: Matthieu Mercier
: Utopiatrie
: Books on Demand
: 9782322130085
: 1
: CHF 3.00
:
: Fantastische Literatur
: French
: 316
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Bradley vient d'être promu dans un hôpital psychiatrique. Il va déménager avec sa famille afin de faire table rase du passé. Les premiers mois seront difficiles et bientôt Bradley va se trouvait confronter à des forces surnaturelles. Des changements dans sa vie vont le faire basculer dans la folie petit à petit. Il fera la rencontre d'une infirmière qui lui dévoilera un secret qui chamboulera son existence. Seul, face à l'adversité, il quitte le pays afin de trouver des réponses à tous ces mystères. Jusqu'où est-il prêt à aller pour comprendre son histoire ? En traversant le temps et d'autres dimensions, il va rencontrer des personnes qui l'aiguilleront ou qui l'embrouilleront ; ainsi que des créatures sorties de ce monde cauchemardesque. Il sera amené à faire un choix, fera-t-il le bon ? L'histoire de Bradley est-elle réelle ? Et nous, sommes-nous réellement vivants ou simplement le fruit d'un rêve ou d'une illusion ?

I


Everick, ville industrielle américaine d'environ deux mille habitants, dans le Comté de Baltimore dans le Maryland. Un jeune couple marié et ambitieux, Bradley et Anna Ashton âgés respectivement de trente-quatre et vingt-trois ans, vient de s'installer dans un quartier résidentiel accompagné de leur fils Eliott âgé de cinq ans. Bradley était une armoire à glace de puissance et de douceur à la fois. Ses yeux perçants et bleus étaient un océan où sa femme aimait se noyer comme elle le lui disait. Une barbichette fournie, comme signe distinctif, englobait tout son menton ; d'une longueur avoisinant sept centimètres depuis sa lèvre inférieure. Certains de ses confrères le surnommaient biquette. Il venait d'être promu et muté comme médecin chef à l’hôpital psychiatrique d'Everick. Anna faisait une tête de moins que son mari, malgré cela elle avait un caractère bien trempé. Petit bout de femme battante et sûre d'elle, elle ne montrait jamais aucun signe de faiblesse face à l'adversité. Toujours très élégante, elle portait des lunettes, ses cheveux blonds ondulés étaient toujours rayonnants. Quelques mois auparavant le jeune couple vivait à deux cents kilomètres d'Everick dans une petite ville nommée Dennysville, située dans le Comté de Somerset en Pennsylvanie. Un heureux événement s'annonçait, la petite famille allait à nouveau s'agrandir. Bradley accompagnait sa femme à la maternité depuis le début de la grossesse. L'établissement se situait à une vingtaine de kilomètres de Dennysville. Les derniers jours avant le déménagement, Anna avait rendez-vous pour un simple contrôle afin de s'assurer que le bébé était bien positionné et qu'il n'y avait aucune anomalie qui aggraverait l'accouchement. Ne pouvant ni laisser seul leur premier enfant, Eliott, ni même le prendre avec eux, ils décidèrent de faire appel à la SSDPH1. Quelques mois après la naissance du jeune garçon, des tests médicaux furent passés suite à une anomalie découverte après l'accouchement. Depuis l'annonce des résultats, Bradley et Anna avaient toujours honte d'avouer à quiconque, famille comme amis, qu'Eliott était diagnostiqué autiste sévère et atteint de troubles rares nommés « Smith Magenis2 ». Le couple n'osait pas sortir accompagné de leur fils. La peur au ventre que l'enfant ne fasse ou ne dise quelque chose d'offensant et que la population le montre du doigt comme un vulgaire animal de foire. Les médicaments prescrits, par les médecins à l’hôpital, avaient des effets secondaires. Bradley se doutait que ces comprimés n'étaient pas destinés à son fils mais il ne pouvait trouver aucune preuve tangible. Le couple s'était juré de quitter au plus vite Dennysville afin de vivre une existence paisible loin des regards moqueurs. Après plusieurs visites, ils eurent un coup de cœur pour la ville d'Everick. Nouveau quartier résidentiel à voir le jour, proche du nouveau lieu de travail de Bradley et d'une maternité. Un commissariat de police se situait à quelques pâtés de maisons. Le jour du déménagement Anna quitta leur petite maison de Dennysville, d'où seuls les souvenirs resteront gravés en mémoire. Elle partit avec le camion rempli au millimètre près. De son côté Bradley partit récupérer leur fils. Il prit la route de l’hôpital. Il prit l'ascenseur, monta au quatrième étage puis, une fois sorti, alla à la rencontre du docteur qui s'occupait d'Eliott. Les médecins leur avaient précisé que l'état de santé de leur fils n'allait pas en s'arrangeant mais qu'il allait, au contraire, empirer avec les années. L'un d'eux les mit en garde d'une forme de schizophrénie s'il ne restait pas en observation à l'hôpital.

