: Jean Terence
: Dévas, tome 1
: Books on Demand
: 9782322405329
: 1
: CHF 9.70
:
: Science Fiction
: French
: 442
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
En l'an 1991, sur une Terre parallèle à la nôtre, une gigantesque planète noire appelée Thanatos se rapproche à une vitesse angoissante. Cette planète obscure n'est autre que le fief du démon Zhôd, Empereur incontesté du Bas-Astral, dont le dessein est de réduire l'humanité en esclavage. Au même moment, venu de l'an 2021 de notre temporalité, un étrange jeune homme fait son apparition. Sa mission est de réunir sept enfants dans le but de faire renaître les sept Dévas, rédempteurs de ce monde treize millénaires auparavant. Ils devront pour cela se lancer dans une quête effrénée, parcourant le monde à la recherche des sept joyaux d'Agartha, afin de pouvoir libérer leur planète des griffes de Zhôd.

2
LE COMPTE À REBOURS


Il devait être aux alentours de 11 heures en cette belle matinée du mois d’août de l’année 1991 lorsque le téléphone sonna dans le bureau du professeur Glenn Wilkinson. La matinée touchait à sa fin, et ce dernier terminait une tasse de café noir que sa jeune assistante Shirley lui avait apportée, tandis qu’il peaufinait ses recherches assidues qu’il n’avait pas délaissées depuis la veille. Il était resté éveillé toute la nuit, tant sa récente découverte l’obsédait. Et depuis son petit bureau de Londres, il travaillait en étroite collaboration avec le grand observatoire de l’Arizona, lequel planchait sur le même sujet que lui depuis deux bons mois.

– Monsieur Wilkinson, c’est pour vous ! lui annonça la jeune femme qui venait vers lui d’un air jovial, comme à son habitude, très loin de se douter de l’importance dont cet appel faisait l’objet.

– Bien, Shirley, bien… Faites patienter, j’arrive tout de suite !

L’homme se leva péniblement de son grand fauteuil de cuir qui craqua doucement. Son visage carré était encadré d’une épaisse barbe blanche, et ses petits yeux bleus cerclés de fines lunettes dorées brillaient de la lumière du savoir. Il arrivait au terme d’une très longue carrière d’illustre homme de science ; ayant fréquenté les plus grandes écoles de la planète, son chemin d’érudit avait été pavé des briques de la réussite. Il sourit légèrement, alors qu’il s’apprêtait à saisir le combiné.

– Professeur Wilkinson à l’appareil, j’écoute, dit calmement l’homme âgé dont les joues empourprées, marques de sagesse, étaient striées de rides.

– Bonjour, professeur, c’est Ted Carpenter, de l’observatoire de Tucson en Arizona ! Il est 4 heures du matin chez nous, mais je ne peux trouver le sommeil après une pareille découverte ! C’est pourquoi je me devais de vous appeler !

– Si vous ne m’aviez pas contacté, cher confrère, sachez que je l’au-rais fait moi-même. Vous n’avez même pas besoin de parler, je sais d’ores et déjà tout ce que vous allez me dire. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit moi non plus, et, pour tout vous avouer, je n’ai même plus besoin de café pour me tenir éveillé !

– Moi de même, professeur ! Nous avons tout analysé, refait maintes et maintes fois tous nos calculs. Il y a bien quelque chose de gigantesque qui se dirige droit sur notre planète !

– Vous voyez bien que je ne m’étais pas trompé ! confirma le vieil homme avec fierté, et non sans un certain enthousiasme.

– Vous riez ? s’étonna son homologue américain. Je vous signale que si cet objet nous percute, ou ne serait-ce que nous frôle de près ou de loin, ce sera la fin de notre monde tel que nous le connaissons !

– Je le sais bien, mon cher Carpenter ! Et je dois vous avouer qu’étant au crépuscule de ma vie, je ne regrette absolument rien. J’ai eu une existence bien remplie, j’ai participé à bon nombre de recherches et découvertes. J’ai animé beaucoup de colloques à travers le monde, et je sais à présent que je peux partir serein !

– Y a-t-il selon vous un quelconque moyen de se prémunir d’un tel désastre ? Nous pourrions en informer les gouvernements ? Il en est de notre devoir, ne croyez-vous pas ?

– Il est trop tard, Carpenter… Si mes calculs sont exacts, ce que je pense fort, tout comme doivent l’être les vôtres, la trajectoire de cet objet devrait croiser la nôtre dans la soirée, aux alentours de 20 heures, heure de Greenwich…

– Je confirme que nos calculs se recoupent !

