VIII Les massacrés
L’hôtel qu’habitait l’amiral était, comme nous l’avons dit, situé rue de Béthisy. C’était une grande maison s’élevant au fond d’une cour avec deux ailes en retour sur la rue. Un mur ouvert par une grande porte et par deux petites grilles donnait entrée dans cette cour.
Lorsque nos trois guisards atteignirent l’extrémité de la rue de Béthisy, qui fait suite à la rue des Fossés-Saint-Germain- l’Auxerrois, ils virent l’hôtel entouré de Suisses, de soldats et de bourgeois en armes; tous tenaient à la main droite ou des épées, ou des piques, ou des arquebuses, et quelques-uns, à la main gauche, des flambeaux qui répandaient sur cette scène un jour funèbre et vacillant, lequel, suivant le mouvement imprimé, s’épandait sur le pavé, montait le long des murailles ou flamboyait sur cette mer vivante où chaque arme jetait son éclair. Tout autour de l’hôtel et dans les rues Tirechappe, Étienne et Bertin-Poirée, l’oeuvre terrible s’accomplissait. De longs cris se faisaient entendre, la mousqueterie pétillait, et de temps en temps quelque malheureux, à moitié nu, pâle, ensanglanté, passait, bondissant comme un daim poursuivi, dans un cercle de lumière funèbre où semblait s’agiter un monde de démons.
En un instant, Coconnas, Ma