: Alexandre Dumas
: La Dame aux Camélias
: Books on Demand
: 9782322206834
: 1
: CHF 3.50
:
: Hauptwerk vor 1945
: French
: 251
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Le jeune bourgeois Armand Duval raconte au narrateur du roman sa passion avec la belle Marguerite Gauthier, une courtisane demi-mondaine adorée du Tout-Paris. En dépit de l'inconvenance d'une telle liaison, il réussit à se faire aimer d'elle et la convainc d'abandonner sa vie de fastes pour se retirer avec lui. Forts de leur amour, ils surmontent les nombreux obstacles qui se dressent sur leur chemin, mais à quel prix !... Roman sentimental par excellence, incontournable de la littérature, La dame aux Camélias est une oeuvre phare pour (re)découvrir la prose poétique et envoûtante d'Alexandre Dumas fils.

Fils du célèbre écrivain Alexandre Dumas, il a abandonné ses études après un échec au baccalauréat pour devenir un écrivain et un dandy très remarqué dans le Paris du 19e siècle. Son premier roman, La Dame aux Camélias, obtient rapidement un grand succès à sa parution en 1848 et charme les lecteurs par son histoire amour fiévreuse. Il a eu une relation compliquée avec son père, laquelle une partie de son oeuvre mettant en scène des relations familiales complexes, notamment ses pièces de théâtre Le fils naturel et Un père prodigue. Il est reconnu pour son engagement pour l'émancipation des femmes.

II


II

La vente était pour le 16.

Un jour d’intervalle avait été laissé entre les visites et la vente, pour donner aux tapissiers le temps de déclouer les tentures, rideaux, etc.

À cette époque, je revenais de voyage. Il était assez naturel que l’on ne m’eût pas appris la mort de Marguerite comme une de ces grandes nouvelles que ses amis apprennent toujours à celui qui revient dans la capitale des nouvelles. Marguerite était jolie ; mais autant la vie recherchée de ces femmes fait du bruit, autant leur mort en fait peu. Ce sont de ces soleils qui se couchent comme ils se sont levés, sans éclat. Leur mort, quand elles meurent jeunes, est apprise de tous leurs amants en même temps, car à Paris presque tous les amants d’une fille connue vivent en intimité. Quelques souvenirs s’échangent à son sujet, et la vie des uns et des autres continue sans que cet incident la trouble même d’une larme.

Aujourd’hui, quand on a vingt-cinq ans, les larmes deviennent une chose si rare qu’on ne peut les donner à la première venue. C’est tout au plus si les parents qui paient pour être pleurés le sont en raison du prix qu’ils y mettent.

Quant à moi, quoique mon chiffre ne se retrouvât sur aucun des nécessaires de Marguerite, cette indulgence instinctive, cette pitié naturelle que je viens d’avouer tout à l’heure, me faisaient songer à sa mort plus longtemps qu’elle ne méritait peut-être que j’y songeasse.

Je me rappelais avoir rencontré Marguerite très souvent aux Champs-Élysées, où elle venait assidûment, tous les jours, dans un petit coupé bleu attelé de deux magnifiques chevaux bais, et avoir alors remarqué en elle une distinction peu commune à ses semblables, distinction que rehaussait encore une beauté vraiment exceptionnelle.

Ces malheureuses créatures sont toujours, quand elles sortent, accompagnées on ne sait de qui.

Comme aucun homme ne consent à afficher publiquement l’amour nocturne qu’il a pour elles, comme elles ont horreur de la solitude, elles emmènent ou celles qui, moins heureuses, n’ont pas de voiture, ou quelques-unes de ces vieilles élégantes dont rien ne motive l’élégance, et à qui l’on peut s’adresser sans crainte, quand on veut avoir quelques détails que ce soient sur la femme qu’elles accompagnent.

Il n’en était pas ainsi pour Marguerite. Elle arrivait aux Champs-Élysées toujours seule, dans sa voiture, où elle s’effaçait le plus possible, l’hiver enveloppée d’un grand cachemire, l’été vêtue de robes fort simples ; et quoiqu’il y eût sur sa promenade favorite bien des gens qu’elle connût, quand par hasard elle leur souriait, le sourire était visible pour eux seuls, et une duchesse eût pu sourire ainsi.

Elle ne se promenait pas du rond-point à l’entrée des Champs-Élysées, comme le font et le faisaient toutes ses collègues. Ses deux chevaux l’emportaient rapidement au bois. Là, elle descendait de voiture, marchait pendant une heure, remontait dans son coupé, et rentrait chez elle au grand trot de son attelage.

Toutes ces circonstances, dont j’avais quelquefois été le témoin, repassaient devant moi, et je regrettais la mort de c