faire. Ils étaient amis, collègues, partenaires d’enquête, mais il y avait entre eux quelque chose d’indéfinissable, quelque chose qu’il n’osait pas nommer. Il repensa à la façon dont Mégane s’était toujours montrée forte et calme, même dans les situations les plus angoissantes. Elle représentait bien plus qu'une simple collègue à ses yeux. Ses gestes, sa voix, tout chez elle l’attirait. Lors de leur dernière enquête, lorsqu’il l’avait vue trembler légèrement dans l’appartement de Laura, cela l’avait profondément troublé. Lui-même, bien qu’immergé dans le paranormal, n’avait rien ressenti de particulier. Mais la peur dans ses yeux, cette fragilité, l’avait touché de manière inattendue. Éric s’était laissé tomber en arrière sur le canapé, les yeux clos. Son esprit s’était mis à vagabonder, se perdant dans l’idée qu’il pourrait un jour se rapprocher d’elle.
Pourtant, il était également conscient de la barrière invisible qui existait entre eux. Peut-être était-ce la différence de leurs caractères, ou bien le fait qu’ils se côtoyaient essentiellement dans un cadre professionnel.
En tout cas, Éric gardait ses sentiments enfouis au plus profond de lui. Il ne voulait pas que cela interfère avec leur travail. Mais parfois, la pensée de Mégane envahissait son esprit, et il se demandait si elle ressentait la même chose à son égard. Dans l’intimité de son appartement — un lieu marqué par la solitude et une certaine mélancolie — Éric s’était autorisé un instant de rêver à ce qui aurait pu être. Il savait toutefois que le moment n’était peut-être pas encore venu.
Pour l’instant, il se contenterait de l’admirer à distance, espérant que le lien qui les unissait, aussi complexe soit-il, continuerait de grandir.
Le soleil pénétrait timidement à travers les volets fermés. Il était 7h45, et une odeur de café emplit l'air de l'appartement de Mégane.
Elle ouvrit lentement les yeux, encore alourdie par la fatigue de la veille. Alex, son petit frère, entra dans la pièce, la tasse de café à la main.
—Je t'ai préparé ton...