: Alexandre Dumas
: La dame de Monsoreau
: Books on Demand
: 9782322133499
: 1
: CHF 2.20
:
: Krimis, Thriller, Spionage
: French
: 398
: Wasserzeichen
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB
La Dame de Monsoreau est un roman historique d'Alexandre Dumas, publié en 1846 qui fait suite à La Reine Margot et précède Les Quarante-cinq. La dame de Monsoreau est un roman historique mêlant deux intrigues : - une histoire d'amour entre Louis de Clermont, seigneur de Bussy d'Amboise et Diane de Méridor, épouse du comte de Monsoreau. - une intrigue politique qui met en scène les troubles politiques et religieux sous le règne d'Henri III, notamment la rivalité qui l'oppose à son frère François de France, duc d'Alençon puis duc d'Anjou, personnage intrigant et sans honneur.

Alexandre Dumas, de son vrai nom Alexandre Davy de la Pailleterie est né à Villers-Cotterêts en 1802. La mort prématurée de son père, le général Dumas (1762-1806), le prive de la possibilité de faire des études supérieures. Obligé de travailler dès son plus jeune âge - il débute comme clerc de notaire - Alexandre Dumas tente sa chance à Paris en 1822. Il a alors vingt ans. Sa"belle plume" lui vaut d'être embauché dans les bureaux du duc d'Orléans. Il commence par publier quelques chroniques dans la presse. A partir de 1825, il écrit, en collaboration avec Adolphe de Leuven, des vaudevilles. Ceux-ci ne seront pas représentés. Alexandre Dumas s'essaye alors à des poèmes qu'il parvient à publier. Il rencontre des comédiens dont le tragédien Talma, qui l'encourage. Il découvre aussi le théâtre de Shakespeare à l'occasion d'une tournée en France de comédiens anglais. Il fréquente alors un groupe de jeunes écrivains animés par Charles Nodier. En 1828, Alexandre Dumas propose à la Comédie-Française, Christine, une tragédie en vers. La pièce sera présentée au comité de lecture mais ne sera pas jouée, en raison de la concurrence d'autres pièces traitant le même sujet. En 1829, Alexandre Dumas connaît un immense succès avec Henri III et sa cour, un drame historique, créé à Comédie-Française. La pièce vaut à Dumas de devenir l'une des figures de proue du théâtre romantique. Elle lui permet également d'acquérir argent et notoriété. Il écrit alors de nombreuses pièces, dont Antony (1831), La Tour de Nesle (1832), le Mari de la veuve (1832), Kean ou Désordre et Génie (1836), Caligula (1837).

II


Comment ce n’est pas toujours celui qui ouvre la porte qui entre dans la maison.

La porte Saint-Antoine était une espèce de voûte en pierre, pareille à peu près à notre porte Saint-Denis et à notre porte Saint-Martin d’aujourd’hui. Seulement elle tenait par son côté gauche aux bâtiments adjacents à la Bastille, et se reliait ainsi à la vieille forteresse.

L’espace compris à droite entre la porte et l’hôtel de Bretagne était grand, sombre et boueux ; mais cet espace était peu fréquenté le jour, et tout à fait solitaire quand venait le soir, car les passants nocturnes semblaient s’être fait un chemin au plus près de la forteresse, afin de se placer en quelque sorte, dans ce temps où les rues étaient des coupe-gorge, où le guet était à peu près inconnu, sous la protection de la sentinelle du donjon, qui pouvait non pas les secourir, mais tout au moins par ses cris appeler à l’aide et effrayer les malfaiteurs.

Il va sans dire que les nuits d’hiver rendaient encore les passants plus prudents que les nuits d’été.

Celle pendant laquelle se passent les événements que nous avons déjà racontés et ceux qui vont suivre était si froide, si noire et si chargée de nuages sombres et bas, que nul n’eût aperçu, derrière les créneaux de la forteresse royale, cette bienheureuse sentinelle qui, de son côté, eût été fort empêchée de distinguer sur la place les gens qui passaient.

