: Jean-Bernard Gervais
: Et ça se dit médecin Chronique de la haine médicale en ligne
: Books on Demand
: 9782322445202
: 1
: CHF 6.20
:
: Allgemeines
: French
: 240
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Depuis le commencement, en mars 2020, de la pandémie de covid-19, des médecins, biens sous tous rapport, se livrent à une véritable chasse à l'homme, sur Twitter, contre tous ceux qui remettent en cause la stratégie sanitaire gouvernementale de lutte contre la Covid-19. Leurs méthodes : le harcèlement, l'insulte, le dénigrement. Leurs cibles préférées : Raoult, les militants de gauche, les syndicats, les médecins rassuristes... Ils agissent impunément, sans que le Conseil de l'Ordre ou le ministre de la Santé n'y trouvent à redire. Ce livre est un témoignage, autant qu'une enquête, sur leurs méfaits.

Jean-Bernard Gervais est journaliste depuis plus de 20 ans dans la presse spécialisée en santé.

QUACKFIGHTER IS COMIN’


Un premier essaim de twittos m’avait boursouflé de piqûres le 13 novembre. Mais pas tant que cela, et je m’y attendais tout de même un peu. Je me souvins, en effet, qu’un de mes journalistes avait été victime d’une fatwa #nofakemed, après la publication d’un article9 qui portait sur une conférence consacrée aux « médecines alternatives » organisée par l’intersyndicale nationale des internes (Isni). Il avait eu le malheur d’annoncer que l’Isni avait ouvert ses portes à toute personne qui souhaitait s’exprimer sur le sujet. Or, les médecins du collectif #NoFakemed lui avaient rétorqué qu’ils n’avaient pas été invités, et n’avaient pu faire valoir leur point de vue.

Ils avaient ordonné à Jonathan (le journaliste en question) de modifier sans plus attendre son papier, ce que ce dernier avait refusé de faire. Jonathan s’était alors pris une mini tempête de merde sur la gueule10. À la manœuvre, toujours et encore, l’inénarrable Christian Lehmann… Mais ce n’était rien, à côté des tonnes d’étrons que j’allais recevoir ce 14 novembre, larguées par des dizaines de canadairs conduits au-dessus de Twitter par les plus furieux des thuriféraires de Damien Barraud, lequel devait ressusciter sous les habits neufs de Quackfighter peu de temps plus tard.

Le réseau Twitter n’ayant pas levé la suspension de son compte Fluidloading, il avait décidé de contourner la difficulté en ouvrant un nouveau compte sous un nouveau pseudo, Quackfighter donc.

Ce samedi 14 novembre au matin, donc, comme j’en avais pris l’habitude depuis mon arrivée chez WUD, je bossais gratuitement, un peu contraint et forcé quand même, en mettant en ligne la chronique de l’un de nos pigistes cinéphiles, Guillaume. J’en profitai pour partager sur mon compte perso Twitter les articles que j’avais écrits pendant la semaine, pour WUD. Bien évidemment, je mettais en lumière le papier qui m’avait valu quelques bousculades 2.0 la veille, à savoir ma chronique sur l’éjectionmanu militari de Barraud du réseau des gazouilleurs.

Je choisissais une accroche volontiers rentre-dedans pour introduire le sujet :

« Sous prétexte d’avoir sauvé des vies en tant que réa pendant la 1re vague #COVID 19fr, Damien Barraud avait insulté la moitié de Twitter. @TwitterFrance a décidé de le suspendre. »

En 178 signes, on ne pouvait pas faire mieux pour résumer le papier. Le premier taureau à foncer tête baissée sur mon tweet/chiffon rouge fut Jean-Daniel Flaysakier (décédé depuis), le célèbre journaliste-médecin retraité de France 2 nœud-papillonné, coincé comme une paupiette dans les costards qu’il explosait… Ce samedi matin, ce fervent défenseur de l’État d’Israël, néo cons à la française, qui avait traité de « truie » la sénatrice Esther Benbassa, pour avoir osé défiler contre l’islamophobie (sic), avait vu rouge en lisant mon tweet :

« Comment peut-on oser écrire une telle bouse ? Sous prétexte de pisser de la copie dans un support publicitaire ? »

Il démarrait sur les chapeaux de roue, le retraité tourangeau. Pour lui répondre, je ne pus m’empêcher de citer le général de Gaulle :

« la vieillesse est un naufrage ».

