: Alexandre Dumas père
: Le Comte de Monte-Cristo Tome I
: Books on Demand
: 9782322184163
: 1
: CHF 4.50
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: Hauptwerk vor 1945
: French
: 521
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Le Comte de Monte-Cristo, un roman d'Alexandre Dumas achevé en 1844, est une grande saga racontant la vie d'Edmond Dantès, officier second sur le navire Pharaon de l'armateur Morrel. ... Satisfait de sa prestation, Morrel lui confie alors son navire et le nomme capitaine.

Alexandre Dumas est un écrivain français né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts et mort le 5 décembre 1870 au hameau de Puys, ancienne commune de Neuville-lès-Dieppe, aujourd'hui intégrée à Dieppe.

II. Le père et le fils.


Laissons Danglars, aux prises avec le génie de la haine, essayer de souffler contre son camarade quelque maligne supposition à l’oreille de l’armateur, et suivons Dantès, qui, après avoir parcouru la Canebière dans toute sa longueur, prend la rue de Noailles, entre dans une petite maison située du côté gauche des Allées de Meilhan, monte vivement les quatre étages d’un escalier obscur, et, se retenant à la rampe d’une main, comprimant de l’autre les battements de son cœur, s’arrête devant une porte entre baillée, qui laisse voir jusqu’au fond d’une petite chambre.

 

Cette chambre était celle qu’habitait le père de Dantès.

 

La nouvelle de l’arrivée duPharaon n’était encore parvenue au vieillard, qui s’occupait, monté sur une chaise, à palissader d’une main tremblante quelques capucines mêlées de clématites, qui montaient en grimpant le long du treillage de sa fenêtre.

 

Tout à coup il se sentit prendre à bras-le-corps, et une voix bien connue s’écria derrière lui :

 

« Mon père, mon bon père ! »

 

Le vieillard jeta un cri et se retourna ; puis, voyant son fils, il se laissa aller dans ses bras, tout tremblant et tout pâle.

 

« Qu’as-tu donc, père ? s’écria le jeune homme inquiet ; serais-tu malade ?

 

– Non, non, mon cher Edmond, mon fils, mon enfant, non ; mais je ne t’attendais pas, et la joie, le saisissement de te revoir ainsi à l’improviste… mon Dieu ! il me semble que je vais mourir !

 

– Eh bien, remets-toi donc, père ! c’est moi, bien moi ! On dit toujours que la joie ne fait pas mal, et voilà pourquoi je suis entré ici sans préparation. Voyons, souris-moi, au lieu de me regarder comme tu le fais, avec des yeux égarés. Je reviens et nous allons être heureux.

 

– Ah ! tant mieux, garçon ! reprit le vieillard, mais comment allons-nous être heureux ? tu ne me quittes donc plus ? Voyons, conte-moi ton bonheur.

 

– Que le Seigneur me pardonne, dit le jeune homme, de me réjouir d’un bonheur fait avec le deuil d’une famille ! Mais Dieu sait que je n’eusse pas désiré ce bonheur ; il arrive, et je n’ai pas la force de m’en affliger : le brave capitaine Leclère est mort, mon père, et il est probable que, par la protection de M. Morrel, je vais avoir sa place. Comprenez-vous, mon père ? capitaine à vingt ans ! avec cent louis d’appointements et une part dans les bénéfices ! n’est-ce pas plus que ne pouvait vraiment l’espérer un pauvre matelot comme moi ?

 

– Oui, mon fils, oui, en effet, dit le vieillard, c’est heureux.

 

– Aussi je veux que du premier argent que je toucherai vous ayez une petite maison, avec un jardin pour planter vos clématites, vos capucines et vos chèvrefeuilles… Mais, qu’as-tu donc, père, on dirait que tu te trouves mal ?

 

– Patience, patience ! ce ne sera rien. »

 

Et, les forces manquant au vieillard, il se renversa en arrière.

 

« Voyons ! voyons ! dit le jeune homme, un verre de vin, mon père ; cela vous ranimera ; où mettez-vous votre vin ?

 

– Non, merci, ne cherche pas ; je n’en ai pas besoin, dit le vieillard essayant de retenir son fils.

 

– Si fait, si fait, père, indiquez-moi l’endroit. »

 

Et il ouvrit deux ou trois armoires.

 

« Inutile… dit le vieillard, il n’y a plus de vin.

 

– Comment, il