– Vous comprendrez donc que nos destins sont à présent scellés. Il est inutile de fuir… Et pour aller où, d’ailleurs ? Sur une autre planète ? Construire des abris souterrains ne nous servirait à rien, et sachant qu’il ne nous reste que dix heures tout au plus… imaginez une seule seconde le vent de panique qui secouerait la population si cela venait à être divulgué par les médias !

– Que pouvons-nous faire alors ?

– Rien, mis à part attendre… attendre et prier, si du moins vous êtes croyant !

Le vieillard haussa les épaules en signe de résignation, comme s’il semblait détaché de tout cela et totalement étranger à l’avenir du monde.

– Sachez bien une chose, Carpenter, poursuivit-il avec la même insouciance, dans le meilleur des cas, bien que les chances soient quasiment nulles, si la fin du monde ne survient pas ce soir par la voie de l’espace, la main de l’homme s’acquittera de cette tâche tôt ou tard.

– J’ai vraiment du mal à croire que je vis mes derniers instants, professeur, grommela son interlocuteur en guise de réponse, bien qu’il sût au fond de lui que son illustre aîné avait raison. Nous ne pourrions même pas détourner cette chose, j’imagine ?

Le vieux scientifique eut soudain envie de rire ; il se retint pourtant, et seul un léger sourire lui vint au coin des lèvres.

– Ses dimensions sont comprises entre celles de Jupiter et de notre Soleil ! Il faudrait l’équivalent de milliards de bombes atomiques pour faire bouger cet objet ne serait-ce que d’un centimètre, mon jeune ami.

– Nous ne savons même pas s’il s’agit d’une étoile ou d’une planète, expliqua le jeune astronome, depuis l’autre côté de l’Atlantique. Nous l’avons bien observé au télescope et nous n’avons jamais rien vu de tel. On dirait une sorte d’oursin géant qui semble rouler dans l’espace.

– Sa masse est colossale, ajouta le professeur Wilkinson. Cet objet déforme le tissu de l’espace de la même façon qu’un poids d’athlète que l’on aurait posé sur une bâche en plastique, et sa vitesse ne fait qu’augmenter sa masse ! C’est un vrai monstre similaire à un trou noir qui se déplacerait dans l’espace selon une orbite elliptique.

– Va-t-il nous écraser, va-t-il nous aspirer ? Nous ne le saurons que trop tard.

– Je vais me rendre sans plus tarder à l’observatoire royal de Greenwich afin d’assister à son approche. C’est tout ce qu’il me reste à faire, mon jeune ami ! Prenez soin de vous et bonne chance, c’est tout ce que je peux vous dire !

– Adieu, professeur, travailler avec vous aura été une très belle expérience !

– Il en est de même pour moi ! Adieu, Ted…

Le professeur Wilkinson reposa le combiné, puis laissa retomber ses bras le long de son corps en soupirant, comme s’il était arrivé à destination après une longue route.

– Shirley, mon petit, vous pouvez rentrer chez vous ! Je vous accorde votre après-midi, vous l’avez bien mérité.

Mais à peine s’était-il retourné qu’il trouva sa jeune assistante, effondrée et en larmes, devant la porte de son bureau.

– Je vous ai entendu, professeur ! lui dit-elle entre deux sanglots. Vous avez parlé de la fin du monde et tout le reste… C’est vraiment trop horrible ! Je ne peux pas le croire ! Je suis encore jeune… J’ai toute la vie devant moi… Je ne veux pas mourir !

– Écoutez-moi donc, mon enfant… Cela se passera très vite. Si vite que vous ne vous rendrez compte de rien. Le temps d’un simple « boum » et tout sera fini, croyez-moi. Profitez pleinement du temps qu’il vous reste. Amusez-vous, allez au cinéma avec votre amoureux, profitez-en pour dire à tous vos proches que vous les aimez, si vous ne le leur avez pas suffisamment dit !

La jeune femme sortit un mouchoir de sa poche ; elle se moucha un grand coup avant de répondre :

– C’est bien sûr facile pour vous de dire cela… Vous avez bien profité de la vie, vous ! Pas moi.

– Je suis vraiment navré que vous ayez entendu cela, Shirley. Croyez-moi sincèrement, mais c’est ainsi. L’homme n’est le maître que de ses illusions ! La nature et le cosmos ont bien plus de pouvoir que lui !

Il jeta ensuite un long regard...