— Nous aimerions garder votre fils comme cobaye, nous n'avons jamais eu à faire à un cas aussi atteint, lâcha l'un des médecins.

En entendant ces mots Bradley fronça les sourcils, dans ses yeux noirs se lisait de la colère. Il serra les dents, attrapa le médecin par le cou puis le colla contre le mur. Ses pieds ne touchaient plus le sol. Avec sa main droite, Bradley étranglait fermement le cou pendant que l'autre était pointée, poing fermé, vers le visage du médecin. Il tentait de s'échapper de son entrave mais Bradley, de son mètre quatre-vingt six et bâti de ses cent huit kilos, était tellement puissant et costaud que le médecin ne pouvait se débattre.

— Dis encore une seule fois que mon fils est un cobaye et je te promets de te faire bouffer tous les médicaments qui se trouvent sur le chariot, menaça Bradley.

Les autres médecins accoururent au secours de leur confrère. Le tenant toujours par le cou, il dirigea son poing gauche tout en dépliant son index vers les autres médecins.

— Vous les larbins... pas bouger. Si vous ne voulez pas que je vous casse les dents, ne bougez pas.

Bradley lâcha le médecin qui tomba tel un pantin désarticulé, suffoquant de l'emprise dont il était victime. Il regarda son souffre-douleur qui se tenait la gorge et qui tentait de retrouver sa respiration. Il lui jura qu'un jour ou l'autre il paierait pour ses propos qu'il avait eu envers son fils. Bradley fit demi-tour, toujours aussi énervé, ses deux poings serrés désormais. Il remonta le couloir puis se dirigea vers la chambre 47 dans laquelle Eliott séjournait. Le jeune garçon avait le visage carré, il était blond de cheveux comme ses parents. Il avait cette particularité d'avoir sa bouche en forme de chapeau de gendarme.

En entrant dans la pièce, Bradley était à la fois heureux mais aussi désemparé de le voir ainsi. La haine qu'il avait envers ses confrères augmentait à voir son fils ligoté aux quatre membres par des ceintures de cuir sur son lit d’hôpital. Son père savait pertinemment que c'était pour son bien, aucun médecin ni même sa propre famille ne savaient comment Eliott pouvait réagir que ce soit pour une batterie de tests médicaux ou ne serait-ce que pour faire une simple sortie comme un dîner au restaurant avec ses parents ou une balade dans les jardins de l'hôpital. Eliott pouvait être d'un calme absolu puis le temps d'un instant devenir une véritable tornade incontrôlable. Bradley s'avança vers le lit puis regarda son fils étendu endormi ou drogué par les médicaments. Son sang ne fit qu'un tour, la colère fit place à la tristesse. Lui-même psychiatre, il voyait ses patients dans des états moins tragiques que ce que vivait Eliott. Malheureusement il devenait impuissant face à ce trouble qui rongeait petit à petit son seul et unique enfant.

— Pourquoi toi ? Se demandait-il à chaque fois.

Il enleva chaque boucle de ceinture afin de le délier, il passa ensuite ses bras sous les épaules et les genoux de son fils puis le souleva. Avant de quitter la chambre il souffla un bon coup, il savait qu'il jouait avec le feu en sachant ce qu'il allait commettre. Il se colla contre le bâti de porte, regarda à gauche et à droite. Personne ne regardait dans sa direction. C'était l'occasion idéale pour quitter les lieux. Il se dirigea vers la porte donnant accès aux escaliers. Il descendit les quatre étages en faisant bien attention qu'aucun personnel de l'hôpital ne croise sa route et n'alerte la direction.

Quelques jours avant le déménagement Bradley et Anna s'étaient rendus à l’hôpital pour remplir un document de sortie pour leur fils. Bradley avait en possession les documents pour une entrée à l’hôpital psychiatrique d'Everick, bâtiment de sa nouvelle affectation. Les médecins de Dennysville refusèrent de remplir ce document. Eliott leur appartenait. Ils avaient prévenu le couple que s'ils remarquaient la disparition d'Eliott, ce serait considéré comme un enlèvement.

Bradley, dans ses pensées, continua de descendre jusqu'au rez-de-chaussée. Il s'accroupit puis installa son fils contre le mur. Il resta dans la même position puis entrouvrit la porte. La poignée comme la porte grinçaient légèrement. D'un œil, il observa minutieusement le hall d'accueil.

— Pff autant passer avec un tutu et un nez rouge histoire de se faire encore plus remarquer. Je ne pourrais jamais me fondre dans la masse.

Le hall n'était pas la solution la mieux adaptée pour quitter un hôpital en pleine journée. L'endroit fourmillait de patients, les visiteurs et le personnel se déplaçaient énormément. Il n'avait bien sûr aucune chance de pouvoir passer inaperçu avec son garçon dans les bras. Tout l'hôpital connaissait Eliott. Il referma donc la...