: William James
: Édition Mon Autre Librairie
: L'expérience religieuse
: Mon Autre Librairie
: 9782383710417
: 1
: CHF 2.60
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: Psychologie
: French
: 760
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Suite de conférences données à Édimbourg en 1901 et 1902, entièrement remaniée par le traducteur, en accord avec l'auteur, pour en faire un ouvrage suivi. Sur la base d'une étude psychologique empirique du fait religieux, l'auteur réussit à fonder rationnellement - et paradoxalement - le surnaturalisme. Une démonstration brillante, et qui a fait date.

William James, New York 11 janvier 1842 - Chocorua 26 août 1910 William James, frère aîné de l'écrivain Henry James, est considéré comme le père de la psychologie américaine. Son"empirisme radical" s'appuie sur l'expérience immédiate, qui unit le sujet et l'objet, et conteste ainsi l'existence d'un moi transcendant. Ses échanges permanents et féconds avec les psychologues et les philosophes de son temps ont placé son oeuvre au centre d'un important courant créatif, fructueux encore aujourd'hui.

 

 

Introduction :Délimitation du sujet

Chapitre I –Névrose et religion

Les tendances religieuses de l’homme présentent au moins autant d’intérêt pour le psychologue qu’aucun autre fait de l’esprit humain. Je me propose de les étudier en les prenant uniquement comme des faits de conscience. Mon étude étant toute psychologique, ce ne sont pas les institutions, mais plutôt les sentiments et les instincts religieux qui en feront l’objet ; je m’en tiendrai donc à ces phénomènes subjectifs qui n’apparaissent qu’aux degrés les plus avancés du développement religieux et que nous connaissons par les témoignages écrits d’hommes arrivés à la pleine conscience d’eux-mêmes, c’est-à-dire par la littérature religieuse et notamment par des autobiographies. Malgré l’intérêt que présentent l’origine et les premiers degrés d’un développement, il convient, quand on se préoccupe avant tout de pénétrer le sens d’une chose, de s’adresser aux formes les plus parfaites et les plus complètement épanouies. Les documents les plus importants pour notre étude seront ceux qui proviendront des hommes les plus avancés dans la vie religieuse et capables de rendre compte clairement de leurs idées et de leurs motifs. Ce seront ou bien des auteurs relativement modernes, ou bien, parmi les auteurs plus anciens, ceux qui sont devenus classiques en fait de religion. Les documents humains qui nous instruiront le plus n’exigeront pas l’érudition d’un spécialiste : ils sont dans le domaine courant, accessibles à tous. Je prendrai donc mes citations, mes exemples d’expériences religieuses, dans des livres qui se trouvent entre toutes les mains, et cela ne diminuera pas la valeur de mes conclusions.

La nature psychologique des tendances religieuses et leur signification philosophique sont deux questions d’ordre différent ; à ne pas s’en rendre compte, on risque de tomber dans des confusions graves. Aussi je voudrais insister un peu sur ce point avant d’aborder l’étude des documents qui serviront de matériaux à notre recherche. On est d’accord aujourd’hui pour distinguer deux ordres de recherches sur n’importe quel objet. D’une part, quelle est sa nature, son origine, son histoire ? D’autre part, quelle est son importance, sa dignité, sa valeur ? La réponse à la première question est un jugement d’existence ou de constatation, la réponse à la seconde question est un jugement devaleur ou d’appréciation. Ces deux jugements ne peuvent pas se déduire immédiatement l’un de l’autre. Ils procèdent de deux préoccupations intellectuelles tout à fait distinctes ; l’esprit doit les former chacun séparément avant de pouvoir les ajouter l’un à l’autre.

En matière de religion, il est facile de distinguer ces deux ordres de questions. Tout phénomène religieux a son histoire et dérive d’antécédents naturels. Ce qu’on appelle aujourd’hui la critique biblique est simplement une étude de la Bible au point de vue historique, étude trop négligée par l’Église jusqu’aux temps modernes. Quelle a été l’histoire de chacun des auteurs dont les divers écrits composent le saint livre ? Qu’y avait-il exactement dans l’esprit de chacun d’eux ? Ce sont là des questions de fait ; aucune réponse qu’on y pourra faire ne résoudra sur