: Jane Austen
: Emma
: Books on Demand
: 9782322153473
: 1
: CHF 2.40
:
: Erzählende Literatur
: French
: 470
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Depui qu'Emma a réussi à arranger le mariage de son ancienne gouvernante, elle se met en tête d'unir tous les gens qui l'entourent. Désormais maîtresse de maison, elle s'attribue ce rôle d'entremetteuse sans savoir que son inexpérience des êtres et des coeurs peut la mener à de nombreuses déconvenues. Entre les nouvelles rencontres, les visites de Mr Knightley, un vieil ami de la famille, et ses manoeuvres matrimoniales, Emma finit par se perdre elle-même sans s'apercevoir que ce dont elle rêve depuis toujours risque de lui échapper à tout jamais...

Née à Steventon en 1775, Jane Austen est la benjamine d'une famille de huit enfants. Très tôt, suivant l'exemple familial, elle se met à écrire et s'oriente vers le récit sentimental. Dès 1795, elle commence Elinor et Marianne, première version de Raison et Sentiments. Puis, First Impressions, qui connaîtra le succès sous le titre d'Orgueil et préjugés. Après la mort de son père en 1805, elle quitte Bath pour s'installer dans le village de Chawton avec ses s¿urs. Elle meurt à 41 ans. Jane Austen laisse derrière elle des chefs-d'¿uvre, dont Mansfield Park, Emma ou Orgueil et préjugés, qui marquent profondément le monde littéraire et ne cessent d'inspirer écrivains et cinéastes d'aujourd'hui.

IV


Harriet Smith devint bientôt intime à Hartfield. Mettant sans tarder ses projets à exécution, Emma encouragea la jeune fille à venir souvent ; elle avait de suite compris combien il serait agréable d’avoir quelqu’un pour l’accompagner dans ses promenades, car M. Woodhouse ne dépassait jamais la grille du parc. Du reste, à mesure qu’Emma connaissait mieux Harriet, elle se sentait de plus en plus disposée à se l’attacher. Elle savait qu’elle ne pourrait jamais retrouver une amie comme Mme Weston : pour cette dernière elle éprouvait une affection faite de reconnaissance et d’estime ; pour Harriet, au contraire, son amitié serait une protection. Mlle Smith, assurément, n’était pas intelligente, mais elle avait une nature douce et était toute prête à se laisser guider ; elle montrait un goût naturel pour la bonne compagnie et la véritable élégance. Emma chercha tout d’abord à découvrir qui étaient les parents d’Harriet, mais celle-ci ne put lui donner aucun éclaircissement à ce sujet et elle en fut réduite aux conjectures ; Harriet s’était contentée d’écouter et de croire ce que Mme Goddard avait bien voulu lui dire. La pension, les maîtresses, les élèves et les petits événements de chaque jour formaient le fond de la conversation d’Harriet ; les Martin d’Abbey Mill occupaient aussi beaucoup sa pensée ; elle venait de passer deux mois très agréables chez eux et aimait à décrire tous les conforts et les merveilles de l’endroit.

Au début Emma écoutait tous ces détails sans arrière-pensée, mais quand elle se fut rendu compte de l’exacte composition de la famille : – le jeune M. Martin n’était pas marié – elle devina un danger et craignit de voir sa jeune amie accepter une alliance au-dessous d’elle. À la suite de cette révélation, ses questions se précisèrent et elle poussa Harriet à lui parler particulièrement de M. Martin ; Harriet du reste s’étendait avec complaisance sur ce sujet : elle disait la part que prenait le jeune homme à leurs promenades au clair de lune et à leurs jeux du soir ; elle insistait sur son caractère obligeant : « Un jour il a fait une lieue pour aller chercher des noix dont j’avais exprimé le désir. Une autre fois j’ai eu la surprise d’entendre le fils de son berger chanter en mon honneur. Il aime beaucoup le chant et lui-même a une jolie voix. Il est intelligent et je crois qu’il comprend tout. Il possède un très beau troupeau de moutons et pendant mon séjour chez eux il a reçu de nombreuses demandes pour sa laine. Il jouit de l’estime générale ; sa mère et sa sœur l’aiment beaucoup. Mme Martin m’a dit un jour (elle rougissait à ce souvenir) qu’on ne pouvait être meilleur fils ; elle ne doute pas qu’il ne fasse un excellent mari ; « ce n’était pas » avait-elle ajouté « qu’elle désirât le voir se marier du moins pour le moment ». Après son départ, Mme Martin a eu la bonté d’envoyer à Mme Goddard une oie magnifique que nous avons mangée le dimanche suivant ; les trois surveillantes ont été invitées à dîner. »

– Je ne pense pas que M. Martin se tienne au courant des questions étrangères à ses affaires : Il ne lit pas ?

– Oh si !... Du moins je le crois... mais sans doute il ne lit pas ce que vous jugeriez intéressant ; il reçoit un journal d’agriculture et il y a quelques livres placés sur des rayons près de la fenêtre. Parfois, le soir, avant de jouer aux cartes, il nous lisait une page des « Morceaux choisis ». Il m’a parlé du « vicaire de Wakefield » ; il ne connaît pas la « Romance de la forêt » ni « les Enfants de l’Abbaye », mais il a l’intention de se procurer ces ouvrages.

– Comment est-il physiquement ?

– Il n’est pas beau ; au premier abord, je le trouvais même laid, mais j’ai changé d’avis ; on s’habitue très bien à sa physionomie. Ne l’avez-vous donc jamais vu ? Il vient assez souvent à Highbury et de toute façon il traverse la ville au moins une fois par semaine pour aller à Kingston. Il a bien des fois passé à cheval auprès de vous.

– C’est bien possible ; j’ai pu le voir cinquante fois sans chercher à connaître son nom : un jeune fermier à pied ou à cheval est la dernière personne qui puisse éveiller ma curiosité ; il appartient précisément à une classe sociale avec laquelle je n’ai aucun point de contact ; à un ou deux échelons au-d