: Harriet Beecher-Stowe
: Ma femme et moi ou l'histoire de Harry Henderson
: Books on Demand
: 9782322480746
: 1
: CHF 2.70
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: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 491
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Après le retentissant succès de La Case de l'Oncle Tom un petit nombre de nouvelles et de romans d'Harriet Beecher Stowe furent traduits en français par des maisons d'édition protestantes, sans que la critique en renvoie beaucoup d'échos. Ces compositions tombées dans l'oubli valent pourtant leur temps de lecture, pour qui veut mieux connaître à la fois l'Amérique du XIXe siècle et le caractère d'une femme hors du commun. Bien qu'écrit à la première personne sous un masque masculin (Harry Henderson), on devine en effet dans Ma femme et moi des éléments autobiographiques de l'auteur, surtout ceux qui se rapportent à son enfance. Sans doute les oeuvres d'H.B.S. sont toutes dirigées par un but militant : il s'agit ici de plaider les droits de la femme dans le mariage, comme autrefois les droits des noirs dans une société esclavagiste. Le mouvement féministe des années 1970 aux US n'a d'ailleurs pas manqué d'essayer de récupérer à son compte le renom d'Harriet. Cependant l'atmosphère évangélique qui imprègne ses pages, reste le composant essentiel de leur parfum, qui communique encore aujourd'hui plaisir et sérénité à les lire. Cette numérisation ThéoTeX reproduit la traduction d'Hélène Janin, parue en 1872.
  Préface

Pendant la publication de cette histoire dans le journal l'Union chrétienne, la presse périodique a souvent répandu le bruit que quelques-uns des caractères sont des portraits d'individus réels et vivants.

Il n'en est rien. Cette supposition provient d'un examen imparfait des principes de la composition dramatique. Le romancier ne se propose nullement de faire le portrait d'un individu quelconque, choisi parmi les personnes de sa connaissance. Certains caractères sont nécessaires pour le but qu'il se propose. Il les imagine et les crée, et ils deviennent pour lui des êtres réels et vivants, qui ont une manière à eux de parler et d'agir. Mais, d'un autre côté, il est guidé dans cette création par sa connaissance et son expérience du genre humain et il étudie des exemples et des incidents particuliers, seulement pour s'assurer de la possibilité et de la probabilité du caractère qu'il crée. S'il réussit à produire un caractère vrai et naturel, le lecteur est souvent tenté de l'identifier avec quelqu'un de sa connaissance. Un incident de peu d'importance, une anecdote, un article de journal, fournissent souvent le fond d'un caractère de ce genre, et le procédé par lequel il est formé est semblable à celui du professeur Agassiz qui, avec une seule arête, reconstruit la forme entière d'un poisson inconnu. Mais appliquer cette ébauche à une personne vivante quelconque, c'est une erreur qui pourrait faire tort à l'auteur et à la personne désignée.

L'auteur ne connaît certainement point d'original qui réponde pleinement au caractère de Mme Cerullan, par exemple, quoiqu'elle ait entendu faire la description d'une telle personne ; il y a sans doute en elle des traits qui sont également la part de toutes les belles enthousiastes qui s'abusent en s'imaginant que l'influence de leurs charmes sur l'autre sexe est une véritable supériorité intellectuelle.

Il y a heureusement plusieurs jeunes femmes dont la vigoureuse et vigilante carrière est semblable à celle d'Ida van Arsdel, et les expériences réelles d'une aimable jeune personne de New-York ont fait naître les premières inspirations du caractère d'Eva ; cependant toutes les deux sont, quant à l'exécution, des peintures absolument imaginaires adaptées à l'histoire. Enfin, dans quelques cas, deux ou trois caractères réels fournissent les germes, mais seulement les germes, desquels de nouveaux caractères sont développés.

Twin Mountain House, N. H., octobre 1871

H. B. S.   
  I
Introduction

Ne dirait-on pas, à voir avec quelle persévérance digne d'un meilleur but, le monde réclame des « histoires. » qu'il retourne à sa seconde enfance ? Histoires, histoires partout ! histoires dans les journaux, dans les revues, dans les coins, les crevasses, les fentes des maisons, histoires qui tombent de la plume aussi facilement que les feuilles d'automne avec lesquelles elles ont mille rapports d'ombres, de formes et de couleurs ! Les histoires nous arrivent par rafales de l'Angleterre ; on nous en traduit du français, du danois, du suédois, de l'allemand, du russe. Il y en a toute une série pour les adultes dans leMonde illustré, Terre et Mer, leGlobe, etc. ; il y en a pour les adolescents dansNos jeunes amis, lePetit caporal, leBord du ruisseau, leCompagnon du jeune âge ; bientôt nous verrons paraître celles destinées à la chambre des enfants, nous aurons de charmantes revues illustrées telles que leBerceau, laPetite maman, laPremière dent.

Je me suis souvent demandé ce qu'aurait dit Salomon s'il avait vécu de nos jours. Le pauvre roi était déjà, à ce qu'il paraît, quelque peu blasé sur la littérature de son temps, car il affirmait que l'étude était « une fatigue de la chair. » Cependant l'imprimerie n'existait pas encore, et les livres étaient tous écrits à la main, avec ces le