En avant de la porte Saint-Antoine, du côté de l’intérieur de la ville, aucune maison ne s’élevait, mais seulement de grandes murailles. Ces murailles étaient, à droite, celles de l’église Saint-Paul, et à gauche, celle de l’hôtel des Tournelles. C’est à l’extrémité de cet hôtel, du côté de la rue Sainte-Catherine, que la muraille faisait cet angle rentrant dont avait parlé Saint-Luc à Bussy.

Puis venait le pâté de maisons situées entre la rue de Jouy et la grande rue Saint-Antoine, laquelle avait, à cette époque, en face d’elle, la rue des Billettes et l’église Sainte-Catherine.

D’ailleurs, nulle lanterne n’éclairait toute la portion du vieux Paris que nous venons de décrire. Dans les nuits où la lune se chargeait d’illuminer la terre, on voyait se dresser, sombre, majestueuse et immobile, la gigantesque Bastille, qui se détachait en vigueur sur l’azur étoilé du ciel. Dans les nuits sombres, au contraire, on ne voyait là où elle était qu’un redoublement de ténèbres que trouait de place en place la pâle lumière de quelques fenêtres.

Pendant cette nuit, qui avait commencé par une gelée assez vive, et qui devait finir par une neige assez abondante, aucun passant ne faisait crier sous ses pas la terre gercée de cette espèce de chaussée aboutissant de la rue au faubourg, et que nous avons dit avoir été pratiquée par le prudent détour des promeneurs attardés. Mais, en revanche, un œil exercé eût pu distinguer, dans cet angle du mur des Tournelles, plusieurs ombres noires qui se remuaient assez pour prouver qu’elles appartenaient à de pauvres diables de corps humains fort embarrassés de conserver la chaleur naturelle que leur enlevait, de minute en minute, l’immobilité à laquelle ils semblaient s’être volontairement condamnés dans l’attente de quelque événement.

Cette sentinelle de la tour, qui ne pouvait, à cause de l’obscurité, voir sur la place, n’eût pas davantage pu entendre, tant elle était faite à voix basse, la conversation de ces ombres noires. Pourtant cette conversation ne manquait pas d’un certain intérêt.

– Cet enragé Bussy avait bien raison, disait une de ces ombres ; c’est une véritable nuit comme nous en avions à Varsovie, quand le roi Henri était roi de Pologne ; et, si cela continue, comme on nous l’a prédit, notre peau se fendra.

– Allons donc, Maugiron, tu te plains comme une femme, répondit une autre ombre. Il ne fait pas chaud, c’est vrai ; mais tire ton manteau sur tes yeux et mets les mains dans tes poches, tu ne t’apercevras plus du froid.

– En vérité, Schomberg, dit une troisième ombre, tu en parles fort à ton aise, et l’on voit bien que tu es Allemand. Quant à moi, mes lèvres saignent, et mes moustaches sont hérissées de glaçons.

– Moi, ce sont les mains, dit une quatrième voix. Sur ma parole, je parierais que je n’en ai plus.

– Que n’as-tu pris le manchon de ta maman, pauvre Quélus ? répondit Schomberg. Elle te l’eût prêté, cette chère femme, surtout si tu lui avais conté que c’était pour la débarrasser de son cher Bussy, qu’elle aime à peu près comme la peste.

– Eh ! mon Dieu ! ayez donc de la patience, dit une cinquième voix. Tout à l’heure vous vous plaindrez, j’en suis sûr, que vous avez trop chaud.

– Dieu t’entende, d’Épernon, fit Maugiron en battant la semelle.

– Ce n’est pas moi qui ai parlé, dit d’Épernon, c’est d’O. Moi, je me tais, de peur que mes paroles ne gèlent.

– Que dis-tu ? demanda Quélus à Maugiron.

– D’O disait, reprit Maugiron, que tout à l’heure nous aurions trop chaud, et je lui répondais : « Que Dieu t’ente