Sois lent à l’offense et prompt à la vengeance. (Inscription gravée sur les poignards du Daghestan.)
C’était un vendredi.
Près de Bouinaky, grand village du Daghestan du Nord, la jeunesse tatare s’était réunie pour une course de chevaux, accompagnée de toutes les expériences que la hardiesse et le courage peuvent ajouter à une fête de cette espèce.
Donnons une idée du splendide paysage où la scène se passe.
Bouinaky s’élève sur les deux saillies d’une montagne escarpée et domine les environs. À gauche du chemin qui va de Derbend à Tarky, se dessine la crête du Caucase, couverte de forêts ; à droite, le rivage sur lequel vient se briser la mer Caspienne, avec un éternel murmure ou plutôt une éternelle lamentation.
Le jour tombait.
Les habitants du village, attirés par la fraîcheur de l’air plus encore que par la curiosité d’un spectacle qui se répète trop souvent pour ne pas leur être familier, avaient quitté leurs cabanes, avaient descendu la pente de leur montagne, et étaient venus se réunir par rangs aux deux côtés de la route.
Les femmes, sans voile, avec leurs mouchoirs de soie au vives couleurs roulés en turban sur leur tête, avec leurs longues robes de soie serrées à la taille par leurs courtes tuniques, avec leurs larges pantalons dekanaaus, s’étaient assises en files, tandis que les enfants couraient autour d’elles.
Quant aux hommes, réunis en cercles, ils se tena