: Manon Lilaas
: L'étoile de Noël
: Books on Demand
: 9782322389216
: 1
: CHF 3.00
:
: Essays, Feuilleton, Literaturkritik, Interviews
: French
: 496
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Découvrez trois nouvelles magiques..."Un souhait pour Noël" Se retrouver à la rue une semaine avant Noël, Jungwan n'aurait jamais pensé ça possible, et pourtant c'était le cas. Démuni, sans nulle part où aller, le jeune homme n'avait plus rien que l'espoir lorsqu'il adressa un voeu à l'étoile la plus éclatante du ciel nocturne."L'étoile de Noël" Toute son enfance, Jaehwa avait été bercé par des histoires tendres et pleines d'espoirs. En grandissant cependant, il sentait peu à peu la magie disparaître, remplacée par la morosité du quotidien. Emprisonné par cette routine qu'il ne supportait plus, il décida, à une semaine de Noël, de lever les yeux au ciel. Il avait l'espoir fou que peut-être cette étoile magique, dont sa mère lui avait toujours conté l'existence, soit réelle et puisse exaucer son voeu le plus cher."La magie de Noël" Sept jours avant Noël, tout bascula pour l'étoile lorsque pas un voeu ne fut formulé. Il semblait désormais que son temps était compté.

Auteure de vingt-deux ans, sur Wattpad depuis déjà plusieurs années sous le pseudonyme de Lilaas93, Manon a eu la chance d'être soutenue dans ses projets par des abonnés toujours plus nombreux. Leur bienveillance la pousse aujourd'hui à publier ces contes. Elle les en remercie sincèrement.

J-6 avant Noël


« Eh… Eh, toi.

— Hum…

— Réveille-toi, le gardien va pas tarder. »

Jungwan ne comprenait strictement pas ce qui se passait : pourquoi venait-on le tirer de son sommeil un weekend de vacances ? Et à qui appartenait cette voix si grave, pourtant si tendre avec lui ? Puis, brutalement, tout lui revint en mémoire. Il écarquilla soudainement les yeux, affolé, rencontrant un regard brun qui fit sursauter son cœur sous l’effet de la surprise. Il faisait encore nuit. Le visage de l’inconnu, en revanche, était baigné par la lumière rassurante d’un lampadaire.

« Eh du calme, je ne suis pas là pour te faire du mal, sourit le jeune homme, je dis simplement que tu devrais ranger tes affaires et filer vite fait. Il est six heures, le gardien va venir ouvrir les grilles ; s’il te trouve à l’intérieur, ça va chauffer.

— Et toi, qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Jungwan en le tutoyant spontanément tout en se frottant les paupières.

— Je t’ai vu alors je suis passé par-dessus la grille pour te prévenir. »

Jungwan parcourut du regard l’inconnu qui se tenait debout devant lui : des cheveux châtains coupés comme la mode l’exigeait, une peau au teint légèrement hâlé et sans imperfections, des oreilles percées en plusieurs endroits, des yeux sombres mais pénétrants et bienveillants, un nez fin, de jolies pommettes et des lèvres colorées d’un rose pâle naturel. Il portait un manteau noir, son cou était ceint d’une écharpe gris et bleu, et il avait également revêtu un jean et des baskets de ville en cuir. Avec son sac sur l’épaule, il devait être lui aussi un étudiant, peut-être rentrait-il chez lui pour les fêtes.

« T’as besoin d’aide pour ranger ? »

Le garçon désigna les quelques vêtements que Jungwan avait utilisés en guise de couverture. Il rougit de ce désordre et, s’en saisissant rapidement, il balança tous ses habits dans son sac, détournant son regard embarrassé pour ne pas voir le léger rictus qui avait pris place sur les lèvres du jeune homme.

« Oh non, t’embête pas, répondit-il précipitamment, je vais tout ranger moi-même. D’ailleurs, estce que je peux savoir ton… »

Il n’eut pas le temps d’ajouter « prénom » qu’en levant les yeux, il se rendit compte que le passant avait disparu. Sa tête pivota d’un côté et de l’autre, ahuri, mais l’étudiant s’était tout simplement envolé, comme par magie. Avec le gardien qui allait bientôt arriver, Jungwan supposa que ce garçon avait pris peur et avait préféré s’enfuir rapidement, mais il aurait au moins pu lui dire au revoir… Et puis, le petit brun aurait bien aimé le remercier, ne serait-ce que lui dire ce seul mot.

Les sourcils froncés, il tenta malgré tout un nouveau coup d’œil autour de lui ; personne.

« Depuis quand ça disparaît aussi vite, les gens ? »

Non, mieux valait ne pas s’attarder sur la question, il y avait plus urgent. Le jeune garçon fourra rapidement ses affaires dans son sac et bondit du banc avant de quitter le parc en escaladant la grille heureusement basse. Il portait son sac en bandoulière sur l’épaule gauche, si bien qu’il retombait du côté droit de son corps. Jungwan atterrit avec un certain panache.

