: Simon Boudey
: Match pour le titre de champion du monde d'échecs Wilhelm Steinitz - Mikhaïl Tchigorine
: Books on Demand
: 9782322244065
: 1
: CHF 5.70
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: Spielen, Raten
: French
: 120
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Après sa victoire en 1886 contre Johannes Zukertort, Wilhelm Steinitz va devoir faire face à Mikhail Tchigorine qui est alors le meilleur joueur de l'empire Russe. À l'instar du premier match, c'est une opposition de style, avec un jeu positionnel pour Steinitz, contre un jeu dynamique pour Tchigorine. Dans la même continuité que le premier volume, ce livre retrace l'intégralité du match avec des analyses pour chacune des parties. Les nombreux déséquilibres stratégiques présents dans ce duel permettent de fournir au lecteur un matériel échiquéen intéressant à étudier, que ce soit au niveau du rapport matériel que des structures de pions. Ce match est également celui des préparations dans les ouvertures. Tchigorine avec son Gambit Evans et sa « Proto-Tchigorine » (1.d4 d5 2.Cf3 Fg4) va rapidement décider du terrain pour le combat. Les deux joueurs, au fur et à mesure du match, vont affiner leurs préparations, leurs idées et leurs coups afin de détruire l'adversaire dès l'ouverture.

Wilhelm Steinitz – Mikhaïl Tchigorine (1889)


Le second match du Championnat du monde se déroula à La Havane à Cuba, Steinitz, champion en titre, remit son titre en jeu contre le Russe Tchigorine. Un choix intéressant de la part de Steinitz qui aurait pu choisir un adversaire avec un style de jeu « moins dangereux » pour lui. Le match était prévu en 20 parties, le premier à atteindre au minimum 10 ½ est déclaré gagnant, et en cas de 10-10 Steinitz conserve son titre. Le match se déroula du 20 janvier 1889 au 24 février 1889, avec une bourse de 1 150 dollars. Le temps de réflexion était fixé à trente coups en deux heures, puis quinze coups en une heure.

Mikhaïl Tchigorine (1850 – 1908), joueur de l’empire russe débuta les échecs à 16 ans et prit le jeu et la compétition au sérieux à l’âge de 24 ans. À partir de 1876 il joua régulièrement des grands tournois ou matchs, en majorité à Saint-Pétersbourg, la capitale de la Russie de l’époque, avec notamment pour adversaire Alapine et Schiffers. Suite à ses victoires, il prit part aux compétitions internationales au début des années 80 notamment à Berlin, Vienne et le grand tournoi de Londres de 1883, où il rencontra Steinitz et Zukertort ainsi que d’autres joueurs célèbres comme Winawer, Blackburne, ou Paulsen.

Comme Steinitz il laissa au monde son empreinte et plus particulièrement en Russie. Grand joueur d’attaque il avait une conception du jeu extrêmement dynamique à l’inverse de Steinitz. Il n’hésitait pas modifier le rapport matériel en échangeant le Fou contre le Cavalier (qu’il considérait supérieur) pour créer des positions avec un fort déséquilibre dès le début de la partie. Bien qu’on considère Tchigorine comme un joueur de l’époque romantique, c’est avant tout un joueur pratique par excellence qui ne s’attache pas à des principes comme Steinitz, mais cherche à faire une analyse détaillée et objective des positions sans dogmatisme. Cela influencera grandement le style d’Alexandre Alekhine. Malgré cette opposition avec Steinitz, et plus tard avec Tarrasch, il reconnaitra la justesse de certaines des idées de celui-ci. Ce conflit des styles sera bénéfique aux échecs, les grands principes de Steinitz comportent des exagérations et des fautes et se sont des joueurs comme Tchigorine ou Lasker par exemple qui vont corriger et affiner les idées.

Il laisse dans plusieurs ouvertures son nom et notamment la défense Tchigorine contre le Gambit Dame, 1.d4 d5 2.c4 c6 qui à elle seule représente tout le style du joueur. Il laissa également son nom à une variante de l’Espagnole, 1.e4 e5 2.f3 c6 3.b5 a6 4.a4 f6 5.0-0 e7 6.e1 b5 7.b3 d6 8.c3 0-0 9.h3 a5 10.c2 c5 11.d4 c7 :

Variante qui sera au répertoire des meilleurs joueurs du monde du début du XXe siècle comme Lasker, Capablanca ou Rubinstein.

L’autre très grande contribution de Tchigorine fut la publication d’un magazine d’échecs et la fondation d’une école qui deviendra des années plus tard, sous l’impulsion de Lénine et du régime soviétique pour populariser les échecs, l’école soviétique qui engendra énormément de joueurs exceptionnels et plusieurs champions du monde.

Nous retrouverons à nouveau Tchigorine en tant que challenger face à Steinitz en 1892 pour le 4e match de championnat du monde.

