: Honoré de Balzac
: La Fille aux Yeux d'Or
: Books on Demand
: 9782322456956
: 1
: CHF 3.50
:
: Erzählende Literatur
: French
: 112
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Le roman commence avec une longue description de la ville de Paris et des moeurs parisiennes. Il met en scène le comte Henri de Marsay, dandy fat, fils de Lord Dudley et de la marquise de Vordac, qui l'abandonnent pour qu'il soit éduqué par un prêtre.

Honoré de Balzac, né Honoré Balzac le 20 mai 1799 à Tours et mort le 18 août 1850 à Paris, est un écrivain français.

CHAPITRE II – SINGULIÈRE BONNE FORTUNE


De Marsay n’était pas un étourdi. Tout autre jeune homme aurait obéi au désir de prendre aussitôt quelques renseignements sur une fille qui réalisait si bien les idées les plus lumineuses exprimées sur les femmes par la poésie orientale ; mais, trop adroit pour compromettre ainsi l’avenir de sa bonne fortune, il avait dit à son fiacre de continuer la rue Saint-Lazare, et de le ramener à son hôtel. Le lendemain, son premier valet de chambre nommé Laurent, garçon rusé comme un Frontin de l’ancienne comédie, attendit aux environs de la maison habitée par l’inconnue, l’heure à laquelle se distribuent les lettres. Afin de pouvoir espionner à son aise et rôder autour de l’hôtel, il avait, suivant la coutume des gens de police qui veulent se bien déguiser, acheté sur place la défroque d’un Auvergnat, en essayant d’en prendre la physionomie. Quand le facteur qui pour cette matinée faisait le service de la rue Saint-Lazare vint à passer, Laurent feignit d’être un commissionnaire en peine de se rappeler le nom d’une personne à laquelle il devait remettre un paquet, et consulta le facteur. Trompé d’abord par les apparences, ce personnage si pittoresque au milieu de la civilisation parisienne lui apprit que l’hôtel où demeurait la Fille aux yeux d’or appartenait à Don Hijos, marquis de San-Réal, Grand d’Espagne. Naturellement l’Auvergnat n’avait pas affaire au marquis.

– Mon paquet, dit-il, est pour la marquise.

– Elle est absente, répondit le facteur. Ses lettres sont retournées sur Londres.

 

– La marquise n’est donc pas une jeune fille qui…

– Ah ! dit le facteur en interrompant le valet de chambre et le regardant avec attention, tu es un commissionnaire comme je danse.

Laurent montra quelques pièces d’or au fonctionnaire à claquette, qui se mit à sourire.

– Tenez, voici le nom de votre gibier, dit-il en prenant dans sa boite de cuir une lettre qui portait le timbre de Londres et sur laquelle cette adresse :

À Mademoiselle

PAQUITÀ VALDES,

Rue Saint-Lazare, hôtel de San-Réal.

PARIS.

était écrite en caractères allongés et menus qui annonçaient une main de femme.

– Seriez-vous cruel à une bouteille de vin de Chablis, accompagnée d’un filet sauté aux champignons, et précédée de quelques douzaines d’huîtres ? dit Laurent qui voulait conquérir la précieuse amitié du facteur.

– À neuf heures et demie, après mon service. Où ?

– Au coin de la rue de la Chaussée-d’Antin et de la rue Neuve-des-Mathurins, AU PUITS SANS VIN, dit Laurent.

– Écoutez, l’ami, dit le facteur en rejoignant le valet de chambre, une heure après cette rencontre, si votre maître est amoureux de cette fille, il s’inflige un fameux travail ! Je doute que vous réussissiez à la voir. Depuis dix ans que je suis fact