: Charles Dickens
: BARNABÉ RUDGE Tome I
: Books on Demand
: 9782322191321
: 1
: CHF 3.90
:
: Historische Romane und Erzählungen
: French
: 595
: Wasserzeichen
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: ePUB
Londres au XVIIIème siècle. Les protestants transcendés par lord George Gordon se rebellent contre le parlement et les catholiques. De sanglantes émeutes éclatent un peu partout dans la région londonienne, qui vont conduire la foule galvanisée au meurtre et au saccage. Une histoire dramatique immortalisée par un grand auteur.

Charles John Huffam Dickens, né à Landport, près de Portsmouth, dans le Hampshire, comté de la côte sud de l'Angleterre, le 7 février 1812 et mort à Gad's Hill Place à Higham dans le Kent, le 9 juin 1870, est considéré comme le plus grand romancier de l'époque victorienne.

CHAPITRE II.


« Voilà une étrange histoire ! dit l'homme qui avait donné lieu au récit, plus étrange encore si votre prédiction se réalise. Est-ce tout ? »

 

Une question tellement inattendue ne piqua pas peu Salomon Daisy. À force de raconter cette histoire très souvent, et de l'embellir, disait-on au village, de quelques additions que lui suggéraient de temps à autre ses divers auditeurs, il en était venu par degrés à produire en la racontant un grand effet ; et ce « Est-ce tout ? » après le crescendo d'intérêt, certes, il ne s'y attendait guère.

 

« Est-ce tout ? répéta le sacristain ; oui, monsieur, oui, c'est tout. Et c'est bien assez, je pense.

 

– Moi, de même. Mon cheval, jeune homme. Ce n'est qu'une rosse, louée à une maison de poste sur la route ; mais il faut que l'animal me porte à Londres ce soir.

 

– Ce soir ! dit Joe.

 

– Ce soir, répliqua l'autre. Qu'avez-vous à vous ébahir ? Cette taverne a l'air d'être le rendez-vous de tous les gobe-mouches du voisinage. »

 

En entendant cette évidente allusion à l'examen qu'on lui avait fait subir, comme nous l'avons mentionné dans le précédent chapitre, les yeux de John Willet et de ses amis se dirigèrent de nouveau vers le chaudron de cuivre avec une rapidité merveilleuse. Il n'en fut pas ainsi de Joe, garçon plein d'ardeur, qui soutint d'un regard ferme l'œillade irritée de l'inconnu, et lui répondit :

 

« Il n'y a pas grande hardiesse à s'étonner que vous partiez ce soir. Certainement une question si inoffensive vous a été faite déjà dans quelque auberge, et surtout par un temps meilleur que celui-ci. Je supposais que vous pouviez ne pas connaître la route, puisque vous semblez étranger à ce pays.

 

– La route ? répéta l'autre d'un ton agacé.

 

– Oui. La connaissez-vous ?

 

– Je la… hum !… Je la trouverai bien, répliqua l'homme en agitant la main et en tournant sur ses talons. L'aubergiste, payez-vous. »

 

John Willet fit ce que désirait son hôte : car, sur cet article, rarement montrait-il de la lenteur, sauf lorsqu'il y avait des détails de change, parce qu'alors il lui fallait constater si chaque pièce d'argent qu'on lui présentait au comptoir était bonne, l'essayer avec ses dents ou sa langue, la soumettre à toute autre épreuve, ou, dans le cas douteux, à une série de contestations terminées par un rejet formel. L'homme, son compte réglé, s'enveloppa de ses vêtements de manière à se garantir le plus possible du temps atroce qu'il faisait, et, sans le moindre mot ou signe d'adieu, il alla vers l'écurie. Joe, qui avait quitté la salle après leur court dialogue, était dans la cour, s'abritant de la pluie, ainsi que le cheval, sous le toit en auvent d’un vieux hangar.

 

« Il est joliment de mon avis, dit Joe en tapotant le cou du cheval ; je gagerais qu'il serait plus charmé de vous voir rester ici cette nuit que je ne le serais moi-même.

 

– Lui et moi ne sommes pas d'accord, comme cela nous est arrivé plus d'une fois dans notre passage sur cette route-ci, fut la brève réponse.

 

– C'est ce que je pensais avant votre sortie de la salle, car il paraît qu'elle a senti vos éperons, la pauvre bête. »

 

L'étranger, sans répondre, ajusta autour de sa figure le collet de sa redingote.

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