Au clairon, Jean-Daniel, après Wargon, sonnait de nouveau la charge. De mon côté, j’avais beau me retourner de toute part, je fus obligé de constater que mes troupes faisaient défection. Dans le camp adverse, les affreuses gueules cassées #nofakemed montaient à l’assaut, la bave coulant aux commissures de leurs lèvres, les yeux injectés de sang, le couteau (ou plutôt le scalpel) entre les dents… Sabre au clair, c’était un combat corps à corps, une attaque à la e-baïonnette ; ils étaient déterminés à faire du sale :

« L’incompétence et la vulgarité n’attendent pas le nombre des années. Vous êtes un naufragé précoce (on dit aussi jeune con, mais c’est moins élégant) e »,

« Vous êtes à vomir. Lamentable. »

« Sombre échotier. Morandini de la santé »,

« Pov gars », « Scandale »…

Je ployais sous les attaques, auxquelles je ne répondais plus, jusqu’à ce que Wargon décide d’employer la grosse Bertha, en me diffamant, ni plus ni moins :

« Sous prétexte de ne pas avoir renversé le gouvernement en faveur de la révolution prolétarienne grâce à son journal, JB avait écrit un article minable pour soutenir des harceleurs de médecins. Ceux-ci ont décidé de foutre le canard à la poubelle quand il arrivera dans le service. »

Sous une blagounette second degré pas drôle du tout, Wargon sous-entendait que j’avais utilisé le journal qui m’employait pour servir des idéaux d’extrême gauche : complètement barré le gars. Aux côtés de Barraud le psychopathe, Wargon faisait un beau paranoïaque : il voyait des entristes d’extrême gauche dans toute la sphère sociale.

Il m’accusait aussi, dans son tweet, de soutenir les harceleurs de médecins, alors que je n’avais fait que relater les agissements harceleurs d’UN médecin, Barraud : comment retourner la situation à son avantage... Encore une fois, une accusation en miroirs pleine de doigté (c’est-à-dire un doigt levé).

Enfin, il prédisait que LES MÉDECINS (dont il se faisait le représentant : de quel droit ?) allaient l’écouter et foutre le canard à la poubelle, lui qui n’avait pas été foutu de se faire élire au conseil d’administration du syndicat Samu Urgences de France en 202011 : lors du renouvellement du bureau, Wargon avait terminé en avant-dernière position, juste après Yonathan Freund, un autre de ses poteaux. En termes de popularité dans la communauté médicale, Wargon, c’était pas une valeur sûre. C’est qu’il en trainait des casseroles, et même des bassines, depuis qu’il avait tenté de prendre la tête de son service d’urgence, à Avicenne, où il avait dû fuir, la queue entre les jambes, en 2006…

Quoi qu’il en soit, sa réaction provoquait encore une fois un déluge de vomis sémantiques en tout genre, dégueulé dans ma direction, certains s’interrogeant sur le financement du canard pour lequel je bossais, d’autres, tel ce médecin @marchandDeSommeil me prédisant mon licenciement sous peu (visionnaire)… Le sourire aux lèvres, j’éteignais mon écran, bien décidé à profiter de ce qu’il me restait de week-end. Mais personne n’allait me foutre la paix, en ce samedi 14 novembre.

Alors que j’essayais d’oublier cette polémique de gamins attardés surdiplômés, je recevais un appel téléphonique d’Alice, ma rédactrice en chef. Je supputais qu’elle souhaiter verser son écot au bad buzz sur Twitter et ne décrochait pas.

Je n’avais pas trop envie de patauger encore une fois dans ce marécage nauséabond où se complaisaient ces médecins psychopathes. Elle me laissait un message mielleux, empathique, comme on le lui avait appris à le faire lorsqu’elle s’adressait à ses malades agités. Alice, faut-il le rappeler, est psychiatre. Dans son message vocal, elle me sollicitait pour savoir comment répondre aux rageux de la médicosphère.

Après réflexion, je la rappelai. Alice avait ce talent (raté) d’essayer de vous faire endosser une faute en vous caressant dans le sens du poil. Une variante de l’accusation en miroir…

Je sentais qu’elle cherchait la petite bête sur mon crâne dégarni. Elle me reprochait dans un premier temps d’avoir bloqué un twittos sur le compte deWhat’s up Doc. Je ne voyais pas trop de quoi ni de qui elle voulait parler. Après vérification, je m’aperçus que j’avais en effet répudié de nos abonnés le fameux Jordanov, qui avait dû appeler...