: Alain Fournier
: Le Grand Meaulnes
: Books on Demand
: 9782322183333
: 1
: CHF 3.50
:
: Erzählende Literatur
: French
: 263
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Le roman retrace l'aventure d'Augustin Meaulnes, racontée par son ancien camarade de classe, François Seurel, devenu son ami. Augustin Meaulnes arrive, par « un froid dimanche de novembre », comme pensionnaire au Cours supérieur de Sainte-Agathe.

Alain-Fournier, pseudonyme d'Henri-Alban Fournier, né le 3 octobre 1886 à La Chapelle-d'Angillon dans le Cher et tué au combat le 22 septembre 1914 (à 27 ans) à Saint-Remy-la-Calonne, est un écrivain français, dont l'oeuvre la plus célèbre est Le Grand Meaulnes (1913).

Première Partie


3

Le Pensionnaire.


Il arriva chez nous un dimanche de novembre 189…

Je continue à dire « chez nous », bien que la maison ne nous

appartienne plus. Nous avons quitté le pays depuis bientôt quinze ans

et nous n’y reviendrons certainement jamais.

Nous habitions les bâtiments du Cour Supérieur de Sainte-Agathe.

Mon père, que j’appelais M. Seurel, comme les autres élèves, y

dirigeait à la fois le Cours supérieur, où l’on préparait le brevet

d’instituteur, et le Cours moyen. Ma mère faisait la petite classe.

Une longue maison rouge, avec cinq portes vitrées, sous des

vignes vierges, à l’extrémité du bourg ; une cour immense avec

préaux et buanderie, qui ouvrait en avant sur le village par un grand

portail ; sur le côté nord, la route où donnait une petite grille et qui

menait vers La Gare, à trois kilomètres ; au sud et par-derrière, des

champs, des jardins et des prés qui rejoignaient les faubourgs… tel

est le plan sommaire de cette demeure où s’écoulèrent les jours les

plus tourmentés et les plus chers de ma vie – demeure d’où partirent

et où revinrent se briser, comme des vagues sur un rocher désert, nos

aventures.

Le hasard des « changements », une décision d’inspecteur ou de

préfet nous avaient conduits là. Vers la fin des vacances, il y a bien

longtemps, une voiture de paysan, qui précédait notre ménage, nous

avait déposés, ma mère et moi, devant la petite grille rouillée. Des

gamins qui volaient des pêches dans le jardin s’étaient enfuis

silencieusement par les trous de la haie…