: Flora Tristan
: Pérégrinations d'une paria Tome 1
: Librorium Editions
: 9783966613217
: 1
: CHF 0.80
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: Reiseberichte, Reiseerzählungen
: French
: 440
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Ersécutée par son mari qui cherche à la priver de ses enfants, Flora Tristan part à bord du Mexicain pour aller rencontrer la famille de son père au Pérou. Incroyable voyage à lépoque, (1ère moitié du XIXème siècle) pour une jeune femme qui voyage seule dans un monde où la femme na pas plus de droits que lenfant et risque à tout moment violences et humiliations. Un récit de voyage qui décrit non seulement la vie dans un bateau et une traversée exténuante, le passage du cap Horn, une étape au Chili avant daccoster au Pérou, et de franchir à dos de mule lespace désertique et montagneux qui la sépare dArequipa, la ville de sa famille.

Née à Paris le 7 avril 1803 et morte à Bordeaux le 14 novembre 1844, est une femme de lettres, militante socialiste et féministe française, qui fut l'une des figures majeures du débat social dans les années 1840 et participa aux premiers pas de l'internationalisme.

AVANT PROPOS


Avant de commencer la narration de mon voyage, je dois faire connaître au lecteur la position dans laquelle je me trouvais lorsque je l’entrepris et les motifs qui me déterminèrent, le placer à mon point de vue, afin de l’associer à mes pensées et à mes impressions.

Ma mère est Française : pendant l’émigration elle épousa en Espagne un Péruvien ; des obstacles s’opposant à leur union, ils se marièrent clandestinement, et ce fut un prêtre français émigré qui fit la cérémonie du mariage dans la maison qu’occupait ma mère. J’avais quatre ans lorsque je perdis mon père à Paris. Il mourut subitement, sans avoir fait régulariser son mariage, et sans avoir songé à y suppléer par des dispositions testamentaires. Ma mère n’avait que peu de ressources pour vivre et nous élever, mon jeune frère et moi ; elle se retira à la campagne, où je vécus jusqu’à l’âge de quinze ans. Mon frère étant mort, nous revînmes à Paris, où ma mèrem’obligea d’épouser un homme(2) que je ne pouvais ni aimer ni estimer. À cette union je dois tous les maux ; mais, comme depuis ma mère n’a cessé de m’en montrer le plus vif chagrin, je lui ai pardonné, et, dans le cours de cette narration, je m’abstiendrai de parler d’elle. J’avais vingt ans lorsque je me séparai de cet homme : il y en avait six, en 1833, que durait cette séparation, et quatre seulement que j’étais entrée en correspondance avec ma famille du Pérou.

J’appris, pendant ces six années d’isolement, tout ce qu’est condamnée à souffrir la femme séparée de son mari au milieu d’une société qui, par la plus absurde des contradictions, a conservé de vieux préjugés contre les femmes placées dans cette position, après avoir aboli le divorce et rendu presque impossible la séparation de corps. L’incompatibilité et mille autres motifs graves que la loi n’admet pas rendent nécessaire la séparation des époux ; mais la perversité, ne supposant pas à la femme des motifs qu’elle puisse avouer, la poursuit de ses infâmes calomnies. Excepté un petit nombre d’amis, personne ne l’en croit sur son dire, et, mise en dehors de tout par la malveillance, elle n’est plus, dans cette société qui se vante de sa civilisation, qu’une malheureuseParia, à laquelle on croit faire grâce lorsqu’on ne lui fait pas d’injure.

En me séparant de mon mari, j’avais abandonné son nom et repris celui de mon père. Bien accueillie partout, commeveuve et commedemoiselle, j’étais toujours repoussée lorsque la vérité venait à se découvrir. Jeune, jolie et paraissant jouir d’une ombre d’indépendance, c’étaient des causes suffisantes pour envenimer les propos et me faire exclure d’une société qui gémit sous le poids des fers qu’elle s’est forgés, et ne pardonne à aucun de ses membres de chercher à s’en affranchir.

La présence de