: Charles Ferdinand Ramuz
: Les Circonstances de la Vie
: Librorium Editions
: 9783965442191
: 1
: CHF 0.90
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: Hauptwerk vor 1945
: French
: 430
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Inspiré du réalisme des romans de Flaubert, cest le récit de la vie du notaire Émile Magnenat. Marié sans passion avec Hélène, une jeune fille de bonne famille, il mène une vie tranquille et morne dans une petite bourgade. Larrivée de Frieda, une employée de maison alémanique, ambitieuse et sans scrupules, va tout bouleverser.

Charles Ferdinand Ramuz, né à Lausanne le 24 septembre 1878 et mort à Pully le 23 mai 1947, est un écrivain et poète suisse dont l'uvre comprend des romans, des essais et des poèmes où figurent au premier plan les espoirs et les désirs de l'Homme.

PREMIÈRE PARTIE


I


D’un côté de l’entrée, se trouvait la boulangerie et de l’autre un horloger. Il fallait suivre un long corridor, et monter un petit escalier de pierre. Le bureau était au premier étage ; on lisait en lettres noires sur une plaque de tôle émaillée :

 

ÉMILE MAGNENAT

Notaire

Plus bas :

Entrez sans heurter.

 

C’était donc là. Alors, si on entrait, on arrivait d’abord dans un couloir mal éclairé ; ensuite, par la porte à gauche, dans la chambre du commis.

Il y avait un pupitre en sapin, pareil à ceux qu’on a dans les écoles, seulement beaucoup plus grand. Il était verni en noir, on voyait dedans toute la fenêtre, avec le dessin des rideaux ; parmi le reflet argenté, l’encre faisait des taches mates, et le buvard à coins de cuir avait, sur chaque feuillet, un calendrier imprimé.

On trouvait presque toujours Auguste Cavin, le commis, en train de faire des copies. Il était petit de taille et il se tenait penché en avant. Il portait les cheveux en brosse ; ses moustaches, dans son teint pâle, semblaient deux traits au charbon ; il avait les dents gâtées. Mais on remarquait surtout sa cravate : c’était une régate toute faite, de celles qui s’accrochent au bouton du faux col par une agrafe d’acier, et elles ont une armature de carton sur quoi on tend de la fausse soie ; la sienne était bleu-marine, avec des rayures rouges, et le plastron empesé de la chemise était, par place, tout froissé.

De cette première chambre, on passait dans le vrai bureau où se tenait le notaire. On voyait tout de suite la différence : les murs avaient un joli papier (des œillets et des rubans roses) ; la draperie de la fenêtre était verte et le tapis du secrétaire vert aussi. Le meuble le plus important était le coffre-fort scellé dans la paroi et verni en teintes décroissantes, depuis le brun jusqu’au jaune clair. À côté, se trouvait une espèce de bibliothèque pour le Code et les livres de