: . Comtesse de Ségur
: Nouveaux contes de fées
: Books on Demand
: 9782322257515
: 1
: CHF 2.40
:
: Kinderbücher bis 11 Jahre
: French
: 200
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Blondine pénétra dans le vestibule de marbre blanc et rare ; toutes les portes s'ouvrirent seules comme la première, et Blondine parcourut une suite de beaux salons. Enfin, elle aperçut, au fond d'un joli salon bleu et or, une biche blanche couchée sur un lit d'herbes fines et odorantes. - Soyez la bienvenue, Blondine ; il y a longtemps que moi et mon fils Beau-Minon nous vous attendons."Nouveaux Contes de Fées" nous entraîne dans un univers merveilleux peuplé de bonnes et de mauvaises fées, et nous relate les prodigieuses aventures vécues par cinq jeunes héros soumis à de terribles sortilèges.

Après une enfance dans son domaine de Voronovo, Sophie Rostopchine, fille du comte Rostopchine, ministre du Tsar Paul 1er et gouverneur de Moscou, se voit dans l'obligation de fuir la Russie en 1817, et se rend avec sa famille en France. En 1819, elle épouse le comte de Ségur et c'est pendant son voyage de noces qu'elle remarquera un château,'Les Nouettes', du côté d'Aube, dans l'Orne, entouré de bouleaux qui lui rappellent le parc de son enfance. Ils auront huit enfants mais c'est véritablement pour ses petits-enfants que la comtesse va commencer à écrire, notamment quand Camille et Madeleine, héroïnes des'Petites filles modèles', partent à Londres où leur père est muté. Elle est aujourd'hui l'auteur de vingt romans connus de tous, où le bien triomphe toujours du mal, mais où le plaisir ressenti à leur lecture prouve que ses histoires traversent les générations.

Le bon petit Henri


I


La pauvre mère malade


Il y avait une fois une pauvre femme qui était veuve et qui vivait seule avec son petit Henri ; elle l’aimait tendrement, et elle avait bien raison de l’aimer, car jamais on n’avait vu un plus charmant enfant. Quoiqu’il n’eût encore que sept ans, il faisait tout le ménage pendant que la pauvre maman travaillait pour aller ensuite vendre son ouvrage et faire vivre son petit Henri et elle-même. Il balayait, il lavait le plancher, il faisait la cuisine, il bêchait et cultivait le jardin, et, quand son ouvrage était fini, il se mettait à raccommoder ses habits, les souliers de sa maman, ou bien à faire des bancs, des tables et tout ce qu’il avait la force de fabriquer. La maison où ils vivaient était à eux ; elle était isolée ; en face de leur fenêtre était une haute montagne, si haute que personne n’avait jamais pu monter jusqu’au sommet ; d’ailleurs elle était entourée d’un torrent, de murs élevés et de précipices infranchissables.

Ils étaient heureux et contents ; mais un jour la pauvre maman tomba malade. Elle ne connaissait pas de médecin ; d’ailleurs elle n’aurait pas eu d’argent pour le payer. Le pauvre Henri ne savait ce qu’il fallait faire pour la guérir ; quand elle avait soif, il lui faisait boire de l’eau, car il n’avait pas autre chose à lui donner ; il restait nuit et jour près d’elle ; il mangeait à peine un morceau de pain sec au pied de son lit et, quand elle dormait, il la regardait et pleurait. La maladie augmenta de jour en jour, et enfin la pauvre femme fut tout à fait mourante ; elle ne pouvait ni parler ni même avaler quoi que ce fût ; elle ne reconnaissait plus son petit Henri, qui sanglotait à genoux près de son lit. Dans son désespoir, il s’écria :

« Fée Bienfaisante, venez à mon secours, sauvez ma pauvre maman ! »

À peine eut-il prononcé ces mots, que la fenêtre s’ouvrit, et qu’il vit entrer une dame richement vêtue qui lui demanda d’une voix douce :

« Que désirez-vous de moi, mon petit ami ? Vous m’avez appelée ; me voici.

– Madame, s’écria Henri en se jetant à ses genoux et en joignant les mains, si vous êtes la fée Bienfaisante, sauvez ma pauvre maman, qui va mourir et me laisser seul en ce monde. »

La fée regarda Henri d’un air attendri ; puis, sans mot dire, elle s’approcha de la pauvre femme, se pencha sur elle, l’examina attentivement, souffla sur son visage, et dit :

« Il n’est pas en mon pouvoir de guérir ta maman, mon pauvre enfant ; c’est à toi seul qu’est réservée sa guérison, si tu as le courage d’entreprendre le voyage que je vais t’indiquer.

– Parlez, Madame, parlez ; il n’est rien que je ne fasse pour sauver maman.

– Il faut, dit la fée, que tu ailles chercher laplante de vie qui croît au haut de la montagne que tu vois par cette fenêtre ; quand tu auras cette plante, tu en exprimeras le suc dans la bouche de ta maman, qui reviendra immédiatement à la vie.

– Je vais partir tout de suite, Madame ; mais qui est-ce qui soignera ma pauvre maman pendant mon absence ? et, d’ailleurs, ajouta-t-il en sanglotant plus fort, elle sera morte bien avant mon retour.

– Sois tranquille, pauvre enfant : si tu vas chercher la plante de vie, ta mère n’aura besoin de rien jusqu’à ton retour, et elle restera dans l’état où tu la vois actuellement. Mais tu courras bien des dangers, tu subiras bien des fatigues avant d’avoir cette plante ; il te faudra un grand courage et une grande persévérance pour la rapporter.

– Je ne crains pas, Madame, de manquer de courage et de persévérance. Dites-moi seulement comment je reconnaîtrai cette plante parmi toutes celles qui couvrent la montagne.

– Si tu arrives jusqu’en haut, tu appelleras le docteur chargé de la garde de cette plante ; tu diras que c’est moi qui t’ai envoyé, et il t’en remettra une tige. »

Henri remercia la fée en lui baisant les mains, prit congé de sa mère, la couvrit de baisers, mit un pain dans sa poche, et sortit après avoir salué respectueusement la fée.

La fée sourit en regardant ce pauvre enfant de sept ans qui partait tout seul pour gravir une montagne si dangereuse que tous ceux qui avaient tenté d’en atteindre le sommet avaient péri.

II