Tchigorine décèdera le 12 janvier 1908 à 57 ans suite à une maladie du foie et un diabète diagnostiqué en 1905.

Les informations suivantes sur Steinitz sont les mêmes que celle du 1er volume.

Wilhelm Steinitz (1839 – 1900), joueur autrichien puis naturalisé américain en 1888, peut être considéré comme le plus digne successeur de Philidor en ce qui concerne la stratégie échiquéenne. Il étudia les thèses de celui-ci et approfondit la compréhension générale de la structure de pion. De par cette logique, il mit fin à l’époque romantique et à ses attaques à outrance pour poser un jeu plus rationnel, ce qui donnera naissance à l’époque classique. Pour Steinitz et ses successeurs la stratégie du jeu repose sur des critères objectifs, des éléments, afin de donner une évaluation de la position et d’en déduire les objectifs par ces différents éléments (pion faible, case forte, type de structure, position du Roi, etc.).

L’attaque contre le Roi n’est dont plus une obligation, mais est un paramètre à prendre en compte parmi d’autres. Cependant quand celui-ci est le paramètre essentiel d’une position, il n’hésitera pas à prendre sa chance et montrer tout son génie tactique.

En 1862-1863 il affronta à Londres le très fort joueur anglais, Joseph Blackburne, une icône du jeu romantique et extrêmement imaginatif. Ce match fut un test pour Steinitz et ses idées. Il remporta la victoire sur le score impressionnant de +7 -1 =2. Fort de cette victoire il ne lui restait plus qu’un seul adversaire, Adolf Anderssen qu’il affronta en 1886. Il remportera le match sur le score de +8 -6.

Grâce à cette victoire, il se considéra alors comme le champion du monde. Il affronta plusieurs joueurs en match contestant ce titre alors officieux, Bird (+7 -5 =5) en 1866, Zukertort (+7 -1 =4) en 1872, Blackburne à nouveau (+7 -0 =0) en 1876.

Finalement il faudra attendre que Zukertort suite à sa grande victoire à Londres en 1883, propose à Steinitz un nouveau match, match qui donnera enfin le titre officiel de champion du monde.

Bien que la spécialité de Steinitz soit les matchs plutôt que les tournois, il remporta plusieurs tournois durant les années 70, Londres en 1872, Vienne en 1873 où participaient les meilleurs joueurs de l’époque.

Durant ses années en Angleterre il publia de nombreux articles d’échecs dans le magazine « The Field », notamment sur la stratégie et ses principes. Ces nouveaux concepts deviendront la base moderne des échecs qui influenceront la théorie et la pratique échiquéenne.

Un des concepts le plus connus étant le « Roi fort » où Steinitz considéra le Roi comme une pièce offensive très forte, c’est d’ailleurs cette idée qu’il mit en avant dans le gambit Steinitz sur la Viennoise, on retrouvera cette idée dans certaines parties, devenue célèbre, « Wilhelm, S – Paulsen, L » en 1870 par exemple.

Un autre grand concept de Steinitz est la catégorisation des avantages. Soit il y a des avantages permanents (avantage matériel, case faible, pion passé, paire de Fous, etc.) et les avantages temporaires (avantage de développement, l’espace, la prise du centre, position des pièces). Cette catégorisation des avantages permet d’obtenir un bilan de la position qui nous permettra d’établir une liste des coups candidats. Steinitz dira que quand un camp a un avantage permanent il peut prendre du temps et solidifier la position, à l’inverse l’avantage temporaire doit être rapide, car cet avantage ne dure pas dans le temps et risque de s’évaporer. Il mettra sa théorie en pratique dans ce match notamment dans les parties contre le pion isolé où il montrera les idées pour jouer ce type de position. Même si sa technique n’est pas parfaite, le concept est présent et cela est sans doute le plus important pour la continuité et le développement du jeu.

Il formula également des principes mettant en rapport le placement des pièces par rapport à la structure donnant naissance aux deux questions fondamentales pour la stratégie échiquéenne : « pour quelle structure dois-je jouer ? » et « pour quel échange dois-je jouer ? ».

À la suite de problèmes avec le rédacteur du magazine, mais également avec les joueurs britanniques qui n’apprécient pas particulièrement Steinitz ainsi que ses idées « révolutionnaires » pour la communauté de l’époque. Il décida de partir vers les États-Unis et s’installa à New York en 1883. Sa situation financière n’étant pas stable il dut se remettre à écrire pour pouvoir survivre. Ainsi il fonda « The International Chess Magazine » et exposa ses idées sur le jeu d’échecs de 1885 à 1891.

En 1886 il affronta Johannes Zukertort dans le 1er match officiel pour le titre de champion du monde. Sa compréhension du jeu par...