: Alexandre Dumas père
: La Reine Margot Tome II
: Books on Demand
: 9782322184125
: 1
: CHF 4.50
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: Hauptwerk vor 1945
: French
: 427
: Wasserzeichen
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: ePUB
On marie Marguerite de Valois à Henri de Navarre dans le but politique d'établir la paix entre protestants et catholiques dans une époque secouée par les guerres de religion. Le mariage de la soeur de Charles IX est l'occasion de grandes fêtes en France et notamment à Paris où le peuple est en liesse.

Alexandre Dumas est un écrivain français né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts et mort le 5 décembre 1870 au hameau de Puys, ancienne commune de Neuville-lès-Dieppe, aujourd'hui intégrée à Dieppe.

II. La reconnaissance du roi Charles IX.


Maurevel était resté une partie de la journée dans le cabinet des Armes du roi ; mais, quand Catherine avait vu approcher le moment du retour de la chasse, elle l’avait fait passer dans son oratoire avec les sbires qui l’étaient venus rejoindre.

 

Charles IX, averti à son arrivée par sa nourrice qu’un homme avait passé une partie de la journée dans son cabinet, s’était d’abord mis dans une grande colère qu’on se fût permis d’introduire un étranger chez lui. Mais se l’étant fait dépeindre, et sa nourrice lui ayant dit que c’était le même homme qu’elle avait été elle-même chargée de lui amener un soir, le roi avait reconnu Maurevel ; et se rappelant l’ordre arraché le matin par sa mère, il avait tout compris.

 

– Oh ! oh ! murmura Charles, dans la même journée où il m’a sauvé la vie ; le moment est mal choisi.

 

En conséquence il fit quelques pas pour descendre chez sa mère ; mais une pensée le retint.

 

– Mordieu ! dit-il, si je lui parle de cela, ce sera une discussion à n’en pas finir ; mieux vaut que nous agissions chacun de notre côté.

 

– Nourrice, dit-il, ferme bien toutes les portes, et préviens la reine Élisabeth[1], qu’un peu souffrant de la chute que j’ai faite, je dormirai seul cette nuit.

 

La nourrice obéit, et, comme l’heure d’exécuter son projet n’était pas arrivée, Charles se mit à faire des vers.

 

C’était l’occupation pendant laquelle le temps passait le plus vite pour le roi. Aussi neuf heures sonnèrent-elles que Charles croyait encore qu’il en était à peine sept. Il compta l’un après l’autre les battements de la cloche, et au dernier il se leva.

 

– Nom d’un diable ! dit-il, il est temps tout juste. Et, prenant son manteau et son chapeau, il sortit par une porte secrète qu’il avait fait percer dans la boiserie, et dont Catherine elle-même ignorait l’existence. Charles alla droit à l’appartement de Henri. Henri n’avait fait que rentrer chez lui pour changer de costume en quittant le duc d’Alençon, et il était sorti aussitôt.

 

– Il sera allé souper chez Margot, se dit le roi ; il était au mieux aujourd’hui avec elle, à ce qu’il m’a semblé du moins. Et il s’achemina vers l’appartement de Marguerite.

 

Marguerite avait ramené chez elle la duchesse de Nevers, Coconnas et La Mole, et faisait avec eux une collation de confitures et de pâtisseries.

 

Charles heurta à la porte d’entrée : Gillonne alla ouvrir ; mais à l’aspect du roi elle fut si épouvantée, qu’elle trouva à peine la force de faire la révérence, et qu’au lieu de courir pour prévenir sa maîtresse de l’auguste visite qui lui arrivait, elle laissa passer Charles sans donner d’autre signal que le cri qu’elle avait poussé.

 

Le roi traversa l’antichambre, et, guidé par les éclats de rire, il s’avança vers la salle à manger.

 

« Pauvre Henriot ! dit-il, il se réjouit sans penser à mal. »

 

– C’est moi, dit-il en soulevant la tapisserie et en mon