: Gustave Aimard
: Le Grand Chef des Aucas Tome I
: Books on Demand
: 9782322192618
: 1
: CHF 4.50
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: Hauptwerk vor 1945
: French
: 401
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Ce roman est paru la même année que Les trappeurs de l'Arkansas. Après avoir esquissé quelques-unes des aventures qu'il a vécues dans les prairies pendant les vingt années qu'il a passées parmi les tribus indiennes, Gustave Aimard se laisse emporter par le flot puissant de ses souvenirs. Nous faisons connaissance avec Valentin Guillois, héros récurrent que nous retrouverons dans les trois volumes qui suivent Le grand chef des Aucas.

Gustave Aimard est le pseudonyme de Olivier Gloux, romancier français né le 13 septembre 1818 à Paris où il est mort le 20 juin 1883.

I. LE CHAPARRAL.


Pendant mon dernier séjour en Amérique, le hasard, ou plutôt ma bonne étoile, me fit lier connaissance avec un de ces chasseurs, ou coureurs des bois, dont le type a été immortalisé par Cooper, dans son poétique personnage deBas de cuir.

 

Voici dans quelle étrange circonstance, Dieu nous plaça en face l’un de l’autre :

 

Vers la fin de juillet 1855, j’avais quitté Galveston, dont je redoutais les fièvres, mortelles pour les Européens, avec le projet de visiter la partie N.-O. du Texas, que je ne connaissais pas encore.

 

Un proverbe espagnol dit quelque part :mas vale andar solo que mal acompanado, mieux vaut aller seul que mal accompagné.

 

Comme tous les proverbes, celui-ci possède un certain fond de vérité, surtout en Amérique, où l’on est exposé à chaque instant à rencontrer des coquins de toutes les couleurs qui, grâce à leurs dehors séduisants, vous charment, captent votre confiance, et en profitent sans remords à la première occasion, pour vous détrousser et vous assassiner.

 

J’avais fait mon profit du proverbe, et, en vieux routier des prairies, comme je ne voyais autour de moi personne qui m’inspirât assez de sympathie pour en faire mon compagnon de voyage, je m’étais bravement mis en route seul, revêtu du pittoresque costume des habitants du pays, armé jusqu’aux dents, et monté sur un excellent cheval demi sauvage, qui m’avait coûté vingt-cinq piastres ; prix énorme pour ces contrées, où les chevaux sont presque à rien.

 

Je m’en allais donc insoucieusement, vivant de la vie du nomade, si pleine d’attraits ; tantôt m’arrêtant dans unetolderia, tantôt campant dans le désert, chassant les fauves, et m’enfonçant de plus en plus dans des régions inconnues.

 

J’avais, de cette façon, traversé sans encombre, Fredericksburg, le Llano Braunfels, et je venais de quitter Castroville, pour me rendre à Quihi.

 

De même que tous les villages hispano-américains, Castroville est une misérable agglomération de cabanes ruinées, coupée à angles droits par des rues obstruées de mauvaises herbes qui y poussent en liberté, et cachent des multitudes de fourmis, de reptiles, et même de lapins d’une fort petite espèce, qui partent sous les pieds des rares passants.

 

Lepueblo est borné à l’O. par laMédina, mince filet d’eau presque à sec dans les grandes chaleurs, et à l’E. par des collines boisées, dont le vert sombre tranche agréablement à l’horizon sur le bleu pâle du ciel.

 

Je m’étais chargé à Galveston d’une lettre pour un habitant de Castroville.

 

Le digne homme, dans ce village, vivait comme le rat de La Fontaine, au fond de son fromage de Hollande. Charmé de l’arrivée d’un étranger, qui lui apprendrait sans doute des nouvelles, dont, depuis si l