: Alexandre Dumas
: Les trois mousquetaires
: Books on Demand
: 9782322564149
: 1
: CHF 4.50
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: Historische Romane und Erzählungen
: French
: 636
: Wasserzeichen
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: ePUB
"Les Trois Mousquetaires" est le plus célèbre et le plus connu des romans d'Alexandre DUMAS. Avec ses nombreux combats et ses rebondissements romanesques, Les Trois Mousquetaires est l'exemple type du roman de cape et d'épée. Résumé: Le roman raconte les aventures d'un cadet de Gascogne tout juste 18 ans: D'Artagnan. Il rejoint la capitale avec sa lettre de recommandation afin d'entrer au service des Mousquetaires du roi Louis XIII en cette année 1625. Toutefois, son voyage ne se passe pas comme prévu. Après avoir provoqué en duel trois Mousquetaires, il se retrouve à faire équipe contre les envoyés du Cardinal Richelieu qui veulent en découdre. De cette altercation naît une réelle amitié entre Athos, Aramis Porthos (les trois Mousquetaires) et d'Artagnan. Ces quatre hommes vont s'opposer au premier ministre, le cardinal de Richelieu et à ses agents, dont le Comte de Rochefort et la belle et mystérieuse Milady de Winter, pour sauver l'honneur de la Reine de France, Anne d'Autriche..... Bonne lecture.

Alexandre DUMAS (1802-1870) est un écrivain français. Fils d'un noble mulâtre de Saint-Domingue, Général de la Grande Armée sous le premier Empire et d'une mère issue d'une famille d'aubergistes. Il est célèbre à la fois comme auteur dramatique et comme romancier. Alexandre Dumas père (à ne pas confondre avec Alexandre Dumas fils) a écrit un nombre vertigineux de livres. Proche des romantiques et tourné vers le théâtre, il écrit d'abord un vaudeville à succès et des drames historiques comme Henri III et sa cour (1829). Auteur prolifique, il s'oriente ensuite vers les romans historiques: Grands romans et cycles romanesques principaux: - Le Comte de Monte-Cristo 1844-1846 - Le Chevalier de Maison-Rouge 1845-1846 Romans de Régence: - Le Chevalier d'Harmental 1842 - Une fille du Régent 1845 Trilogie des Mousquetaires: - Les Trois Mousquetaires 1844 - Vingt ans après 1845 - Le Vicomte de Bragelonne 1847-1850 Trilogie des guerres de Religion (trilogie des derniers Valois): - La Reine Margot 1845 - La Dame de Monsoreau 1846 - Les Quarante-cinq 1847-1848 Mémoires d'un médecin 1. Joseph Balsamo 1846 2. Le Collier de la Reine 1849-1850 3. Ange Pitou 1851 4. La Comtesse de Charny 1852-1855

Chapitre 1
Les trois présents de M. d ARTAGNAN père.


Le premier lundi du mois d avril 1626, le bourg de Meung, où naquit l auteur du Roman de la Rose, semblait être dans une révolution aussi entière que si les huguenots en fussent venus faire une seconde Rochelle. Plusieurs bourgeois, voyant s enfuir les femmes le long de la grande rue, entendant les enfants crier sur le seuil des portes, se hâtaient d endosser la cuirasse, et appuyant leur contenance quelque peu incertaine d un mousquet ou d une pertuisane, se dirigeaient vers l hôtellerie du Franc-Meunier, devant laquelle s empressait, en grossissant de minute en minute, un groupe compacte, bruyant et plein de curiosité.

En ce temps-là les paniques étaient fréquentes, et peu de jours se passaient sans qu une ville ou l autre enregistrât sur ses archives quelque événement de ce genre. Il y avait les seigneurs qui guerroyaient entre eux ; il y avait le cardinal qui faisait la guerre au roi et aux seigneurs ; il y avait l Espagnol qui faisait la guerre aux seigneurs, au cardinal et au roi. Puis, outre ces guerres sourdes ou publiques, secrètes ou patentes, il y avait encore les voleurs, les mendiants, les huguenots, les loups et les laquais, qui faisaient la guerre à tout le monde. Les bourgeois s armaient toujours contre les voleurs, contre les loups, contre les laquais ; souvent contre les seigneurs et les huguenots ; quelquefois contre le roi ; mais jamais contre le cardinal et l Espagnol. Il résulta donc de ces habitudes prises, que ce susdit premier lundi du mois d avril 1626, les bourgeois entendant du bruit, et ne voyant ni le guidon jaune et rouge, ni la livrée du duc de Richelieu, se précipitèrent du côté de l hôtel du Franc-Meunier.

Arrivé là, chacun put reconnaître la cause de cette rumeur.

Un jeune homme traçons son portrait d un seul trait de plume : figurez-vous don Quichotte à dix-huit ans ; Don Quichotte décorcelé, sans haubert et sans cuissard ; don Quichotte revêtu d un pourpoint de laine, dont la couleur bleue s était transformée en une nuance insaisissable de lie de vin et d azur céleste. Visage long et brun ; la pommette des joues saillante, signe d astuce ; les muscles maxillaires énormément développés, indice infaillible où l on reconnaît le Gascon, même sans béret, et notre jeune homme portait un béret orné d une espèce de plume ; l il ouvert et intelligent ; le nez crochu, mais finement dessiné ; trop grand pour un adolescent, trop petit pour un homme fait, et qu un il exercé eût pris pour un fils de fermier en voyage, sans la longue épée qui, pendue à un baudrier de peau, battait les mollets de son propriétaire, quand il était à pied, et le poil hérissé de sa monture quand il était à cheval.

