: François Höpflinger, Lucy Bayer-Oglesby, Andrea Zumbrunn
: La dépendance des personnes âgées et les soins de longue durée Scénarios actualisés pour la Suisse
: Hogrefe AG
: 9783456950433
: 1
: CHF 23.00
:
: Allgemeines
: French
: 136
: Wasserzeichen/DRM
: PC/MAC/eReader/Tablet
: PDF
Le nombre des personnes âgées va croître rapidement au cours des prochaines décennies en raison du vieillissement des générations à forte natalité de l'après-guerre. La hausse sera particulièrement marquée chez les 80 ans et plus parce que l'espérance de vie augmente aussi. Même si la santé des aînés évolue favorablement, un accroissement du nombre des personnes âgées dépendantes est par conséquent prévisible. En matière de dépendance, les démences vont poser des problèmes particuliers. Par ailleurs, le rapport entre soins informels et soins professionnels se modifie, en raison notamment des changements qui touchent la démographie familiale, de l'émergence de nouvelles exigences pour les professionnels des soins ou des progrès médico-sociaux. A partir des scénarios les plus récents de l'évolution de la population et de données nouvelles sur la santé des personnes âgées, les auteurs de cet ouvrage présentent et commentent des tendances importantes dans le domaine de la dépendance et des soins de longue durée: tendances démographiques, espérance de vie et évolution de la famille évolution de la dépendance des personnes âgées, vivant à domicile ou en institution scénarios pour estimer le nombre futur de personnes dépendantes en Suisse aide et soins informels: réseaux de soutien familiaux et extra-familiaux services d'aide et de soins à domicile; relation entre les soins professionnels et les soins informels prise en charge en institution la Suisse en comparaison européenne. Cette étude montre que l'augmentation du nombre des personnes âgées n'est pas le seul critère à considérer lorsque l'on se penche sur l'avenir des soins aux aînés. Des changements importants sont en effet en train de s'opérer, qui modifient le rapport entre prise en charge à domicile et prise en charge en institution, entre soutien informel et soutien professionnel.
Espérance de vie à un âge avancé : tendances et scénarios

Depuis la fin du 19e siècle, l’espérance de vie moyenne en Suisse a progressé de manière presque ininterrompue, passant d’un peu plus 40 ans (en 1876) à plus de 80 ans (2009 : 79,8 ans chez les hommes et 84,4 ans chez les femmes). Entre 1876 et 1950, elle s’est accrue de 4 à 5 mois en moyenne annuelle. De 1950 à 2000, la croissance a été un peu plus faible, se chiffrant à environ 3 mois par an (cf. Office fédéral de la statistique 2009a). La hausse de l’espérance de vie au cours des dernières décennies résulte essentiellement d’un recul des taux de mortalité chez les personnes arrivées à l’âge de la retraite. D’où une hausse sensible de l’espérance de vie des hommes et des femmes de 65 ans, qui pouvaient espérer en 2008 vivre en moyenne respectivement 19,0 ans et 22,2 ans.

L’âge au décès le plus fréquent (dit âge modal au décès) s’est aussi sensiblement élevé, passant de 70 à 84 chez les hommes et de 70 à 88 ans chez les femmes de 1876/80 à 2001/02. L’âge au décès le plus élevé a également augmenté depuis les années 1950. En Suisse, il est passé de 102 ans au cours de la période 1880–1920 à 104 ans en 1960 et il atteint à présent 110 ans, avec des valeurs supérieures chez les femmes à celles des hommes (cf. Robine, Paccaud 2005).

Tout en affichant toujours une espérance de vie moyenne plus faible que les femmes, les hommes ont continué de combler leur écart durant les dernières décennies : de 6,7 ans durant la période 1978/83, la différence a reculé à 4,6 ans en 2009. L’une des causes de ce recul est la mortalité due au cancer des poumons (liée au tabagisme), qui a augmenté chez les femmes alors qu’elle s’inscrivait à la baisse chez les hommes. Simultanément, les différences entre les sexes en matière de mortalité par accident et de taux de suicide se sont un peu réduites, même si les hommes continuent de présenter des risques sensiblement plus élevés. Quant à savoir si l’espérance de vie va encore augmenter, les avis sont partagés. D’un côté, il est possible que les progrès de la médecine, comme les développements sociaux – par exemple, le meilleur niveau de formation des nouvelles générations de personnes âgées – contribuent à une nouvelle hausse de l’espérance de vie. De l’autre, certaines tendances défavorables à la santé apparaissent, telles que l’augmentation des cas d’obésité (la cause possible, pour certains, d’une future baisse de l’espérance de vie). Il est aussi difficile de savoir si l’accroissement de l’espérance de vie à un âge très élevé ne se heurtera pas peu à peu à une limite supérieure de nature biologique. Dans ce contexte, il est important de savoir que, jusqu’à présent, la hausse de l’espérance de vie moyenne était due en premier lieu au fait qu’un nombre plus élevé d’individus atteignaient la durée de vie biologiquement possible. Les connaissances montrent que la durée de vie maximale de l’être humain n’a par contre guère évolué au cours du dernier millénaire (cf. Crews 1990).