Les rues, à cette heure, n’étaient pas encore très fréquentées, et il n’eut aucun mal à s’échapper. Une bonne chose de faite, mais restait à savoir comment il allait s’en sortir aujourd’hui : il ne possédait assez d’argent que pour un ou deux repas, pas plus – autrement dit, il pourrait tenir la journée, mais pas jusqu’au retour de vacances de Jaehwa. Il allait falloir jeûner…

Est-ce que ses parents s’inquiétaient pour lui ? Avaient-ils décidé de changer d’avis ? La colère de Jungwan avait été apaisée par la nuit et il se demanda s’il ne devait pas essayer de rentrer chez lui.

Mais les faits étaient là : tant qu’il vivrait sous ce toit, sa famille ne le laisserait pas en paix et s’accrocherait constamment à son dos. Devait-il mendier ? Ce serait dégradant ; et s’il croisait quelqu’un qu’il connaissait ? Il se sentirait inévita blement humilié… d’autant plus que c’était également risqué.

Il trouva refuge sur un autre banc pas très loin du parc où il avait dormi. Son ventre criait famine et il était en train de se demander ce qu’il pourrait bien acheter pour rester rassasié le plus longtemps possible. Il pourrait se payer des gâteaux secs ; les biscuits au blé complet ne coûtaient pas cher et ils tenaient au ventre. Il aurait bien envisagé de prendre du riz, mais il n’avait rien pour le faire cuire…

Deux heures défilèrent ainsi et, afin de penser à autre chose qu’à son estomac, l’étudiant avait sorti son téléphone. Il serra un peu plus son manteau contre lui, dans l’espoir vain de conserver avec lui sa chaleur corporelle.

~~~

Parce qu’il n’avait pas très bien dormi dans la nuit, Jungwan commençait à somnoler, son téléphone toujours entre les mains, et il dut se ressaisir pour éviter de le lâcher bêtement. D’ailleurs, l’appareil était en train de se décharger, mais à part dans un café où il devrait ensuite consommer quelque chose, le jeune garçon ignorait où il pourrait le brancher. Il avait amené son fil avec lui, ne manquait que la prise.

Il posa les coudes sur ses genoux, la tête au creux des mains, dépité. Mais qu’est-ce qu’il avait fait… Qu'est-ce qui avait bien pu lui traverser l'esprit ? Il n’aurait pas pu s’engueuler avec ses parents au mois du juin ? Non, lui il fallait qu’il ait la brillante idée de se barrer mi-décembre.

« Mais quel con, » soupira-t-il doucement.

Il ferma les yeux aussi fort qu’il le pouvait, peutêtre tous ses soucis s’évaporeraient-ils de cette manière ? Lorsqu’il les rouvrit, il constata que non, tout n’avait pas disparu si facilement. Il se trouvait toujours dans cette rue dans laquelle les passants marchaient sans le voir, et le temps continuait de s’écouler à mesure que sa batterie se vidait.

Si elle finissait par se vider, que ferait-il ? Que faire s’il lui fallait, pour une raison ou pour une autre, appeler à l’aide ?

Effrayé à cette idée, il mit son portable en veille et se redressa sur son banc, surprenant alors sur lui le regard d’un client du café dans lequel il hésitait à entrer un peu plus tôt. Honteux d’avoir été pris sur le fait, l’inconnu baissa la tête et retourna à sa boisson tandis que Jungwan lâchait un nouveau soupir.

L’heure du déjeuner arriva plus vite que ce qu’il avait imaginé, et son ventre hurlait au point que Jungwan se demanda si son estomac n’était pas, d’une façon ou d’une autre, relié à des cordes vocales internes. C’était déprimant…

« Petit, tu vis ici ? »

Jungwan releva dans un sursaut son regard jusque-là perdu dans la contemplation de ses mains posées sur ses genoux. Un garçon, plus âgé que lui d’à peine quelques années, se tenait devant lui, la mine inquiète. Il le dévisageait en cherchant probablement dans son expression la réponse à sa question. C’était un jeune homme grand, large d’épaules, détail qui intimida profondément Jungwan qui se sentit tout petit et tout frêle en comparaison.

« T’es ici depuis ce matin, reprit-il alors que le garçon restait muet, mon employé m’a averti que t’avais pas bougé en plus de quatre heures. »

Quatre heures ? Alors il s'était enfermé dans ses songes si longtemps ?

« Je suis désolé, balbutia-t-il.

— Désolé ? Y a pas de raison de l’être. Dis-moi tout d’abord pourquoi tu restes là. T’attends quelqu’un ?

— Euh… »

Son air complètement perdu le trahissait, et le visage du jeune homme en face de lui, déjà doux, se teinta d’une tendresse toute particulière face à ce gamin tout juste sorti de...