: Marcel Proust
: Marcel Proust: Oeuvres complètes
: e-artnow
: 9788027301843
: 1
: CHF 1.80
:
: Essays, Feuilleton, Literaturkritik, Interviews
: French
: 3716
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Ce livre numérique comprend des oeuvres complètes de Marcel Proust. L'édition est méticuleusement éditée et formatée. Marcel Proust (1871-1922), est un écrivain français, dont l'oeuvre principale est une suite romanesque intitulée À la recherche du temps perdu, publiée de 1913 à 1927. En 1907, Marcel Proust commence l'écriture de son grand ?uvre À la recherche du temps perdu dont les sept tomes seront publiés entre 1913 (Du côté de chez Swann) et 1927, c'est-à-dire en partie après sa mort ; le second volume, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, obtiendra le prix Goncourt en 1919. Marcel Proust meurt épuisé, le 18 novembre 1922, d'une bronchite mal soignée : il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris, accompagné par une assistance nombreuse qui salue un écrivain d'importance que les générations suivantes placeront au plus haut en faisant de lui un véritable mythe littéraire. Contenu: LES PLAISIRS ET LES JOURS À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU Du Côté De Chez Swann A l'Ombre Des Jeunes Filles En Fleurs Le Côté De Guermantes Sodome Et Gomorrhe La Prisonnière Albertine Disparue Le Temps Retrouvé PASTICHES ET MÉLANGESARTIC LES ET LETTRES PARUS DANS LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE CHRONIQUES ENTRETIEN AVEC ÉLIE-JOSEPH BOIS LA BIBLE D'AMIENS SESAME ET LES LYS MARCEL PROUST par Paul Souday

La Mort De Baldassare Silvande


VICOMTE de SYLVANIE

I


«Apollon gardait les troupeaux d’Admète, disent les poètes;

chaque homme aussi est un dieu déguisé qui contrefait le fou.»

EMERSON

 

«Monsieur Alexis, ne pleurez pas comme cela, M. le vicomte de Sylvanie va peut-être vous donner un cheval.

— Un grand cheval, Beppo, ou un poney?

— Peut-être un grand cheval comme celui de M. Cardenio. Mas ne pleurez donc pas comme cela… le jour de vos treize ans!» L’espoir de recevoir un cheval et le souvenir qu’il avait treize ans firent briller, à travers les larmes, les yeux d’Alexis. Mais il n’était pas consolé puisqu’il fallait aller voir son oncle Baldassare SILVANDE, vicomte de Sylvanie. Certes, depuis le jour où il avait entendu dire que la maladie de son oncle était inguérissable, Alexis l’avait vu plusieurs fois. Mais depuis, tout avait bien changé. Baldassare s’était rendu compte de son mal et savait maintenant qu’il avait au plus trois ans à vivre. Alexis, sans comprendre d’ailleurs comment cette certitude n’avait pas tué de chagrin ou rendu fou son oncle, se sentait incapable de supporter la douleur de le voir. Persuadé qu’il allait lui parler de sa fin prochaine, il ne se croyait pas la force, non seulement de le consoler, mais même de retenir ses sanglots.

Il avait toujours adoré son oncle, le plus grand, le plus beau, le plus jeune, le plus vif, le plus doux de ses parents. Il aimait ses yeux gris, ses moustaches blondes, ses genoux, lieu profond et doux de plaisir et de refuge quand il était plus petit, et qui lui semblaient alors inaccessibles comme une citadelle, amusants comme des chevaux de bois et plus inviolables qu’un temple.

Alexis, qui désapprouvait hautement la mise sombre et sévère de son père et rêvait à un avenir où, toujours à cheval, il serait élégant comme une dame et splendide comme un roi, reconnaissait en Baldassare l’idéal le plus élevé qu’il se formait d’un homme; il savait que son oncle était beau, qu’il lui ressemblait, il savait aussi qu’il était intelligent, généreux, qu’il avait une puissance égale à celle d’un évêque ou d’un général. A la vérité, les critiques de ses parents lui avaient appris que le vicomte avait des défauts. Il se rappelait même la violence de sa colère le jour où son cousin Jean Galeas s’était moqué de lui, combien l’éclat de ses yeux avait trahi les jouissances de sa vanité quand le duc de Parme lui avait fait offrir la main de sa soeur dl avait alors, en essayant de dissimuler son plaisir, serré les dents et fait une grimace qui lui était habituelle et qui déplaisait à Alexis) et le ton méprisant dont il parlait à Lucretia qui faisait profession de ne pas aimer sa musique.

Souvent, ses parents faisaient allusion à d’autres actes de son oncle qu’Alexis i