: Theophile Gautier
: 4 Livres
: Seltzer Books
: 9781455400133
: 1
: CHF 0.10
:
: Erzählende Literatur
: French
: 928
: DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: ePUB

Cette collection comprend: Comédie de la mort (1838), Mademoiselle de Maupin (1835), Ménagerie intime (1869) et Sacountala, un ballet (1858). Selon Wikipédia: 'Pierre Jules Théophile Gautier (30 août 1811 - 23 octobre 1872), poète, dramaturge, romancier, journaliste et critique littéraire français, défenseur ardent du romantisme, est difficile à classer et à classer. point de référence pour de nombreuses traditions littéraires ultérieures telles que le parnassianisme, le symbolisme, la décadence et le modernisme, il fut largement estimé par des écrivains aussi divers que Balzac, Baudelaire, les frères Goncourt, Flaubert et Oscar Wilde.

LA CHANSON DE MIGNON.


 

Ange de poésie, ô vierge blanche et blonde,

Tu me veux donc quitter et courir par le monde;

Toi, qui, voyant passer du seuil de la maison

Les nuages du soir sur le rouge horizon,

 

Contente d'admirer leurs beaux reflets de cuivre,

Ne t'es jamais surprise à les désirer suivre;

Toi, même au ciel d'été, par le jour le plus bleu,

Frileuse Cendrillon, tapie au coin du feu,

Quel grand désir te prend, ô ma folle hirondelle!

D'abandonner le nid et de déployer l'aile.

 

Ah! restons tous les deux près du foyer assis,

Restons, je te ferai, petite, des récits,

Des contes merveilleux, à tenir ton oreille

Ouverte avec ton oeil tout le temps de la veille.

 

Le vent râle et se plaint comme un agonisant;

Le dogue réveillé hurle au bruit du passant;

Il fait froid: c'est l'hiver; la grêle à grand bruit fouette

Les carreaux palpitants; la rauque girouette,

Comme un hibou criaille au bord du toit pointu.

Où veux-tu donc aller?

 

                       O mon maître, sais-tu,

La chanson que Mignon chante à Wilhem dans Goëthe:

 

«Ne la connais-tu pas la terre du poëte,

La terre du soleil où le citron mûrit,

Où l'orange aux tons d'or dans les feuilles sourit;

C'est là, maître, c'est là qu'il faut mourir et vivre,

C'est là qu'il faut aller, c'est là qu'il faut me suivre,

 

«Restons, enfant, restons: ce beau ciel toujours bleu,

Cette terre sans ombre et ce soleil de feu,

Brûleraient ta peau blanche et ta chair diaphane.

La pâle violette au vent d'été se fane;

Il lui faut la rosée et le gazon épais,

L'ombre de quelque saule, au bord d'un ruisseau frais.

C'est une fleur du nord, et telle est sa nature.

Fille du nord comme elle, ô frêle créature!

Que ferais-tu là-bas sur le sol étranger?

Ah! la patrie est belle et l'on perd à changer.

Crois-moi, garde ton rêve.

 

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