: Jean-Baptiste Molière
: L'École des femmes
: Books on Demand
: 9782322092468
: 1
: CHF 2.00
:
: Hauptwerk vor 1945
: French
: 76
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Une femme instruite peut-elle être vertueuse ? Selon le vieil Arnolphe, l'ignorance seule permet aux femmes de rester sages et droites. Pour s'assurer une épouse docile, il élève sa jeune pupille, Agnès, à l'écart des garçons et des choses de l'amour. Mais voilà qu'elle aperçoit par la fenêtre un jeune homme, Horace, qui lui fait la cour...

Jean-Baptiste entre au collège de Clermont (actuel lycée Louis le Grand). Il a pour condisciple le prince de Conti, qui deviendra l'un de ses protecteurs 1640 Il suit des études de droit pour devenir avocat, titre qui permet alors l'achat d'une charge dans la justice ou l'administration. 1641 Jean-Baptiste est reçu avocat 1643 Il renonce à la possibilité de promotion sociale que lui offre ce diplôme. Il décide, contre l'avis de son père, de devenir comédien. Avec sa maîtresse Madeleine Béjart, une comédienne déjà connue, la famille de celle-ci et quelques autres comédiens, il fonde la compagnie théâtrale l'Illustre-Théâtre. Il prend le nom de Molière. Les raisons qui l'ont incité à choisir ce pseudonyme n'ont jamais été élucidées. 1645 Au printemps, la troupe l'Illustre-Théâtre fait faillite Emprisonné pour dettes en Août, Molière est libéré deux jours plus tard, grâce à l'intervention de son père . La même année, il quitte Paris, avec la troupe de Charles Dufresne. Ils vont parcourir l'ouest et le sud de la France pendant plus de treize ans

Acte deuxième


Scène I


ARNOLPHE, seul.


Il m’est, lorsque j’y pense, avantageux sans doute

D’avoir perdu mes pas, et pu manquer sa route :

Car enfin de mon cœur le trouble impérieux

N’eût pu se renfermer tout entier à ses yeux ;

Il eût fait éclater l’ennui qui me dévore,

Et je ne voudrais pas qu’il sût ce qu’il ignore.

Mais je ne suis pas homme à gober le morceau

Et laisser un champ libre aux vœux du damoiseau.

J’en veux rompre le cours, et, sans tarder, apprendre

Jusqu’où l’intelligence entre eux a pu s’étendre :

J’y prends pour mon honneur un notable intérêt ;

Je la regarde en femme, aux termes qu’elle en est ;

Elle n’a pu faillir sans me couvrir de honte,

Et tout ce qu’elle a fait enfin est sur mon compte.

Éloignement fatal ! voyage malheureux !

(Il frappe à sa porte.)


Scène II


Arnolphe, Alain, Georgette.


ALAIN


Ah ! monsieur, cette fois…

ARNOLPHE


Paix. Venez çà tous deux.

Passez là, passez là. Venez là, venez, dis-je.

GEORGETTE


Ah ! vous me faites peur, et tout mon sang se fige.

ARNOLPHE


C’est donc ainsi qu’absent vous m’avez obéi ?

Et tous deux de concert vous m’avez donc trahi ?

GEORGETTE, tombant aux genoux d’Arnolphe.


Eh ! ne me mangez pas, monsieur, je vous conjure.

ALAIN, à part.


Quelque chien enragé l’a mordu, je m’assure.

ARNOLPHE, à part.


Ouf ! je ne puis parler, tant je suis prévenu ;

Je suffoque, et voudrais me pouvoir mettre nu.

 (À Alain et à Georgette.)


Vous avez donc souffert, ô canaille maudite,

(À Alain qui veut s’enfuir.)


Qu’un homme soit venu… ? Tu veux prendre la fuite !

(À Georgette.)


Il faut que sur-le-champ… Si tu bouges… Je veux

(À Alain.)


Que vous me disiez… Euh ! oui, je veux que tous deux…

(Alain et Georgette se lèvent, et veulent encore s’enfuir.)

Quiconque remuera, par la mort ! je l’assomme.

Comme est-ce que chez moi s’est introduit cet homme ?

Eh ! parlez. Dépêchez, vite, promptement, tôt,

Sans rêver. Veut-on dire ?

ALAIN ET GEORGETTE


Ah ! ah !

GEORGETTE, retombant aux genoux d’Arnolphe.


Le cœur me faut !

ALAIN, retombant aux genoux d’Arnolphe.


Je meurs.

ARNOLPHE, à part.


Je suis en eau : prenons un peu d’haleine ;

Il faut que je m’évente et que je me promène.

Aurais-je deviné, quand je l’ai vu petit,

Qu’il croîtrait pour cela ? Ciel ! que mon cœur pâtit !

Je pense qu’il vaut mieux que de sa propre bouche

Je tire avec douceur l’affaire qui me touche.

Tâchons à modérer notre ressentiment.

Patience, mon cœur, doucement, doucement.

(À Alain et à Georgette.)


Levez-vous, et, rentrant, faites qu’Agnès descende.

(À part.)


Arrêtez. Sa surprise en deviendrait moins grande :

Du chagrin qui me trouble ils iraient l’avertir,

Et moi-même je veux l’aller faire sortir.

(À Alain et à Georgette.)


Que l’on m’attende ici.

Scène III


Alain, Georgette.


GEORGETTE


Mon Dieu ! qu’il est terrible !

Ses regards m’ont fait peur, mais une peur horrible ;

Et jamais je ne vis un plus hideux chrétien.

ALAIN


Ce monsieur l’a fâché ;