III
Arrivés à la poterne du mur extérieur, le sire Guy de Lévis ne se présenta point d’abord seul comme il avait fait au bac, mais il ne demanda point à faire entrer ses hommes, et dit seulement au gardien :
— Crédo, voici une prise que j’apporte en offrande au château de Terride. Ce sont de riches parures et de bonnes étoffes que ces marchands aragonais portaient jusqu’à Toulouse, et dont la plus large part, quand les comtesses auront pris la plus riche, sera distribuée à tous ceux du château.
— Y a-t-il des pourpoints de buffle pour mettre sous nos armures ? dit celui qu’on avait appelé Crédo ; car les nôtres sont si bien usés, que l’acier nous tient à la peau.
— Il y a tout ce qui peut plaire à des hommes et à des femmes ; car j’ai déjà paré de ma plus belle écharpe la jolie Guillelmète, qui nous a fait passer le bac.
— Vous avez eu tort, sire chevalier, dit Crédo ; déjà cette jeune fille a assez de vanité de sa beauté pour ne pas lui donner celle qu’elle peut tirer de sa parure. Mais il m’importe peu qu’elle soit ce qu’elle voudra, depuis qu’elle s’est mise en amour avec ce Sarrazin qui habite ici.
— Je monte au château, dit le sire de Guy, et je vais envoyer, de la part du sire de Terride, l’ordre de laisser pénétrer ici mes hommes et leurs charges.
— C’est comme si je le tenais, dit Crédo ; vous allez le demander à la comtesse Signis, car depuis longtemps le comte ne donne plus d’ordre, et la comtesse le donnera dès qu’elle entendra parler de parures. Entrez donc tout de suite, et comme je suppose que vous et vos gens passerez la nuit au château, je vais baisser la herse et fermer la poterne.
Guy de Lévis demeura pour voir entrer tous ses équipages, et leur désigna lui-même une vaste grange isolée dans le préau où ils pourraient aller décharger les roussins et se reposer.
Au moment où la porte s’allait fermer derrière le dernier mulet, un homme se glissa rapidement, et ce ne fut que lorsqu’il fut dans l’intérieur que Crédo s’aperçut que c’