: Honoré de Balzac
: La Rabouilleuse ou Un ménage de garçon Scènes de la vie de province
: Books on Demand
: 9782322241507
: 1
: CHF 3,50
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 427
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Le docteur Rouget a légué sa fortune à son fils Jean-Jacques au détriment de sa fille Agathe. Le roman raconte la lutte d'Agathe et des ses deux fils, Philippe et Joseph, contre la maîtresse de Jean-Jacques, surnommée «la Rabouilleuse », pour récupérer une partie de cette fortune.

Honoré de Balzac, né Honoré Balzac le 20 mai 1799 à Tours et mort le 18 août 1850 à Paris, est un écrivain français.

– Demain, donc, votre frère ira à l’hôpital du Midi.

– Il y sera très bien, reprit Joseph. Si jamais j’étais en pareil cas, j’irais, moi !

Giroudeau se retira très désappointé, mais aussi très sérieusement humilié d’avoir à mettre aux Capucins un homme qui avait porté les ordres de l’Empereur pendant la bataille de Montereau. Trois mois après, vers la fin du mois de juillet, un matin, en allant à son bureau de loterie, Agathe, qui prenait par le Pont-Neuf pour éviter de donner le sou du Pont-des-Arts, aperçut le long des boutiques du quai de l’École où elle longeait le parapet, un homme portant la livrée de la misère du second ordre et qui lui causa un éblouissement : elle lui trouva quelque ressemblance avec Philippe. Il existe en effet à Paris trois Ordres de misère. D’abord, la misère de l’homme qui conserve les apparences et à qui l’avenir appartient : misère des jeunes gens, des artistes, des gens du monde momentanément atteints. Les indices de cette misère ne sont visibles qu’au microscope de l’observateur le plus exercé. Ces gens constituent l’Ordre Équestre de la misère, ils vont encore en cabriolet. Dans le second Ordre se trouvent les vieillards à qui tout est indifférent, qui mettent au mois de juin la croix de la Légion-d’Honneur sur une redingote d’alpaga. C’est la misère des vieux rentiers, des vieux employés qui vivent à Sainte-Périne, et qui du vêtement extérieur ne se soucient plus guère. Enfin la misère en haillons, la misère du peuple, la plus poétique d’ailleurs, et que Callot, qu’Hogart, que Murillo, Charlet, Raffet, Gavarni, Meissonnier, que l’Art adore et cultive, au carnaval surtout ! L’homme en qui la pauvre Agathe crut reconnaître son fils était à cheval sur les deux derniers Ordres. Elle aperçut un col horriblement usé, un chapeau galeux, des bottes éculées et rapiécées, une redingote filandreuse à boutons sans moule, dont les capsules béantes ou recroquevillées étaient en parfaite harmonie avec des poches usées et un collet crasseux. Des vestiges de duvet disaient assez que, si la redingote contenait quelque chose, ce ne pouvait être que de la poussière. L’homme sortit des mains aussi noires que celles d’un ouvrier, d’unpantalon gris de fer, décousu. Enfin, sur la poitrine, un gilet de laine tricotée, bruni par l’usage, qui débordait les manches, qui passait au-dessus du pantalon, se voyait partout et tenait sans doute lieu de linge. Philippe portait un garde-vue en taffetas vert et en fil d’archal. Sa tête presque chauve, son teint, sa figure hâve disaient assez qu’il sortait du terrible hôpital du Midi. Sa redingote bleue,