Douze ans s'étaient écoulés depuis la mort de son fils et de sa belle-fille.
Askan posa soigneusement les pinces à côté du feu de la forge.
Il s'en souvient comme si c'était hier. Sa belle-fille n'avait pas survécu à la forte perte de sang.
Le temps qu'ils arrivent à Quedlinburg, elle était morte.
Par l'intermédiaire du frère Heribert, il avait rapidement trouvé une nourrice pour le garçon. Il a trouvé un emploi de forgeron chez le comte Theotbald.
Immédiatement après les funérailles d'Alrike, il s'était mis en route pour la ferme de son fils avec un chariot couvert et une bande de cavaliers armés.
Ils avaient trouvé les corps brûlés de trois hommes. Il n'y avait aucune trace des femmes de chambre.
La maison et la grange avaient brûlé. L'atelier du forgeron a également disparu.
Ils avaient enterré les restes de son fils et des domestiques sur place.
Pendant que lui et deux compagnons cherchaient dans les cendres les moules en fer, les outils et l'enclume, les hommes à cheval faisaient le guet.
Il a fallu toute la journée pour trouver la plupart des outils et les charger dans le wagon.
et chargé sur le wagon. Leurs visages, leurs mains et leurs torses nus ont fini noirs de suie.
Le soir venu, le ciel rougeoyait à l'est et de sombres nuages de fumée s'élevaient au-dessus des bois. Ils roulèrent toute la nuit, sans relâche, jusqu'à ce qu'enfin, à l'aube, Quedlinburg soit de nouveau en vue.
Plusieurs fois, ils avaient entendu un"Hui, hui" bruyant, mais ils étaient arrivés sans être inquiétés.
Il n'avait pas eu le temps de faire son deuil alors. Le garçon était encore baptisé Askan à la demande d'Alrike. Elle avait pu lui dire ce souhait alors, avant de fermer les yeux pour toujours.
Dans les semaines et les mois qui ont suivi ces tristes événements, il n'avait guère eu le temps de réfléchir lui aussi.
Il était le seul forgeron à des centaines de kilomètres à la ronde. Ce qu'il avait prophétisé à son fils à l'époque s'est réalisé. Le métier de forgeron était nécessaire à tous.
Il recevait des commandes qui l'occuperaient pendant au moins les deux prochaines années.
A présent, il avait également formé cinq compagnons pour l'aider, et bien sûr, il avait un nouvel apprenti pour quelques semaines, son petit-fils Askan.
Ce dernier l'a regardé de côté.
"Grand-père, qu'est-ce qui ne va pas. Votre esprit n'est pas du tout sur le travail."
Le fer était devenu trop froid pour qu'on puisse le travailler davantage. Il l'a remis en place.
"Mon cher petit-fils, viens me voir un jour. J'ai quelque chose à te dire."
Askan s'était éloigné de la forge pour s'install