: Jane Austen
: Catherine Morland
: Books on Demand
: 9782322157488
: 1
: CHF 2.00
:
: Erzählende Literatur
: French
: 274
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Catherine Morland est l'héroïne de Northanger Abbaye et fille de révérend. C'est la quatrième d'une famille de dix enfants, composée de trois filles (dont elle est l'aînée) et de sept garçons. Après une enfance où elle apparaît comme un garçon manqué maladroit - comportement excusable vu le nombre considérable de ses frères - Catherine Morland, est devenue, entre 15 et 17 ans, « presque jolie », et son amour de la boue a fait place à une inclination pour les beaux atours. Elle est désormais prête à devenir l'héroïne du roman. Derrière la jeune fille naïve, ignorante du monde, mais à l'imagination débordante, Catherine Morland cache en effet une âme sincère et sans arrière-pensée, qui va la guider à travers les embûches du monde extérieur qu'elle va devoir affronter.

Née à Steventon en 1775, Jane Austen est la benjamine d'une famille de huit enfants. Très tôt, suivant l'exemple familial, elle se met à écrire et s'oriente vers le récit sentimental. Dès 1795, elle commence Elinor et Marianne, première version de Raison et Sentiments. Puis, First Impressions, qui connaîtra le succès sous le titre d'Orgueil et préjugés. Après la mort de son père en 1805, elle quitte Bath pour s'installer dans le village de Chawton avec ses s¿urs. Elle meurt à 41 ans. Jane Austen laisse derrière elle des chefs-d'¿uvre, dont Mansfield Park, Emma ou Orgueil et préjugés, qui marquent profondément le monde littéraire et ne cessent d'inspirer écrivains et cinéastes d'aujourd'hui.

II


Au moment où Catherine Morland va être jetée dans les difficultés et les dangers d’un séjour de six semaines à Bath, et pour le cas où les pages suivantes ne parviendraient pas à documenter suffisamment le lecteur, ajoutons quelques mots à ce qui a déjà été dit sur elle : Son cœur était affectueux ; son caractère, gai et ouvert, sans vanité ni affectation. Ses manières perdaient leur gaucherie effarouchée. Sa personne était avenante et, dans ses bons jours, jolie ; son intelligence à peu près aussi inculte que l’est ordinairement l’intelligence d’une fille de dix-sept ans.

On pourrait supposer que, l’heure du départ approchant, l’anxiété maternelle de Mme Morland fut très cruelle ; mille pressentiments des maux qui pouvaient résulter pour sa chère Catherine de cette terrible séparation devaient accabler son cœur et la « jeter dans les larmes », le dernier ou les deux derniers jours de leur vie en commun ; et les avis les plus topiques devaient naturellement fluer de ses lèvres sages dans leur entretien d’adieu, en son cabinet. Des instructions en vue de déjouer la violence de tels nobles et baronnets, qui se plaisent à enlever de vive force les jeunes femmes et les conduisent en quelque ferme isolée, devaient, en un tel moment, soulager le trop plein de son cœur. Qui ne le penserait ? Mais Mme Morland savait si peu de chose des lords et baronnets qu’elle ne dit pas un mot de leur coutumière malfaisance et ne se méfia pas du danger que leurs machinations pouvaient faire courir à sa fille. Ses avis se restreignirent aux points suivants : « Je vous prie, Catherine, de vous envelopper toujours bien chaudement le cou, pour rentrer le soir ; et je désire que vous teniez à jour le compte de l’argent que vous dépenserez ; voici un petit livre à cet effet. »

Sally, ou plutôt Sarah (comment une jeune fille de grandes manières atteindrait-elle seize ans sans donner à son nom de tous les jours une forme plus romantique ?) doit, de par la force des choses, être en l’occurrence l’amie intime et la confidente de sa sœur. Cependant (est-ce assez remarquable !) elle ne contraignit pas Catherine à faire telles promesses solennelles : écrire par chaque poste, fournir des renseignements sur tout le monde, relater en détail les conversations entendues à Bath.

Vraiment toute chose relative à cet important voyage fut traitée par les Morland avec une modération et un calme mieux d’accord avec les usages de la vie courante qu’avec cette sensibilité affinée que devrait mettre en éveil la première séparation d’une héroïne et de sa famille. Son père, au lieu de lui ouvrir un compte illimité chez son banquier ou même de lui mettre dans la main une centaine de livres en bank-notes, lui donna seulement dix guinées et lui promit de lui envoyer d’autre argent quand elle en aurait besoin.

Sous ces modestes auspices, le voyage commença. Il fut dénué d’événements. Ni voleurs ni tempêtes n’intervinrent, ni d’accident de voiture propice à la présentation d’un héros. Rien de plus alarmant ne se produisit, qu’une crainte, – savoir : si madame Allen n’avait pas oublié ses socques dans une auberge ; et heureusement cette crainte était sans fondement.

Elles arrivèrent à Bath. Catherine était toute ardente de plaisir ; ses regards erraient ici, là, partout, émerveillés. Elle était venue pour être heureuse et elle se sentait heureuse déjà.

Elles furent bientôt installées en de confortables appartements dans Pulteney Street.

Mme Allen était de la nombreuse classe des femmes dont le commerce ne peut que provoquer qu’une émotion : la surprise qu’il y ait eu des hommes capables de les aimer assez pour les épouser. Elle n’avait ni finesse, ni beauté, ni talents. Son air de femme du monde, son calme, sa bonté, d’ailleurs inerte, son esprit frivole, c’est tout ce qui pouvait expliquer qu’elle eût été élue par l’homme sensible et intelligent qu’était M. Allen. Si l’on veut, elle était admirablement apte à ce rôle de présenter dans le monde une jeune fille, car elle était, autant et plus qu’aucune jeune fille, curieuse d’aller partout et de tout voir. S’habiller était sa passion. Elle avait un très