: Robert-Louis Stevenson
: Nouvelles Mille et une Nuits
: Books on Demand
: 9782322206230
: 1
: CHF 2.20
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: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 272
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Comme leur titre l'indique, Les Nouvelles Mille et Une Nuits nous offrent le merveilleux sous la forme la plus franche et la plus délectable. En partie extravagantes, en partie très spécieuses, elles sont le fruit d'une idée fort heureuse : situer une série d'aventures, de pures aventures, dans le cadre de la vie anglaise contemporaine et les raconter sur le ton calme et ingénu de Schéhérazade. Dans cette veine, Le club du suicide est la plus grande réussite de R. L. Stevenson. Ses deux premières pages, sans parler des autres, demeurent gravées dans la mémoire. Pour des raisons que, j'en ai bien conscience, je suis incapable de présenter comme suffisantes.

Maître du roman d'aventure, Robert Louis Stevenson a initié le genre, l'a théorisé et n'a cessé de le redéfinir. Issu d'une famille d'ingénieurs, il est empreint à la fois d'une rationalité toute scientifique et de superstition, héritée d'une nourrice particulièrement bonne conteuse. Entré à l'université d'Edimbourg, Stevenson obtient son diplôme de droit mais n'exercera jamais au barreau. Contre l'avis de ses parents, il se tourne vers les lettres et se lance dans une vie de bohème. Tuberculeux, il commence à voyager très jeune, à la recherche de climats favorables. De ses voyages (Europe, Amérique, Polynésie.. .), il tire de nombreux récits, dont le'Voyage avec un âne dans les Cévennes'. Il se marie en 1880 et entreprend avec sa femme de nombreux séjours en Ecosse, Suisse, France, Etats-Unis... Son premier grand succès,'L' Ile au trésor', le place parmi les références du roman d'aventure : il touche un large public au delà du lectorat des enfants. Mais Stevenson écrit également des romans fantastiques, tels que'L' Etrange Cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde' (1886). Trois ans plus tard,'Le Maître de Ballantrae' marque une charnière entre l'aventure enchantée et l'aventure dramatique. De 1889 à sa mort, il ne quitte plus le Pacifique Sud qu'il évoque dans ses ultimes récits.

I


Le nom de Robert-Louis Stevenson est attaché, en France, au souvenir d’un livre d’étrennes,l’Île au Trésor, qui fit fureur il y a peu d’années. La traduction de M. Philippe Daryl nous dispense de raconter les lointains et merveilleux voyages de l’Hispaniola ; disons seulement que ce petit livre nous paraît être, par sa verve, son entrain, sa fraîcheur, par le mouvement, le ton de vérité qui y règne, un des modèles du genre.

SiKidnapped, qui vit le jour ensuite, s’adresse plus exclusivement, à cause de la saveur écossaise dont il est imprégné, aux jeunes compatriotes de son héros, David Balfour, l’histoire n’en est pas moins, d’un bout à l’autre, amusante, et c’est une idée ingénieuse, en outre, que d’avoir fait raconter la fin du drame jacobite par un whig qui se trouve forcément enrôlé dans le camp de ses adversaires.

La scène se passe en 1751, à l’époque où des oncles dénaturés pouvaient encore faire embarquer les neveux qui les gênaient sur un brick de mauvais renom, pour les envoyer à la Caroline, où ils étaient vendus sans plus de formes. Comment ce gamin énergique et honnête, David Balfour, échappe à son sort, et tout ce qu’il souffre dans une île déserte, voisine des côtes d’Écosse, avant sa périlleuse équipée à travers les Highlands, en compagnie d’Alan Breck Stewart, un rival jacobite de d’Artagnan, voilà des aventures dont on peut dire ce que La Fontaine disait dePeaud’âne ; il n’est personne qui ne prenne un plaisir extrême à lireKidnapped. M. Stevenson s’y pose en compatriote de Walter Scott et de Burns, il nous fait respirer sa bruyère natale et met à tout ce qu’il touche le sceau d’une des qualités de sa race, laquaintness : esprit, originalité, grâce un peu bizarre et parfois maniérée, il y a de tout cela dans ce que peint par excellence ce mot dequaint, si parfaitement intraduisible, quoiqu’il dérive de notre vieux français, à en croire les dictionnaires.

Écossais, Stevenson l’est encore, – il l’a prouvé depuis, – par le sentiment du fantastique, le goût du surnaturel, la préoccupation des lois morales, des problèmes philosophiques, et par je ne sais quelle gaieté morose,grim humour, qui déconcerte et qui attache à la fois. Mais il est, en même temps, cosmopolite, Parisien du boulevard, Américain du Far-West, comme le montrent ses spirituelles notes de voyages. Hier encore son adresse était à Honolulu ; peut-être aujourd’hui est-il de retour à New-York, qui le revendique comme Londres revendique Henry James. Sa vie errante a formé une personnalité très curieuse, très moderne et franchement excentrique, qui apparaît à travers une série de productions d’inégale valeur, mais dont aucune n’est banale. Ce citoyen du monde a bien vu tous les pays dont il parle, soit qu’il nous présenteles Squatters du Silverado, soit qu’il nous invite à glisser lentement, à bord de sonAréthuse, sur les canaux de la Belgique et de la France, soit qu’il s’arrête pour deviser familièrement avec ses amis les peintres de Barbizon, sous les ombrages de la forêt de Fontainebleau. Ici ou là, il rend son impression d’un trait net et précis. Point de longueurs, point de remplissage inutile. Aucun de ses ouvrages, en dépit de certaines exigences des éditeurs anglais auxquelles il a refusé énergiquement jusqu’ici de se soumettre, n’a plus d’un volume ; la concision, la clarté incisive, une grande simplicité, sont les qualités maîtresses de son style. Sceptique et railleur, il réussit à nous captiver sans avoir jamais recours à l’élément sentimental, et touche parfois des questions hardies sans tomber dans ce qu’on est convenu d’appeler l’immoralité, bien qu’il ne se soucie guère de nous montrer des personnages vertueux et qu’il ait le talent pervers d’exciter notre sympathie en faveur d’individualités tout au moins équivoques. Réussir, avec de pareilles tendances, à collaborer aux bibliothèques d’éducation et de récréation, c’est la preuve d’une souplesse peu commune.

Après avoir assuré son empire sur des milliers de jeunes lecteurs dans l’ancien et dans le nouveau monde, M. Stevenson paraît s’être dit : « Voyons si les vieux seront plus difficiles, s’ils ne mordront pas, eux aussi, à l’hameçon des contes bleus ? » Et il lança sesNouvelles Mille et une Nuits, où la féerie se met au service de la réalité par un procédé ravi à miss Thackeray. Combien de fois les talent