: Jane Austen
: Orgueil et préjugés
: Books on Demand
: 9782322153459
: 1
: CHF 2.40
:
: Erzählende Literatur
: French
: 433
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
Élisabeth Bennet a quatre soeurs et une mère qui ne songe qu'à les marier. Quand parvient la nouvelle de l'installation à Netherfield, le domaine voisin, de Mr Bingley, célibataire et beau parti, toutes les dames des alentours sont en émoi, d'autant plus qu'il est accompagné de son ami Mr Darcy, un jeune et riche aristocrate. Les préparatifs du prochain bal occupent tous les esprits...

Née à Steventon en 1775, Jane Austen est la benjamine d'une famille de huit enfants. Très tôt, suivant l'exemple familial, elle se met à écrire et s'oriente vers le récit sentimental. Dès 1795, elle commence Elinor et Marianne, première version de Raison et Sentiments. Puis, First Impressions, qui connaîtra le succès sous le titre d'Orgueil et préjugés. Après la mort de son père en 1805, elle quitte Bath pour s'installer dans le village de Chawton avec ses s¿urs. Elle meurt à 41 ans. Jane Austen laisse derrière elle des chefs-d'¿uvre, dont Mansfield Park, Emma ou Orgueil et préjugés, qui marquent profondément le monde littéraire et ne cessent d'inspirer écrivains et cinéastes d'aujourd'hui.

VI


Les dames de Longbourn ne tardèrent pas à faire visite aux dames de Netherfield et celles-ci leur rendirent leur politesse suivant toutes les formes. Le charme de Jane accrut les dispositions bienveillantes de Mrs. Hurst et de miss Bingley à son égard, et tout en jugeant la mère ridicule et les plus jeunes sœurs insignifiantes, elles exprimèrent aux deux aînées le désir de faire avec elles plus ample connaissance.

Jane reçut cette marque de sympathie avec un plaisir extrême, mais Elizabeth trouva qu’il y avait toujours bien de la hauteur dans les manières de ces dames, même à l’égard de sa sœur. Décidément, elle ne les aimait point ; cependant, elle appréciait leurs avances, voulant y voir l’effet de l’admiration que leur frère éprouvait pour Jane. Cette admiration devenait plus évidente à chacune de leurs rencontres et pour Elizabeth il semblait également certain que[ 19 ]Jane cédait de plus en plus à la sympathie qu’elle avait ressentie dès le commencement pour Mr. Bingley. Bien heureusement, pensait Elizabeth, personne ne devait s’en apercevoir. Car, à beaucoup de sensibilité Jane unissait une égalité d’humeur et une maîtrise d’elle-même qui la préservait des curiosités indiscrètes.

Elizabeth fit part de ces réflexions à miss Lucas.

– Il peut être agréable en pareil cas de tromper des indifférents, répondit Charlotte ; mais une telle réserve ne peut-elle parfois devenir un désavantage ? Si une jeune fille cache avec tant de soin sa préférence à celui qui en est l’objet, elle risque de perdre l’occasion de le fixer, et se dire ensuite que le monde n’y a rien vu est une bien mince consolation. La gratitude et la vanité jouent un tel rôle dans le développement d’une inclination qu’il n’est pas prudent de l’abandonner à elle-même. Votre sœur plaît à Bingley sans aucun doute, mais tout peut en rester là, si elle ne l’encourage pas.

– Votre conseil serait excellent, si le désir de faire un beau mariage était seul en question ; mais ce n’est pas le cas de Jane. Elle n’agit point par calcul ; elle n’est même pas encore sûre de la profondeur du sentiment qu’elle éprouve, et elle se demande sans doute si ce sentiment est raisonnable. Voilà seulement quinze jours qu’elle a fait la connaissance de Mr. Bingley : elle a bien dansé quatre fois avec lui à Meryton, l’a vu en visite à Netherfield un matin, et s’est trouvée à plusieurs dîners où lui-même était invité ; mais ce n’est pas assez pour le bien connaître.

– Allons, dit Charlotte, je fais de tout cœur des vœux pour le bonheur de Jane ; mais je crois qu’elle aurait tout autant de chances d’être heureuse, si elle épousait Mr. Bingley demain que si elle se met à étudier son caractère pendant une année entière ; car le bonheur en ménage est pure affaire de hasard. La félicité de deux époux ne m’apparaît pas devoir être plus grande du fait qu’ils se connaissaient à fond[ 20 ]avant leur mariage ; cela n’empêche pas les divergences de naître ensuite et de provoquer les inévitables déceptions. Mieux vaut, à mon avis, ignorer le plus possible les défauts de celui qui partagera votre existence !

– Vous m’amusez, Charlotte ; mais ce n’est pas sérieux, n’est-ce pas ? Non, et vous-même n’agiriez pas ainsi.

Tandis qu’elle observait ainsi Mr. Bingley, Elizabeth était bien loin de soupçonner qu’elle commençait elle-même à attirer l’attention de son ami. Mr. Darcy avait ref