Car notre jeune homme avait une monture, et cette monture était même si remarquable qu elle fut remarquée : c était un bidet du Béarn, âgé de 12 ou 14 ans, jaune de robe, sans crins à la queue, mais non pas sans javarts aux jambes, et qui, tout en marchant la tête plus bas que les genoux, ce qui rendait inutile l application de la martingale, faisait encore galamment ses huit lieues par jour. Malheureusement les qualités cachées de ce cheval étaient si bien cachées sous son poil étrange et son allure incongrue, que, dans un temps où tout le monde se connaissait en chevaux, l apparition du susdit bidet à Meung, où il était entré, il y avait un quart d heure à peu près, par la porte de Beaugency, produisit une sensation dont la défaveur rejaillit jusqu à son cavalier.

Et cette sensation avait été d autant plus pénible au jeune d Artagnan (ainsi s appelait le don Quichotte de cet autre Rossinante), qu il ne se cachait pas le côté ridicule que lui donnait, si bon cavalier qu il fût, une pareille monture. Aussi avait-il fort soupiré en acceptant le don que lui en avait fait M. d Artagnan père : il n ignorait pas qu une pareille bête valait au moins vingt livres. Il est vrai que les paroles dont le présent avait été accompagné n avaient pas de prix.

« Mon fils, avait dit le gentilhomme gascon, dans ce pur patois du Béarn, dont Henri IV n avait jamais pu parvenir à se défaire, mon fils, ce cheval est né dans la maison de votre père, il y a tantôt treize ans, et y est resté depuis ce temps-là, ce qui doit vous porter à l aimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et honorablement de vieillesse, et si vous faites campagne avec lui, ménagez-le comme vous ménageriez un vieux serviteur. À la cour, continua M. d Artagnan père, si toutefois vous avez l honneur d y aller, honneur auquel, du reste, votre vieille noblesse vous donne des droits, soutenez dignement votre nom de gentilhomme, qui a été porté dignement par vos ancêtres depuis plus de cinq cents ans ; pour vous et pour les vôtres, par les vôtres, j entends vos parents et vos amis, ne supportez jamais rien que de M. le cardinal et du roi. C est par son courage, entendez-vous bien, par son courage seul, qu un gentilhomme fait son chemin aujourd hui. Quiconque tremble une seconde laisse peut-être échapper l appât que, pendant cette seconde justement, la fortune lui tendait. Vous êtes jeune, vous devez être brave par deux raisons : la première, c est que vous êtes Gascon, et la seconde, c est que vous êtes mon fils. Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures. Je vous ai fait apprendre à manier l épée ; vous avez un jarret de fer, un poignet d acier, battez-vous à tout propos ; battez-vous, d autant plus que les duels sont défendus, et que, par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre. Je n ai, mon fils, à vous donner que quinze écus, mon cheval et les conseils que vous venez d entendre. Votre mère y ajoutera la recette d un certain baume qu elle tient d une bohémienne, et qui a une vertu miraculeuse pour guérir toute blessure qui n atteint pas le c ur. Faites votre profit du tout, et vivez heureusement et longtemps.

« Je n ai plus qu un mot à ajouter, et c est un exemple que je vous propose, non pas le mien, car je n ai, moi, jamais paru à la cour, et n ai fait que les guerres de religion en volontaire : je veux parler de M. de Tréville, qui était mon voisin autrefois, et qui a eu l honneur de jouer tout enfant avec notre roi Louis XIIIe, que Dieu conserve. Quelquefois leurs jeux dégénéraient en batailles, et dans ces batailles le roi n était pas toujours le plus fort. Les coups qu il en reçut lui donnèrent beaucoup d estime et d amitié pour M. de Tréville. Plus tard M. de Tréville se battit contre d autres : dans son premier voyage à Paris, cinq fois ; depuis la mort du feu roi jusqu à la majorité du jeune, sans compter les guerres et les sièges, sept fois ; et depuis cette majorité jusqu aujourd hui, cent fois peut-être ! Aussi, malgré les édits, les ordonnances et les arrêts, le voilà capitaine des mousquetaires, c est-à-dire chef d une légion de Césars dont le roi fait un très grand cas, et que M. le cardinal redoute, lui qui ne redoute pas grand chose, comme chacun sait. De plus, M. de Tréville gagne dix mille écus par an ; c est donc un fort grand seigneur. Il a commencé comme vous ; allez le voir avec cette lettre, et réglez-vous sur lui, afin de faire comme lui. »

Sur quoi M. d Artagnan père remit à son fils une lettre qu il avait préparée, lui ceignit sa propre épée, l embrassa tendrement sur les deux joues et lui donna sa bénédiction. En sortant de la chambre paternelle, le jeune homme trouva sa mère qui l attendait avec la fameuse recette dont les conseils que nous venons de rapporter devaient nécessiter un assez fréquent emploi. Les adieux furent de ce côté plus longs et plus tendres qu ils ne l avaient été de l autre, non pas que M. d Artagnan n aimât son fils, qui était sa seule progéniture, mais M. d Artagnan était un homme, et il eût regardé comme indigne d un homme de se laisser aller à son émotion, tandis que Mme d Artagnan était femme et de plus, était mère. Elle pleura abondamment, et, disons-le...