Jusqu’à aujourd’hui, les calculs effectués pour déterminer la limite maximale de la durée de vie ou longévité (« maximal life-span ») ont donné des résultats divergents, mais les valeurs estimées n’ont cessé de progresser. A la fin des années 1970, les estimations donnaient une espérance de vie maximale de 80,3 ans pour les femmes et de 73,8 ans pour les hommes (Bourgeois-Pichat 1978). Au début des années 1990, Olshansky prévoyait une limite maximale de 82 ans pour les hommes et de 88 ans pour les femmes, compte tenu de l’évolution des taux de mortalité enregistrée jusque-là (Olshansky et al. 1990). Des travaux plus récents, se basant sur des études de jumeaux, partent en revanche de l’hypothèse d’une longévité de l’espèce humaine de 93–94 ans (cf. Yashin, Iachine 1997). Cette estimation présuppose toutefois que la constitution génético-biologique des êtres humains reste fondamentalement inchangée. Il est en réalité trop tôt pour dire si des développements de nature génético-biologique vont faire augmenter la longévité humaine (cf. Stuckelberger 2008).

On retiendra en tout cas que le vieillissement humain est un phénomène com plexe et multifactoriel et qu’il existe plusieurs théories à propos du vieillissement biologique (cf. Schachtschabel 2004). Des aspects importants de la sénescence humaine sont le résultat de divers processus cumulatifs, c’est-à-dire d’une accu mulation d’influences nocives. Ajouté à une diminution des capacités réplica tives, ce phénomène finit par conduire à la mort. Selon cette théorie, les taux de mortalité selon l’âge servent d’indicateur d
La dépendance des personnes âgées et les soins de longue durée1
Table des matières4
Résumé6
Introduction16
1 Evolutions démographiques18
1.1 Scénarios démographiques actuels pour la Suisse 18
1.2 Espérance de vie à un âge avancé : tendances et scénarios20
1.3 Démographie des familles et des ménages : prévisions23
2 Evolution des besoins de soins des personnes âgées30
2.1 Espérance de vie en bonne santé et espérance de vie sans incapacité30
2.2 La santé perçue : la dimension subjective34
2.3 Problèmes de santé des personnes âgées35
2.4 Limitations fonctionnelles chez les personnes âgées et très âgées vivant à domicile38
2.5 Fréquence des besoins d’aide et de soins des personnes âgées vivant à domicile42
2.6 Besoins de soins dans les établissements médico-sociaux48
3 Estimation des taux de soins des personnes âgées, selon le groupe d’âges et le sexe52
3.1 Scénarios de l’évolution du nombre de personnes âgées dépendantes56
3.2 Gros plan : fréquence des démences chez les personnes âgées59
4 Aide et soins informels : réseaux de soutien familiaux et extrafamiliaux64
4.1 Distinction entre prestations d’aide et prestations de soins64
4.2 Aide et soutien informels en cas de limitations pour des raisons de santé66
4.3 Soins informels à l’intérieur et à l’extérieur du ménage73
4.4 Facteurs de stress chez les soignants familiaux76
4.5 Gros plan : démences et aide informelle78
5 Prise en charge à domicile82
5.1 Services d’aide et de soins à domicile 82
5.2 Utilisation des prestations des services d’aide et de soins à domicile par les personnes âgées85
5.3 Relation entre aide et soins professionnels et aide et soins informels87
5.4 Logement accessible et logement protégé89
5.5 Gros plan : évolution des démences et services d’aide et de soins à domicile92
6 Prise en charge en institution94
6.1 Gros plan : conséquences de la progression des démences sur la prise en charge en institution98
7 Les soins aux personnes âgées : en Suisse et dans les autres pays européens102
8 Evolutions futures des soins aux personnes âgées – Tendances sur le plan qualitatif108
9 Conclusions118
Bibliographie121
Tableaux en annexe128